L'attentat, survenu en dépit d'un plan de sécurité massif mis en
place il y a deux mois par les forces irakiennes et américaines
pour tenter de juguler les violences dans la capitale, a été
immédiatement condamné par Washington.
A l'heure du déjeuner
Selon l'armée américaine, l'attentat a fait huit morts et 23
blessés. D'après les services de sécurité irakiens, un employé et
deux députés ont été tués, dont un membre du Front irakien pour le
dialogue national, un parti sunnite qui contrôle 11 sièges sur 275
au Parlement. L'autre est un membre de l'Alliance Kurde, deuxième
groupe avec 53 députés.
La déflagration s'est produite à l'heure du déjeuner, au moment où
certains députés finissaient leur repas et d'autres discutaient
avec des journalistes, selon une source au sein des services de
sécurité. "Un kamikaze avec une ceinture explosive est entré dans
la cafétéria une valise à la main et s'est fait exploser", a-t-elle
ajouté.
Un garde du corps?
Un témoin, blessé dans l'attentat, a expliqué que le kamikaze
avait crié "Allah Akbar" (Dieu est grand) avant de se faire
exploser". La télévision en arabe al-Hurra, financée par les
Etats-Unis, faisait une interview au moment de l'explosion. On y
voit la déflagration suivie de bruits de vaisselle et de fenêtres
cassées. De la fumée blanche envahit rapidement toutes les pièces
du bâtiment.
Selon toute vraisemblance, l'auteur de l'attaque était un garde du
corps d'un des parlementaires. Un porte-parole militaire américain
n'a pas exclu que le réseau terroriste Al-Qaïda ait été derrière
l'attentat.
Condamnations unanimes
Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a qualifié
l'attentat de "crime odieux", estimant que les "terroristes veulent
faire avorter" le processus démocratique. De son côté, le président
du Parlement irakien Mahmoud Machhadani a convoqué les députés en
séance extraordinaire vendredi pour résister au "terrorisme".
A Washington, le président George W.Bush a "fortement condamné"
l'attentat suicide contre le "symbole de la démocratie" qu'est le
Parlement et a assuré le gouvernement irakien du soutien américain.
L'attaque a également été condamnée par la Ligue arabe, qui a
appelé les Irakiens à unir leurs efforts pour faire face à la
violence.
agences/boi
Au moins 16 morts
Ailleurs en Irak, 16 personnes ont perdu la vie jeudi.
Avant l'attaque du Parlement, 10 personnes ont été tuées dans un attentat suicide perpétré par un camion piégé sur l'un des plus anciens ponts enjambant le Tigre à Bagdad. Quatre voitures sont tombées dans le fleuve. Le pont en acier et béton s'est partiellement écroulé et est impraticable.
Ce pont est un axe majeur reliant l'est à l'ouest de Bagdad. Sa destruction va fortement perturber le trafic dans le nord de la capitale. Deux autres ponts sur le Tigre dans cette partie de la capitale ont été fermés pour raisons de sécurité et un troisième est jugé trop dangereux par nombre de Bagdadis.
Enfin, en périphérie de Kirkouk, six personnes ont été tuées et 21 blessées dans l'explosion d'un engin artisanal au passage de leur bus.
Une zone très protégée
La zone verte, qui comprend notamment les principales institutions irakiennes et l'ambassade américaine, est entourée de centaines de barrières de béton et l'accès n'y est normalement permis qu'après plusieurs fouilles.
Les attentats y sont relativement rares. En 2004, sept personnes avaient péri dans une attaque revendiquée par le réseau terroriste d'Al-Qaïda.
Le 23 mars, le vice-Premier ministre irakien Salam al-Zobaïe avait été gravement blessé dans un attentat suicide commis par un de ses gardes du corps dans un secteur protégé.