C'est la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale qu'une affaire de ce type est jugée dans le pays. Durant la nuit du 2 juin 2019, Walter Lübcke, élu du parti conservateur CDU d'Angela Merkel, fume une cigarette sur la terrasse de sa maison à Cassel en Hesse, lorsqu'il est tué d'une balle dans la tête tirée quasi à bout portant.
Après deux semaines d'enquête, un suspect âgé de 45 ans, proche de la mouvance néonazie, est interpellé et avoue le crime, avant de se rétracter et d'accuser un complice présumé. Sans convaincre les enquêteurs.
Réunion polémique
Le parquet fédéral allemand, chargé des affaires les plus sensibles, l'accuse de "meurtre aggravé et "tentative de meurtre aggravé". Il encourt la réclusion à perpétuité.
Il ne sera pas seul dans le box des accusés. Son complice présumé est accusé de l'avoir entraîné au tir en forêt, "y compris avec l'arme utilisée" pour le meurtre, sans pour autant être "au courant des plans réels de l'attentat".
Les deux suspects ont également, selon les enquêteurs, assisté ensemble à une réunion publique au cours de laquelle Walter Lübcke avait apporté son soutien à la politique généreuse d'accueil des migrants décidée en 2015 par la chancelière Angela Merkel.
Haine xénophobe
Walter Lübcke était allé, lors de cette intervention qui a ulcéré la mouvance d'extrême droite, jusqu'à inviter les opposants à l'arrivée de réfugiés à quitter l'Allemagne.
A partir de cette réunion, l'accusé - impliqué aussi dans une tentative de meurtre à l'arme blanche en 2016 d'un demandeur d'asile irakien - a de plus en plus projeté sur Walter Lübcke sa haine xénophobe, estime le parquet.
Des investigations sur son matériel informatique ont aussi révélé, selon plusieurs médias, qu'il avait d'autres cibles potentielles en vue, des élus et une synagogue.
Erreurs de la police
L'accusé devrait au moins dans un premier temps garder le silence à l'audience selon son avocat. Il est connu des autorités depuis la fin des années 1980 comme un sympathisant néonazi au potentiel violent. Dès 1993, il est ainsi suspecté d'avoir planifié un attentat à la bombe contre un foyer de demandeurs d'asile. En 2009, il participe à une émeute raciale à Dortmund.
Malgré ce passé chargé, les services de renseignements avaient cessé ces dernières années de le surveiller. L'enquête a révélé une autre erreur de la police, déjà souvent accusée dans le passé de complaisance à l'égard des néonazis: elle n'a pas signalé à l'autorité délivrant des permis de port d'armes que le complice présumé était un membre toujours actif de l'ultra-droite. Cela lui a permis de se procurer pistolets et fusils.
afp/kkub