Donald Trump face à Joe Biden, portrait croisé de deux candidats que tout oppose
Grand Format
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afp - Saul Loeb et Ronda Churchill
Introduction
Le 3 novembre prochain, l'élection présidentielle américaine verra s'affronter deux personnalités que presque tout oppose, avec pour seuls points communs le fait qu'ils sont des hommes blancs d'un âge déjà avancé et issus d'une classe aisée.
Mais pour le reste, il est difficile d'être aussi différents que le président sortant Donald Trump, volubile et extravagant, et l'ancien vice-président Joe Biden, discret et gaffeur. Le portrait des deux hommes.
Chapitre 1
Les deux candidats en bref
Nom: Donald John Trump
Age: 74 ans. Né le 14 juin 1946 à New York, dans une famille de cinq enfants.
Statut civil: marié depuis 2005 à Melania Trump, née Knauss. Deux anciennes conjointes: Ivana Zelničková (1977-1992)et Marla Maples (1993-1999).
Enfant(s): cinq, trois garçons et deux filles, Donald Jr (1977), Ivanka (1981), Eric (1984) avec Ivana, Tiffany (1993) avec Marla et Barron (2006) avec Melania.
Parti: républicain
Religion: protestant presbytérien
Parcours professionnel: études d'économie puis homme d'affaires, magnat de l'immobilier et animateur TV.
Fonction politique: président des Etats-Unis depuis 2017
Nom: Joseph Robinette Biden, dit Joe Biden
Age: 77 ans. Né le 20 novembre 1942 à Scranton, Pennsylvanie, dans une famille de quatre enfants.
Statut civil: marié depuis 1977 avec Jill Tracy Jacobs. Ancienne conjointe: Neilia Hunter, décédée dans un accident de voiture en 1972.
Enfant(s): quatre, deux garçons et deux filles, Beau (1969-2015, décédé d'un cancer), Hunter (1970), Naomi Christina (1971-1972, décédée en même temps que sa mère) et Ashley (1981)
Parti: démocrate
Religion: catholique
Parcours professionnel: diplômé en droit à la faculté de l'université de Syracuse en 1968, puis avocat et professeur de droit à Wilmington.
Fonction politique: sénateur du Delaware entre 1973 et 2009, vice-président entre 2009 et 2017.
>> Le podcast de la RTS consacré à la présidentielle américaine : Washington dʹici
Fils d'un promoteur immobilier, Donald Trump a grandi dans le quartier new-yorkais du Queens. Inscrit à l'Université de Pennsylvanie, il suit un cursus spécialisé dans l'immobilier et obtient un diplôme en 1968.
Pendant ses études, il travaille dans l'entreprise familiale Elizabeth Trump & Son, qui porte le nom de sa grand-mère et qu'il renommera plus tard The Trump Organization. A 25 ans, il apprend le métier aux côtés de son père, puis hérite d'une partie de sa fortune et devient rapidement un habile promoteur immobilier, se concentrant tout d'abord sur le quartier de Manhattan.
Connu pour son flair et son audace dans le milieu, Donald Trump se construit peu à peu un empire en acquérant des bâtiments prestigieux et des gratte-ciel, mais aussi des golfs, des hôtels et des casinos. Il investit également dans le sport, dans les médias et les concours de beauté. Son nom apparaît sur de nombreuses façades même s'il n'est quasiment propriétaire d'aucun immeuble. Il les construit, les vend, puis loue son nom aux acquéreurs.
Celui qui devient progressivement un milliardaire a installé son entreprise dans la Trump Tower, une prestigieuse tour qu'il a faite construire au coeur de New York et qui devient le symbole de sa puissance. Il réside en partie dans un luxueux appartement à son sommet. Forbes estimait en 2015 sa fortune à plus de 4 milliards de francs.
Le magnat s'est aussi longtemps acharné à vouloir ouvrir des hôtels-casinos à Atlantic City, mais le succès ne vient pas et il y fait faillite quatre fois, entraînant dans sa chute des petits investisseurs et des entrepreneurs qui ne seront jamais payés. Aujourd'hui, Donald Trump se félicite d'avoir su faire faillite au bon moment, assurant avoir quitté la ville du jeu avant qu'elle ne fasse naufrage.
Dès 2004, Donald Trump n'est plus seulement un homme d'affaires inaccessible, puisqu'il entre dans les foyers américains en devenant l'animateur star de l'émission de télé-réalité "The Apprentice", dans laquelle les candidats sont peu à peu éliminés jusqu'à la consécration pour l'un d'eux: un emploi dans l'empire Trump.
