Depuis la chute du dictateur Kadhafi en 2011, la Libye est déchirée par la guerre. Elle est dirigée à l'ouest par le gouvernement de Tripoli, reconnu par l'ONU. À l'est, c'est le maréchal Haftar qui a le contrôle. Sa tentative de gagner du terrain, de conquérir la capitale par une grande offensive pendant plus d'un an a échoué. Il y a quelques jours, il a dû se replier.
Le gouvernement de Tripoli a repris le dessus grâce au soutien de la Turquie. En face, la Russie, l'Egypte, les Emirats Arabes Unis sont les principaux soutiens du maréchal Haftar. Ces pays appellent aujourd'hui à un cessez-le-feu.
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Tentative ratée
Les "parrains" d'Haftar veulent lui offrir une trêve diplomatique pour que ses forces puissent se redéployer et ainsi ne pas perdre la face.
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Mais cette option n'a été envisagée ni par le gouvernement triomphant de Tripoli, ni par le maréchal, pourtant affaibli. Le cessez-le-feu n'est toujours pas respecté.
Pour les Libyens, c'est difficile de revoir un Kadhafi bis au pouvoir aujourd'hui
Un homme qui cristallise les tensions
Le maréchal Haftar ne fait pas l'unanimité, ni en Libye, ni à l'étranger. "Pour les Libyens, c'est difficile de revoir un Kadhafi bis au pouvoir aujourd'hui", analyse Hasni Abidi. Il est affaibli politiquement et physiquement. Son avenir est derrière lui, il a plus de 76 ans, est atteint au niveau de sa santé. "Mais il veut quand même redorer l'image de son armée", explique l'expert.
Par ailleurs, "il agace les capitales occidentales". Il s'est illustré par beaucoup de retournements, de changements d'attitudes envers ses homologues européens. Selon Hasni Abidi, son affaiblissement représente une véritable opportunité pour la paix dans le pays.
"La pompe à essence de l'Europe"
L'intérêt pour la Libye ne cesse de croître. Les puissances étrangères y défendent leur sphère d'influence. Le pays possède également les premières réserves de gaz et de pétrole d'Afrique. Sa localisation proche de l'Europe l'a transformé en "pompe à essence de l'Europe".
L'Europe n'a toutefois pas une ligne diplomatique claire et tous les pays ne sont pas d'accord. L'attitude des Occidentaux est ambiguë. La France, par exemple, est "un soutien inconditionnel du maréchal Haftar", mais continue de reconnaître le gouvernement de Tripoli comme étant légitime.
S'il n'y a pas une reprise diplomatique, le risque de fragmentation de la Libye n'est pas à exclure
Pour les forces étrangères, "la Libye est devenue un terrain pour la guerre à distance par excellence", soutient Hasni Abidi. À l'heure actuelle, la Russie et la Turquie se positionnent comme des acteurs importants. Pour l'expert, "s'il n'y a pas une reprise diplomatique, le risque de fragmentation de la Libye n'est pas à exclure".
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Propos recueillis par Eric Guevera-Frey
Adaptation web par Gabriela Cabré