Le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique a fait
cette annonce mardi. Un autre responsable avait laissé entendre
lundi que 3000 centrifugeuses seraient mises en place.
L'enrichissement industriel implique l'utilisation de dizaine de
milliers de centrifugeuses, fonctionnant en continu et sans
incident. Or les informations contradictoires émanant de Téhéran
depuis un an laissent penser que le chiffre de 3000 centrifugeuses
"n'est absolument pas crédible", selon un diplomate occidental en
Iran.
Craintes de bombe nucléaire
De son côté, la Russie, qui soutient l'Iran sur le dossier
nucléaire, a affirmé mardi ne pas détenir la preuve que Téhéran ait
réalisé une quelconque percée technologique susceptible de modifier
la nature des travaux d'enrichissement en cours dans ce pays.
La question du nombre est cruciale car une installation de 3000
centrifugeuses permet théoriquement d'obtenir, dans un délai de six
à douze mois, une quantité suffisante d'uranium hautement enrichi
pour une bombe nucléaire.
La Maison blanche a saisi au bond les déclarations des
responsables iraniens, les Etats-Unis se déclarant "très inquiets",
et appelant à exercer une "pression croissante" sur l'Iran. Pour sa
part, Londres y a vu "une nouvelle violation des résolutions de
l'AIEA et des Nations unies". L'Allemagne, qui préside actuellement
l'Union européenne, a elle fait part de sa "grande
préoccupation".
Inspection de l'AIEA
Parallèlement, deux inspecteurs de l'Agence internationale de
l'énergie atomique ont entamé mardi une visite de routine d'une
semaine à l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz, dans le
centre de l'Iran. Le Conseil de sécurité de l'ONU a déjà exigé la
suspension de l'enrichissement, infligeant à Téhéran des
sanctions.
Dans sa dernière résolution, le Conseil de sécurité a donné 60
jours, soit jusqu'au 23 mai à Téhéran pour se plier à son exigence.
Faute de quoi, il engagera de "nouvelles mesures appropriées"
contre la République islamique.
agences/boi
L'avis d'un expert suisse
A l'instar de nombreux observateurs internationaux, l'ex-ambassadeur de Suisse en Iran Tim Guldimann doute de la capacité annoncée de Téhéran d'enrichir de grandes quantités d'uranium.
On estime à 320 le nombre de centrifugeuses actuellement opérationnelles, précise-t-il mardi.
Quelque 300 autres sont peut-être raccordées, mais ne fonctionnent pas.
De plus, les experts pensent que les centrifugeuses ne peuvent tourner qu'environ cinq heures par jour en raison de problèmes techniques.
L'objectif des 50'000 centrifugeuses en activité semble donc très lointain, a conclu Tim Guldimann.