Nous allons rendre à l'Amérique sa force. Nous allons rendre à l'Amérique sa fierté. Nous allons rendre à l'Amérique sa sécurité. Et nous allons rendre à l'Amérique sa grandeur.
Au niveau politique, ce n'est que dans les années 80 qu'il commence à s'engager véritablement sans vraiment savoir dans quel camp. Il s'affilie tout d'abord au Parti démocrate jusqu'en 1987, puis au Parti républicain jusqu'en 1999 avant de rejoindre le Parti de la réforme. Revenu dans le camp démocrate de 2001 à 2009, quand il s'oppose à George W.Bush et à la guerre en Irak, il repasse ensuite chez les républicains, parce qu'il met en doute la politique de Barack Obama.
Donald Trump a songé à plusieurs reprises à se lancer dans la course à l'investiture. En 2000, alors qu'il a adhéré au Parti de la réforme, il est tout prêt de le faire, mais il n'est crédité que de moins de 10% des intentions de vote et il renonce.
En 2015, le milliardaire franchit le pas et annonce sa candidature aux primaires républicaines. Immédiatement, sa posture de sauveur d'une Amérique à la dérive et son slogan "Make America Great Again" séduisent les Américains. L'establishment du "Grand Old Party" tente de rejeter ce candidat ovni, mais Donald Trump ne se démonte pas et, à coups de discours combatifs et d'un usage immodéré des réseaux sociaux, il remporte la primaire du parti.
Ce coup de tonnerre politique ne reste pas sans suite, puisque plusieurs leaders républicains rejettent cette nomination. Les ex-présidents George H.W.Bush et George W.Bush annoncent ainsi qu'ils ne le soutiendront pas.
Si nombre d'observateurs qualifient son discours de populiste, nationaliste et climato-sceptique, si nombre d'experts affirment qu'il ne cesse de distiller des contre-vérités, si les médias ne le soutiennent pas et si on le dit perdant des débats pré-électoraux, le républicain voit néanmoins sa cote de popularité augmenter face à son adversaire démocrate Hillary Clinton. Et Donald Trump finit par remporter le scrutin du 8 novembre 2016, grâce à un nombre supérieur de grands électeurs et malgré un nombre de voix inférieur à Hillary Clinton.
Entre des accusations de collusion et d'entrave à la justice, ce premier mandat de quatre ans n'a de loin pas été de tout repos pour Donald Trump, mais celui-ci ne s'est jamais démonté, est resté fidèle à sa ligne et a constamment contrecarré toute forme de critiques. Aux médias, il a assené des "Fake news" à la moindre information contraire à sa position. Et il a réduit tous ses détracteurs au silence via des tweets incendiaires. Et son entourage, ministres ou conseillers, a constamment changé au rythme des désaccords entre ceux-ci et le président.
Mon compte Twitter est devenu tellement puissant que je peux forcer mes ennemis à dire la vérité
Et s'il a opéré un virage protectionniste sur le plan international, avec notamment une inlassable guerre commerciale avec la Chine et un retrait de l'accord de Paris sur le climat, sa politique intérieure est louée par certains et le président affirme régulièrement avoir le meilleur bilan économique de l'histoire américaine, avec par exemple un chômage au plus bas en cinquante ans.
Fort de ce bilan et après avoir vaincu une procédure de destitution, Donald Trump s'est lancé dans la quête d'un nouveau mandat avec pour slogan "Keep America great!" ("Gardons sa grandeur à l'Amérique!"), toujours avec l'actuel vice-président Mike Pence comme colistier. Mais la pandémie de Covid-19 et l'affaire George Floyd pourraient freiner sa course vers une réélection.
Chapitre 3
Joe Biden, l'éternel revenant
Keystone - AP/Matt Rourke
Né dans une famille sans histoire avec un père vendeur de voitures, le jeune Joe Biden, qui a dû combattre le bégaiement durant sa scolarité, s'est vite dit impressionné par l'éloquence et les convictions d'hommes s'évertuant de changer son pays, à l'image de Martin Luther King et John Fitzgerald Kennedy.
Mais avant d'être politique, son histoire est tout d'abord celle d'une tragédie. Connu pour sa bonhomie au quotidien, le démocrate n'en a pas moins vécu un drame familial tragique il y a quatre décennies.
