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Marins anglais libérés: la polémique

Les 15 marins britanniques lors de leur départ de Téhéran
Les 15 marins britanniques lors de leur départ de Téhéran
Deux des quinze membres de la Royal Navy qui ont passé treize jours dans les geôles iraniennes ont raconté lundi leur épreuve à la presse britannique. Ils en ont reçu l'autorisation du ministère de la Défense, déclanchant une vive polémique.

La décision prise samedi par le ministère a provoqué une
réaction consternée de la presse, de l'opposition et des familles
des soldats morts en Irak. Londres s'est justifié en estimant que
même sans son accord, «les récits qu'ils avaient à raconter se
seraient vraisemblablement propagés via leur famille ou leurs
amis».



Le ministère de la Défense a toutefois annoncé une révision des
règlements internes de l'armée de façon à interdire aux soldats de
commercialiser le récit de leurs déboires.

Obligée de se déhabiller

Faye Turney, la seule femme du groupe, a décrit au tabloïd «The
Sun» les railleries et menaces de mort qui ont alimenté ses treize
jours de captivité, au cours desquels ses ravisseurs l'ont obligée
à se déshabiller, lui ont menti et suggéré qu'elle ne reverrait
plus jamais sa fille de trois ans.



La jeune femme de 26 ans raconte qu'elle s'est entendu demander ce
que cela lui ferait de mourir pour son pays. Elle affirme avoir cru
un moment qu'on préparait son cercueil.

«Une terrible honte»

Avant même la parution des interviews, la mère d'un des quatre
soldats tués en Irak la semaine dernière a fait part de son
indignation. «Ce serait une terrible honte si l'un d'entre eux (les
marins) décidait de franchir réellement le cap et vendre leur
histoire», a déclaré Sally Veck au Times.



Les conservateurs ont exprimé leur inquiétude face à ces «marchés
indignes». Et le quotidien «The Independent» (gauche) s'est élevé
contre un «système qui n'accorde que des indemnités proches de zéro
pour quelqu'un tué en service commandé, mais autorise des
prisonniers libérés à gagner plusieurs fois leur salaire annuel (en
racontant) leur expérience.»

Guerre de propagande

Le «Sun» n'a pas indiqué combien il avait payé pour obtenir
l'interview de Fays Turney, mais le «Guardian» croit savoir qu'elle
a obtenu environ 200'000 dollars pour faire ses confidence au
journal à grand tirage et pour un autre entretien à la chaîne de
télévision ITV, soit trois fois sa solde annuelle.



Nombre de commentateurs font valoir que le gouvernement les
instrumentalise dans sa guerre de propagande contre l'Iran sans
nourrir plus de scrupules que celui-ci. William Hague, porte-parole
pour les Affaires étrangères des Tories, a déclaré qu'il
interpellerait le gouvernement à ce sujet aux Communes lors de la
réouverture de la session parlementaire le 16 avril.



Quant à l'ex-ministre de la Défense conservateur Michael
Heseltine, il a réclamé une enquête sur cette décision des
autorités d'autoriser les 15 militaires à monnayer leurs
confessions dans la presse.



agences/tac/ant

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Démenti de l'Iran par l'image

La télévision iranienne a diffusé lundi de nouvelles images des marins britanniques capturés par l'Iran où ils semblent détendus et bien traités.

Pour démontrer qu'ils n'avaient pas été maltraités, la chaîne satellitaire iranienne en langue arabe Al-Alam a montré des images de deux marins jouant au ping-pong et d'autres faisant une partie d'échecs.

D'autres images ont montré les marins regardant à la télévision un match de football entre les équipes anglaises de Liverpool et Arsenal, riant, assis en survêtement sur un tapis et piochant dans un plat de viande.

Les images diffusées lundi paraissent avoir été prises en même temps que des photos diffusées par l'agence semi-officielle Fars mardi dernier, la veille de l'annonce de la libération des marins par le président Mahmoud Ahmadinejad.

Cadeaux de pacotille

Arthur Batchelor, le plus jeune des marins capturés, a révélé lundi dans la presse la nature des cadeaux offerts par le président iranien Ahmadinejad après leur libération. Parmi les cadeaux reçus, figuraient 11 livres destinés à convertir le lecteur à l'islam, des CD et DVD reçus "qui ne marchaient pas" et des caramels à la pistache. Il s'est plaint que les Iraniens aient conservé son iPod d'une valeur de 380 fr. pour lui donner en retour "de la camelote", et que le costume fourni pour quitter le pays était bon marché, démodé et pas à sa taille.