George Floyd est un peu le symbole de son temps. Il a grandi à Houston, à quelques blocs du centre-ville, dans une région marquée par les inégalités raciales et sociales. Le quartier s’appelle the Third Ward, le troisième quartier. La pauvreté et la drogue s’y côtoient.
Vivre comme ça dans ce qui reste de ce quartier, aujourd’hui, c’est comme revenir à l’esclavage.
Selon le journal local, la Houston Chronicle, il n'est pas rare le matin de retrouver le corps d'une personne tuée par balle la nuit précédente. Pour Travis, jeune homme de Houston, "George Floyd c'est le changement".
Harris connaissait George Floyd. Il vit sur un terrain sans électricité et sans eau courante de Huston. "Vivre comme ça dans ce qui reste de ce quartier, aujourd’hui, c’est comme revenir à l’esclavage. La mort de George Floyd doit amener du changement ", déclare-t-il. Si rien ne se passe, Harris craint ce que pourrait être "la prochaine étape".
Aujourd’hui le quartier ressemble surtout à un ghetto. George Floyd s’était d’ailleurs rendu à Minneapolis pour refaire sa vie. Il avait récemment perdu son travail à cause de la pandémie. Il incarne une Amérique silencieuse qui s'est subitement réveillée.
Une tribune politique
Les obsèques ont duré quatre heures et ont été retransmises en direct sur toutes les chaînes d'information américaines.
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Ses proches et amis, pour la plupart vêtus de blanc, se sont relayés au microphone de l'église Fountain of Praise pour louer un homme bon et réclamer que la justice soit rendue.
C’est le révérend Al Sharpton, figure de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis, qui a prononcé l'éloge funèbre. "Quand vous avez le plus haut niveau du gouvernement qui excuse les agissements de la police qui génère de la violence, la famille Floyd et nous-mêmes ne le tolérons pas, a-t-il déclamé.
Joe Biden qui avait rencontré la famille de Floyd lundi a publié une vidéo dans laquelle il annonce que l'heure de la justice raciale est venue aux Etats-Unis. Le probable candidat démocrate à la présidentielle de novembre n'a pas pris part aux funérailles.
>> Voir le débat entre Gérard Araud et Célia Belin "Le meurtre de George Floyd, un tremplin pour Joe Biden?" :
Raphaël Grand/gabc
Donald Trump montre toutes ses failles
Au coeur de l'actualité américaine de ces dernières semaines après la mort de George Floyd, la question raciale s'est logiquement invitée dans la campagne présidentielle. Interrogé dans La Matinale, le politologue Roberto de Primis estime que Donald Trump, président sortant, perd des points en cette période auprès des minorités et ce malgré la nomination mardi du général afro-américain Charles Brown comme plus haut gradé de l'US Air Force.
"Il y a quatre à six mois, j'aurais été beaucoup plus à l'aise pour dire que Donald Trump avait de l'intérêt pour les minorités et qu'une partie d'entre-elles allaient voter pour lui. Mais maintenant, on se rend compte qu'il y a un décalage, avec d'un côté Joe Biden qui est beaucoup plus connecté à la réalité et inversement une personne beaucoup plus déconnectée: Donald Trump", estime celui qui suit sa quatrième campagne présidentielle.
Durant son mandat, le 45e président des Etats-Unis a surtout mis en avant la bonne situation économique américaine et son leadership dans les rapports avec la Chine, explique Roberto de Primis, précisant toutefois que face à la question raciale et la crise sanitaire, Donald Trump "est un président en gestion du risque, loin de tout, et qui montre toutes ses failles".
Et quid de Joe Biden au plus fort de la crise? "Les Américains commencent à comprendre qu'ils ont face à eux un candidat qui parle très clairement. Le démocrate réutilise aussi un dicton de Ronald Reagan en 1980 lors de l'élection qui l'opposait au président sortant Jimmy Carter: 'Est-ce que vous vous trouvez mieux maintenant qu'il y a quatre ans quand Carter est arrivé au pouvoir?'. Après, on sait ce qu'il s'est passé", analyse le politologue. Et de conclure: "L'élection est encore longue. Je ne tue absolument pas le candidat républicain".
>> Ecouter l'inteview complète de Roberto de Primis dans La Matinale:"
jfav