Juste avant Noël 1972, sa femme et sa fille de 13 mois sont tuées dans un accident de voiture, percutées par un chauffard ivre. Ses deux fils sont grièvement blessés. Il les élève ensuite seul puis se remarie en 1977, avant d'avoir une nouvelle fille.
Pour la première fois de ma vie, j'ai compris comment quelqu'un pouvait consciemment décider de se suicider
Ce deuil intervient alors que Joe Biden, jeune père de famille âgé de 30 ans, vient de se tourner vers la politique, au sein du Parti démocrate, et a été élu un mois auparavant sénateur du Delaware, devenant alors le cinquième plus jeune représentant de la Chambre haute.
Miné par le chagrin, Joe Biden s'investit dans la politique et, durant les premiers mois, il fait la navette entre Washington et la chambre d'hôpital de ses fils. Il est ensuite réélu au Sénat à six reprises, jusqu'à céder son poste en accédant à la vice-présidence en 2008.
Avant 2020, Joe Biden a déjà tenté à deux reprises de conquérir la Maison Blanche. En 1988, il espère devenir le candidat démocrate, mais l'équipe de son adversaire Mike Dukakis révèle un scandale de plagiat - il a repris le discours d'un leader travailliste anglais lors de sa campagne électorale - et il doit jeter l'éponge. Il a ensuite refusé à plusieurs reprises de se lancer dans les primaires malgré les sollicitations.
Au fil des ans, sachant ce que j'ai dû affronter, j'ai constaté que des dizaines, sinon des centaines de personnes sont venues vers moi pour chercher du réconfort
En 2008 toutefois, il repart au combat, mais se heurte à deux candidats plus forts que lui, Hillary Clinton et Barack Obama. Après avoir été désigné candidat du parti, le second le choisit pour figurer sur son ticket et l'assoit sur le fauteuil de vice-président.
Discret dans sa fonction, dans l'ombre d'un Obama omniprésent dans les médias, Joe Biden n'en a pas moins noué une relation de confiance avec le président. Et c'est très logiquement qu'il est à nouveau choisi pour un deuxième mandat de vice-président à l'issue de la présidentielle de 2012. Et ce deuxième mandat est similaire au premier, dans l'ombre du président.
En 2016, à nouveau meurtri par le récent décès de son fils Beau d'un cancer du cerveau, il renonce à se lancer dans la course, laissant ce soin à Hillary Clinton, qui sera finalement battue par Donald Trump.
En 2020, Joe Biden est bien décidé à saisir sa chance, en étant pour la première fois investi candidat de son parti pour le jour J. Si certains disent qu'il est un candidat par défaut, faute d'autres représentants de valeur dans son parti, il n'en a pas moins écarté l'influent sénateur Bernie Sanders de sa route vers l'investiture. D'autres critiquent aussi son âge et son côté gaffeur, notamment en interview.
Populaire auprès de la base démocrate, notamment chez les électeurs plus âgés et les plus modérés, Joe Biden a su fédérer tout le camp démocrate ou presque autour de sa candidature. Mais alors que Donald Trump a pu prendre souvent la parole durant la pandémie de coronavirus en tant que président, le candidat démocrate s'est lui terré dans son sous-sol, où il avait installé un studio d'enregistrement pour ses interventions.
La pandémie de coronavirus et la mort de l'Afro-Américain George Floyd durant une intervention policière pourraient paradoxalement servir les desseins de l'ancien vice-président. Donald Trump est en effet très critiqué pour la gestion de ces crises et Joe Biden est pour l'heure en tête dans les sondages.
Mi-août, Joe Biden a choisi Kamala Harris comme colistière. La sénatrice de 55 ans est ainsi devenue la première femme noire sur un ticket présidentiel dans l'histoire des Etats-Unis.
Melania Trump, épouse de Donald Trump: "Je suis fière de tout ce que mon mari, cette administration et toute notre famille ont fait au nom du peuple américain en si peu de temps. Il aime vraiment ce pays et continuera de travailler en votre nom aussi longtemps qu'il le pourra."
Ivanka Trump, fille de Donald Trump: "Quand je suis en désaccord avec mon père, il le sait."
Eric Trump, fils de Donald Trump: "Nous sommes tous si fier de toi."
Mike Pence, vice-président: "Plus d'Américains travaillent aujourd'hui que jamais grâce à Trump. Nous avons besoin de quatre années supplémentaires du président Donald Trump à la Maison Blanche."
Mike Pompeo, secrétaire d'Etat: "Je suis fier de servir sous votre solide leadership et je vous souhaite force et courage pour continuer à diriger cette grande nation."
