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L'exode irakien: notre série de reportages

Le chef de la mosquée de Genève et la présidentielle française
Chaque jour, plus d'un millier d'Irakiens fuient leur domicile
L'ampleur des violences en Irak a contraint 4 millions d'Irakiens à l'exil depuis la chute de Saddam Hussein en 2003. Le Journal propose une série de reportages de nos envoyés spéciaux en Jordanie et en Syrie, Olivier Kohler et Yves Dubois.

"Bagdad est devenu un champ de ruines aux mains des mafias et
des milices religieuses". Pour ce commerçant bagdadi (voir
l'interview dans le reportage ci-dessous)
, pas question
alors de rester dans la capitale. "C'est une question de vie ou de
mort de rester à Bagdad" nous explique Nada Doumani,
déléguée CICR en Irak
.



Face à ce déchaînement de violence, les Irakiens sont des milliers
à fuir chaque mois leur domicile. 1,8 millions s'exilent à
l'intérieur de leur propre pays. Ce sont les "IDP", les "personnes
déplacées internes". Loin de trouver l'eldorado, ils vivent dans
des conditions très précaires, dépendants d'une assistance
alimentaire irakienne, distribuée à 60% de la population.

De l'autre côté de la frontière

Certains Irakiens ont plus de chance, quand ils arrivent à
franchir la frontière. Deux millions ont trouvé refuge en Jordanie
et en Syrie. Ajoutés à une importante population de réfugiés
palestiniens, ils constituent, selon l'ONU, un fardeau énorme pour
Damas et Amman. Le ministre jordanien de l'Intérieur a demandé à la
communauté internationale d'aider son pays. Le grand nombre de
réfugiés affecte la situation socio-économique de ces deux pays. En
Syrie, les prix de l'immobilier ont été multipliés par deux ou
trois depuis 2003 dans certains quartiers (voir reportage
ci-contre). Les réfugiés sont tenus responsables de cette
inflation, entraînant le développement d'un fort sentiment
anti-irakien.

Cri d'alerte

Le HCR (l'agence des Nations Unies
pour les réfugiés), s'alarme aussi face aux 4 millions de déplacés,
soit près d'un Irakien sur huit. Selon le haut commissaire aux
réfugiés Antonio Guterres, le phénomène des réfugiés irakiens
constitue le plus grand déplacement de population au Proche et au
Moyen-Orient depuis celui des réfugiés palestiniens en 1948 (plus
de 2 millions de personnes).



Le HCR a estimé en janvier à 60 millions de dollars (73 millions
de francs suisses) l'aide nécessaire aux déplacés irakiens. Soit le
double de la somme dépensée en 2006. Pour l'heure, l'agence
onusienne n'a reçu que la moitié de ce montant. Mais il compte bien
lever des fonds ce mois encore. Il a invité 192 gouvernements, 65
organisations internationales et 60 organisations non
gouvernementales (ONG) a prendre part à une conférence humanitaire
internationale sur les déplacés irakiens, organisée les 17 et 18
avril à Genève.



Magali Rochat/tsrinfo

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En chiffres

50'000 Irakiens fuient leur foyer chaque mois

1,8 million sont déplacés à l'intérieur de l'Irak

2 millions ont fui à l'étranger, 730'000 rien que depuis les attentats de Samara en février 2006

1 million se trouve en Syrie

750'000 en Jordanie

150'000 en Egypte

40'000 au Liban

80'000 en Suède

700 Irakiens ont acquis le statut de réfugiés aux Etats-Unis depuis 2003

400 en Suisse en 2006, 200 en 2005

7000: le nombre de réfugiés irakiens que Washington a promis d'accueillir d'ici octobre 2007

15 millions d'Irakiens sont considérés comme extrêmement vulnérables

4 millions sont dépendants d'une assistance alimentaire

70% de la population n'a pas accès à l'eau potable

23% des enfants sont atteints de malnutrition chronique

50% de la population est au chômage

(source: ONU)