Après avoir reçu le soutien de l'ancien président centriste
Valéry Giscard d'Estaing, Nicolas Sarkozy a fait monter au créneau
de nombreuses autres figures centristes lors d'un meeting mercredi
soir en région parisienne. Principale cible: François Bayrou. «Je
l'ai connu de droite, il est de gauche. Mais il faut qu'il
prévienne ses électeurs, il a changé si vite», a raillé le candidat
de droite. Seul ministre centriste du gouvernement sortant, Gilles
de Robien a accusé François Bayrou «d'imposture» et de vouloir
créer un «Parti socialiste élargi».
Même scénario du côté du Parti socialiste. Le leader de la
formation François Hollande - le compagnon de Ségolène Royal - a
estimé jeudi que «la posture» de François Bayrou «frise
l'imposture». Selon les observateurs, le principal intéressé a
réussi une démonstration de force mercredi soir à Paris en
réunissant 17'000 personnes lors de son dernier grand meeting.
François Bayrou s'est dit «résolu» à «arracher le pouvoir» aux deux
«forteresses» de gauche et de droite. Il leur a promis une «douche
froide».
Les indécis courtisés
A la veille de l'élection du successeur de Jacques Chirac à
l'Elysée, l'incertitude concerne surtout le score de François
Bayrou, en position d'attirer les votes des déçus des deux favoris
des enquêtes d'opinion. Le centriste est crédité de 17 à 19 % des
voix, avec une remontée dans certaines enquêtes récentes, derrière
Ségolène Royal (23 à 26 %) et Nicolas Sarkozy (27 à 30 %). Mais
près d'un tiers des électeurs disent pouvoir encore changer
d'avis.
C'est en pensant à ces millions de gens que les candidats tenaient
leurs dernières réunions jeudi: Nicolas Sarkozy à Marseille,
Ségolène Royal à Toulouse, François Bayrou dans son fief de Pau et
le leader d'extrême droite Jean-Marie Le Pen à Nice.
Le Pen attaque à nouveau Sarkozy
A quelques heures de ce dernier round, la candidate socialiste,
qui a reçu jeudi le soutien de 100 associations de quartiers,
particulièrement présentes dans les banlieues à forte population
immigrée, s'en est prise à Nicolas Sarkozy. Elle a une nouvelle
fois évoqué le «risque de fracture sociale et républicaine» si
l'ancien ministre de l'intérieur était élu.
Nicolas Sarkozy a également été la cible de choix de Jean-Marie Le
Pen. Le leader de l'extrême droite accuse le candidat de l'UMP de
chercher à capter son électorat. Se défendant de tirer la campagne
vers le bas, le candidat du FN a multiplié au cours des dernières
heures les flèches et allusions sur les origines hongroises de
Nicolas Sarkozy, ses «sympathies pro-américaines et
pro-juives».
agences/jab
Sarkozy le plus «market friendly»
Malgré la grande incertitude sur l'issue du scrutin à trois jours du premier tour, la Bourse de Paris évolue actuellement à ses plus hauts niveaux en six ans. Cette absence de réaction ne veut pas dire désintérêt. Plusieurs acteurs du marché ont décortiqué les programmes des trois principaux candidats.
Barclays Capital a élaboré un indice qui mesure le libéralisme économique des prétendants à l'Elysée. Nicolas Sarkozy est le plus «pro-marché» des trois candidats en tête des sondages. François Bayrou arrive derrière tandis que Ségolène Royal est la moins «market friendly».
Polémique sur un «parachute doré»
La polémique sur les indemnités de départ de Noël Forgeard du groupe EADS marque également la dernière ligne droite de la campagne pour le 1er tour de la présidentielle. L'ancien co-président exécutif de la maison mère d'Airbus a perçu 8,2 millions d'euros comme «parachute doré», ce qui a choqué nombre de Français.
Après le démenti du ministère de l'Economie et des Finances concernant une éventuelle intervention du ministre Thierry Breton pour obliger EADS à verser cette somme, Ségolène Royal a mis en doute la sincérité de Nicolas Sarkozy - qui vient de quitter le gouvernement dans cette affaire.
François Bayrou a estimé que Thierry Breton devait démissionner s'il s'avérait qu'il était intervenu en faveur de Noël Forgeard. Face à l'ampleur des accusation, le ministre lui-même a apporté un démenti.