Mike Meadows, chef de cabinet de la Maison Blanche: "Un faible taux de chômage record, sept millions de nouveaux emplois, une hausse des salaires, une défense reconstruite, des terroristes éliminés, une amélioration de la sécurité aux frontières, de nouveaux accords commerciaux "America First", des juges originalistes. Et bien plus, un grand merci au président Donald Trump."
Kevin McCarthy, chef de file des républicains à la Chambre des représentants: "N'est-ce pas grand d'avoir un président qui respecte ses promesses? Le président a respecté tellement de promesses qu'il aime me dire qu'il en a respectées davantage qu'il n'en a faites."
CEUX QUI CRITIQUENT TRUMP
Joe Biden, candidat à la présidentielle: "C'est un parfait crétin."
Bernie Sanders, ancien candidat à l'investiture démocrate: "Le plus dangereux président de l'histoire moderne de ce pays."
Michael Bloomberg, ancien candidat à l'investiture démocrate: "Nous connaissons beaucoup de personnes en commun à New York. Derrière votre dos, ils se rient de vous et vous traitent de clown de foire."
Colin Powell, ancien secrétaire d'Etat de George W.Bush: "Il ment tout le temps."
Jim Mattis, ancien ministre de la Défense de Donald Trump: "Donald Trump est le premier président qui n'essaye pas de rassembler les Américains."
Joe l'endormi ne peut pas nous amener vers la grandeur
CEUX QUI SOUTIENNENT BIDEN
Jill Biden, l'épouse de Joe Biden: "Je pense que Joe est le mieux qualifié, qu'il sera prêt dès le premier jour. Il sera un commandant en chef solide, il connaît le travail, il a de l'expérience."
Ashley Biden, la fille de Joe Biden: "Je pense qu'il fera un fantastique président, exactement ce dont le pays a besoin."
Barack Obama, ancien président des Etats-Unis: "Avoir choisi Joe pour qu'il soit mon vice-président a été l'une des meilleures décisions que j'aie jamais prises et il est devenu un ami proche. Je crois que Joe a toutes les qualités que nous voulons voir maintenant dans un président, il a le tempérament et l'expérience pour nous guider à travers certaines de nos heures les plus sombres et nous guérir au cours d'un long rétablissement."
Hillary Clinton, candidate à la présidence en 2016: "J'ai vu Joe rassembler les gens. Nous avons beaucoup de valeurs en commun, la même éthique de travail, la même croyance en l'Amérique, le même intérêt porté à la famille. Nous avons besoin d'un leader, un président, comme Joe Biden."
Bernie Sanders, ancien candidat à l'investiture démocrate: "Je ferai tout mon possible pour aider à élire Joe. Nous ne sommes pas d'accord sur tous les sujets, mais maintenant mon travail est non seulement de rallier mes partisans, mais de faire tout ce que je peux pour rassembler le parti pour que Trump ne soit pas élu."
Bill Bradley, ancien sénateur démocrate et ami de Joe Biden: "Joe est Joe, il n'y pas d'artifice."
Steve Israel, ex-représentant démocrate de New York: "Pour beaucoup de politiciens, l'empathie est une stratégie. Pour Joe Biden, c'est une seconde nature."
CEUX QUI CRITIQUENT BIDEN
Donald Trump, président des Etats-Unis: "Joe l'endormi ne peut pas nous amener vers la grandeur, c'est pour cette raison que je suis là."
Mike Pence, vice-président des Etats-Unis: "Nous voyons en Joe Biden une volonté de s'aligner avec les gens qui font des dégâts dans les rues, tuent des civils innocents et des officiers chargés de l'application des lois."
Rudy Giuliani, avocat de Donald Trump et ancien maire de New York: "Je connais Joe depuis 1976 et il pourrait être l'homme le plus stupide que je connaisse."
Cory Booker, sénateur démocrate du New Jersey "Beaucoup s'inquiètent de la capacité de Joe Biden à marquer l'essai sans trébucher."
Chapitre 5
Les polémiques
afp - Mandel Ngan
Une embarrassante affaire russe
En mai 2017, le procureur Robert Mueller a été chargé d'enquêter sur l'affaire russe, pour savoir si Donald Trump a été complice de la Russie pour influencer les résultats de l'élection présidentielle de 2016.
