C'est le 30 décembre 2019 que le Docteur Li Wenliang fait part de sa crainte d'assister à une nouvelle vague de Sars (pour syndrome respiratoire sévère) à ses collègues dans un groupe privé sur WeChat. Ce virus, de la même famille que le SARS-CoV-2, était apparu pour la première fois en Chine en 2003 avant de se répandre dans 26 pays et d'infecter plus de 80'000 personnes.
Alors que le monde entier s'apprête à célébrer la nouvelle année, le médecin travaille aux urgences à l'hôpital central de Wuhan où sept patients, tous atteints de pneumonie, ont été mis en quarantaine. C'est la première fois que le nouveau coronavirus est identifié.
Trois jours plus tard, Li Wenliang est arrêté par la police avec huit autres personnes pour avoir "répandu des rumeurs", selon les médias chinois. Peu de temps après, de retour au travail, il contracte lui-même la Covid-19 et décède à 34 ans, le 7 février.
D'où vient le virus?
Aujourd'hui encore, la lumière doit être faite sur l'origine de ce virus et sur sa propagation. Les premiers cas rapportés en décembre semblent tous avoir un lien avec le marché aux animaux de Huanan, à Wuhan.
Mais d'autres hypothèses ont circulé ces derniers mois, liées à la présence dans la ville chinoise de deux laboratoires de recherche qui étudient des virus présents sur des chauves-souris. Le premier, de niveau P4, est habilité à manipuler les virus les plus dangereux. Or, dès 2018, des experts américains s'inquiétaient de certains manquements, rapporte le Washington Post. Le second laboratoire, de niveau P2, se situe quant à lui à proximité du marché de Huanan.
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Plusieurs Etats occidentaux se sont emparés de ces révélations pour appeler à faire la lumière sur les origines du virus et sur la gestion des débuts de l'épidémie par la Chine. L'Australie a demandé une enquête internationale le 19 avril.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a pour sa part assuré début mai, avant de se rétracter, qu'il détenait "des preuves" que le Covid-19 provient d'un laboratoire chinois. Affirmation à laquelle la Chine n'a pas tardé à rétorquer en accusant les Etats-Unis, sans preuves, d'avoir fabriqué le virus.
Des cas dès l'automne?
Mais l'origine du virus n'est pas la seule zone d'ombre qui plane encore sur la pandémie. Des doutes subsistent sur le moment de son émergence. De plus en plus d'éléments portent en effet à croire que le SARS-CoV-2 circulait bien avant la fin décembre.
Ainsi, une étude de l'Université de Harvard, citée par Le Temps, a décelé une activité exceptionnelle, dépassant celle des épisodes de grippe annuels, à proximité des principaux hôpitaux de Wuhan dès octobre 2019. Le correspondant du quotidien suisse cite également l'explosion des recherches de mots-clés incluant des symptômes du virus sur le moteur de recherche Baidu dès la fin de l'été comme élément suspect.
Mais dans un pays comme la Chine, où l'information est étroitement contrôlée, ces soupçons restent difficiles à confirmer.