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Malgré la pandémie, Vladimir Poutine défend sa réforme constitutionnelle

En Russie, Vladimir Poutine profite de la fête nationale pour refaire surface malgré la crise du Covid-19.
En Russie, Vladimir Poutine profite de la fête nationale pour refaire surface malgré la crise du Covid-19. / 19h30 / 2 min. / le 12 juin 2020
Critiqué pour sa gestion de la crise du Covid-19, affaibli par la récession économique, Vladimir Poutine défend une réforme de la Constitution qui devrait lui permettre d’accomplir deux mandats supplémentaires.

Après des semaines de confinement, Vladimir Poutine, qui s’était fait plutôt discret depuis le début de la crise sanitaire, se limitant à communiquer depuis sa résidence officielle, est réapparu vendredi en public à Moscou à l'occasion de la grande fête nationale russe. Souriant, détendu et ne portant pas le masque, le président russe est venu défendre sur la Place Rouge la grande réforme constitutionnelle soumise à référendum le 1er juillet prochain.

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Cette réforme, la première depuis 1993, se veut le reflet des valeurs de la Russie profonde : la "foi en Dieu" et le mariage comme une "union entre un homme et une femme". Elle devrait permettre au maître du Kremlin de briguer deux mandats supplémentaires et de rester théoriquement au pouvoir jusqu’en 2036. "Je suis sûr qu'une majorité absolue de nos citoyens partage et soutient ces positions", a déclaré le président russe sous un soleil de plomb.

Les chiffres officiels sur le Covid interpellent

Troisième pays le plus touché au monde après les États-Unis et le Brésil, la Russie a dépassé cette semaine la barre du demi-million de cas de Covid-19. Selon les chiffres officiels, 511'423 personnes contaminées pour seulement 6715 morts. Dans les régions les plus touchées, ces chiffres interpellent. Des voix s'élèvent contre la méthode de comptage des autorités qui ne prennent pas en compte les malades du Covid décédés d’autres pathologies.

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Responsable de l’ONG Moniteur du patient, Ziaoutdine Ouvaïssov dénonçait déjà le mois passé la situation dans la république caucasienne du Daghestan, très touchée par l'épidémie: "Si une personne est testée positive, elle est enregistrée comme patient Covid. Et si elle meurt, elle meurt du coronavirus. Mais un malade non testé est compté comme patient mort de pneumonie. À mon avis, cette approche est incorrecte!"

Autre fait troublant, si on compare la mortalité mesurée au mois de mai par rapport à celle de ces trois dernières années, on constate, pour la seule ville de Moscou, une augmentation de près de 60%, d'après les chiffres de la municipalité.

Des voix critiques s’élèvent

La crise du coronavirus a mis en lumière les lacunes du système de santé russe, hérité de l'époque soviétique. Dès le début de la crise, des soignants ont critiqué la vétusté des hôpitaux et le manque de protections à disposition. "En vingt ans de présidence de Vladimir Poutine, le budget alloué à la santé a baissé de moitié. On a perdu des lits, des médecins, des hôpitaux", avait dénoncé Elena Kolesnik, infirmière et membre du syndicat Alliance des médecins.

Face aux critiques, Sergueï Sobianine, le maire de Moscou, a publié cette semaine des données plus complètes: "Pour le mois de mai, nous avons compté à la fois les personnes pour lesquelles le coronavirus a été confirmé par test et celles dont le profil de la maladie était clair. Nous l'avons fait conformément aux recommandations de l'OMS."

Crise économique

Annoncé début juin par Vladimir Poutine, le plan de relance économique de 65 millions d'euros paraît dérisoire en comparaison avec les politiques de relance engagées par l’Union européenne. Et un vent de mécontentement semble aujourd’hui souffler sur la Russie. Critique de la gestion de la pandémie et insatisfaction de nombreux Russes quant à la diminution de leur pouvoir d'achat.

Avec la crise économique post-Covid, la Russie de Vladimir Poutine entre dans l’incertitude et de potentielles zones de turbulences. La chute vertigineuse du cours du pétrole a plombé une croissance déjà à la peine et aggravé des indicateurs conjoncturels qui ont viré au rouge. Rien qu’au deuxième trimestre 2020, le PIB a connu une contraction de près de 10%.

Olivier Kohler/asch

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