Après 22 mois d'enquête, 34 inculpations et 2800 assignations judiciaires, le procureur a conclu qu'aucun élément ne permettait d'incriminer directement Donald Trump. Robert Mueller a toutefois détaillé une série de pressions troublantes exercées par le locataire de la Maison Blanche sur son enquête et s'est dit incapable de le blanchir des soupçons d'entrave à la justice.
De son côté, le président, qui n'a cessé de dénoncer cette enquête, a crié victoire et son camp a dénoncé une manoeuvre visant à l'empêcher d'être réélu.
Une procédure d'impeachment
En février dernier, Donald Trump a dû affronter un historique procès pour décider s'il devait être destitué. Il s'agissait de déterminer si, comme le prétendait l'opposition démocrate, le président a usé des moyens de l'Etat pour faire pression sur l'Ukraine afin qu'elle enquête sur le démocrate Joe Biden. Les démocrates l'accusaient notamment d'avoir gelé une aide militaire cruciale pour ce pays en conflit armé avec son voisin russe, afin de parvenir à ses fins.
Les républicains avaient eux dénoncé une "chasse aux sorcières" sans fondement, nourrie selon eux par l'aversion de l'opposition pour ce président atypique.
Soutenu par le camp républicain dans son entier, Mitt Romney excepté, Donald Trump a finalement échappé à la destitution. Le Sénat à majorité républicaine a rejeté les deux chefs d'accusation retenus contre le président, abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès.
Une réputation d'homme tactile
Joe Biden traîne une réputation d’homme tactile avec les femmes et il n'avait même pas encore annoncé sa candidature à la présidentielle que plusieurs femmes ont rapporté des gestes déplacés à leur encontre.
Un baiser sur la tête d'une jeune candidate démocrate lors d’un meeting politique en 2014 l'avait déjà placé dans une situation très compliquée, mais Joe Biden avait répondu par un communiqué de presse dans lequel il ne niait pas les faits mais disait ne pas se souvenir de ces instants de la même manière.
Alors que son équipe dénonçait une campagne de "calomnies", une seconde accusatrice s'était exprimée sur des faits datant de 2009: "Il a mis sa main autour de mon cou, m'a attirée vers lui pour se frotter le nez contre le mien", a raconté une femme de 43 ans. Autre cas en 1991, une femme avait témoigné seule devant le Sénat, accusant un juge de harcèlement sexuel. Elle avait été humiliée par les sénateurs et son témoignage avait été ignoré. L'homme qui présidait l'audition était Joe Biden, à l’époque sénateur du Delaware.
Une propension à la gaffe
Lors des premiers débats démocrates, Joe Biden s'est souvent emmêlé les pinceaux, il s'est arrêté de parler au milieu d'une phrase ou a semblé oublier certains de ses propos précédents. Dans des interviews, des réponses ont été jugées trop longues, sinueuses voire dénuées de sens. Pour beaucoup, le candidat a parfois paru dépassé, d'autres osant même le terme de sénilité.
Les médias américains aiment aussi souligner ses innombrables gaffes comportementales. Par exemple, en célébrant sa victoire lors du "Super Tuesday", Joe Biden a confondu sa femme et sa sœur. Peu avant, le démocrate avait assimilé les enfants de couleur à des enfants pauvres. Lors d'un meeting dans le Missouri, il avait demandé à un sénateur en fauteuil roulant de se lever...
Joe Biden est aussi parfois accusé de racisme ou d'être proche de personnalités ségrégationnistes, ce dont il se défend. Toutefois, durant un débat démocrate l'an dernier, la sénatrice noire Kamala Harris l'avait accusé frontalement de l'avoir blessée avec des propos controversés sur des élus ségrégationnistes. Par ailleurs, lors d'une récente interview, le candidat a assuré qu'un Noir n'était "pas Noir" s'il pensait voter Trump, propos qui ont soulevé la polémique et que Biden a ensuite qualifiés de "fâcheux".
Chapitre 6
Un combat de tweets
Reuters - Jonathan Bachman
Depuis de longs mois, les équipes de campagne des deux candidats sont mobilisés pour cibler l'adversaire avec une communication offensive et accusatrice.
Sur les réseaux sociaux, le combat est féroce et en premier lieu sur Twitter, arme préférée de Donald Trump que Joe Biden et son équipe ont dû apprivoiser. Le résultat est un tweet assassin ou plus chaque jour en fonction de l'actualité. Et les deux crises du printemps 2020, la pandémie de coronavirus et la gestion des manifestations à la suite du décès de George Floyd, leur ont donné du grain à moudre.
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