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Une campagne française très "Net"

Une télé sur le Net "pour passer les vidéos qu'on ne voit pas au 20 heures".
Une télé sur le Net "pour passer les vidéos qu'on ne voit pas au 20 heures".
Web-télés, blogs et autres sites participatifs: une manière de faire de la politique autrement. La présidentielle française en est la plus exemplaire démonstration. Les candidats l'ont bien compris, parfois à leurs dépens.

Une campagne électorale à la mode de grand-papa, cela consistait
à serrer des louches sur les marchés, embrasser les bébés joufflus
et avoir quelques extraits de ses meetings au 20 heures. Une façon
de faire pas totalement dépassée, mais certainement plus
suffisante. A la suite des Etats-Unis, la présidentielle française
aura été sinon le lieu de l'éclosion du moins celui de l'explosion
de la politique sur Internet. (Voir le reportage
ci-dessous)

Les Web-télés

La campagne 2007 a été celle de l'avènement des télévisions sur
Internet. Leur credo: un traitement décalé, plus libre et surtout
plus impertinent.



Parmi les plus connus, le JT2zero . Après dix ans de "Vrai
journal" sur Canal Plus, le trublion du paysage audiovisuel
français Karl Zéro s'est recyclé sur Internet. Il propose chaque
soir son journal. Son slogan: "le poids du buzz, le choc du off" ou
encore "une autre télé est possible".

LaTéléLibre.fr , comme son nom
l'indique, cherche elle aussi à se débarrasser des carcans. A
l'origine du projet: John Paul Lepers, un ancien journaliste au
"Vrai Journal". Dans le quotidien Libération, il explique qu'il en
a "marre du formatage, des séquences courtes, sans creux, sans vie
en fait".

Les Web-télés
se sont même payées le luxe de diffuser le scoop du jour à
plusieurs reprises, au nez et à la barbe des médias
traditionnels.



Les candidats, de leur côté, ne peuvent pas tout contrôler. Et
chacun d'eux a eu droit à sa casserole diffusée sur Internet.

Les casseroles

Pour François Bayrou, pas de véritables casseroles mais
"l'affaire Duhamel" . Soit
l'éditorialiste Alain Duhamel privé d'antenne pour avoir avoué sa
préférence au candidat centriste lors d'une conférence à Sciences
Po Paris. Une vidéo visible sur le site Youtube.



Ségolène Royal, elle, s'est attirée les foudres du corps
enseignant en proposant que les professeurs fassent 35 heures de présence à l'école . Elle avait lancée
cette idée lors d'une discussion avec des militants PS en janvier
2006 à Angers. Un "off" qui s'est retrouvé sur la plateforme de
partage Dailymotion quelques mois plus tard.

Une manifestation anti-Front National sur l'univers virtuel de Second Life
Une manifestation anti-Front National sur l'univers virtuel de Second Life

Nicolas Sarkozy n'échappe
pas à la règle. Dans son cas, c'est sa porte-parole Rachida Dati
qui s'est fait piégée. Croyant que la caméra ne filmait pas, elle
s'est présentée comme la future "Ministre de la rénovation urbaine à coup de Kärcher" . Là
encore, la vidéo s'est retrouvée sur le site de
LaTéléLibre.fr.



Quant au FN de Jean-Marie Le Pen, il a été le premier à ouvrir un
bureau dans Second Life. Résultat: une confrontation bien réelle
entre anti et pro-FN dans un environnement virtuel.

Liberté

Quoi qu'il en soit, Internet a beaucoup d'avantages pour un
politique en campagne. Sur la Toile, pas de CSA, pas de temps de
parole et autres contingences limitatives. Ces derniers jours, le
Web a bruissé d'un possible débat entre candidats avant le premier tour . Un débat qui aurait eu
lieu non pas sur TF1 ou France Télévision, mais bien sur le
Net.

Site de campagne

Ainsi, chacun des 12 candidats a son site internet plus ou moins
développé.



Ségolène Royal a dès le départ misé sur le web avec son site
participatif Desirsdavenir.org . Un lieu où les
électeurs sont invités à apporter leur contribution au débat et à
faire remonter leurs idées.



Sur Sarkozy.fr , le candidat de l'UMP
s'est offert la NSTV. Soit sa Web-télé personnelle qui propose
sujets d'actualité, questions-réponses, interviews de militants.
(Voir reportage ci-dessus)



Quant à François Bayrou, autoproclamé "candidat de l'Internet", il
qualifie son site Bayrou.fr de coopératif, "presque
du wiki". Car il veut que "tout citoyen, tout internaute qui le
souhaite puisse apporter sa brique et prendre sa part à
l'édification d'un programme" (Lire l'interview de François Bayrou
accordée au site 01net sur sa stratégie web)
.

Dernière preuve de l'importance d'Internet dans cette campagne:
alors que les médias traditionnels sont contraints à attendre 20
heures et la fermeture des bureaux de vote pour donner les
résultats du premier tour, Jean-Marc Morandini a déjà annoncé qu'il
sortirait l'info bien avant sur son blog...



Marion Faliu/tsrinfo

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Dans les blogs

Recensement du nombre de citations des candidats dans les blogs francophones à 5 jours du premier tour.

Ségolène Royal: 71'878

Nicolas Sarkozy: 70'272

François Bayrou: 30'312

Jean-Marie Le Pen: 14'580

José Bové: 8'007

Dominique Voynet: 6'214

Philippe de Villiers: 6'032

Olivier Besancenot: 5'158

Arlette Laguiller: 3'589

Marie-Georges Buffet: 1'834

Frédéric Nihous: 1'632

Gérard Schivardi: 1'433

(Source: technorati)

La Suisse internaute

Le marché du net est loin d'être saturé en Suisse. C'est l'une des conclusions tirées des résultats annuels de Mediapulse, la SA pour la recherche sur les médias.
La population internaute est en constante augmentation depuis 5 ans (hausse de 21% depuis 2001).
72% de la population de 15 ans et plus utilise Internet au moins une fois par trimestre.
En 2006, 67% de la population surfait sur la Toile à la maison.