Le 24 mars 1999, un camion transportant de la farine et de la
margarine avait pris feu au milieu du tunnel du Mont-Blanc, long de
11,6 km. L'incendie, qui avait fait rage pendant trois jours,
s'était propagé à 35 véhicules et 39 personnes étaient mortes
asphyxiées dès les premières minutes.
Réunis sous la neige dès 10h00 devant l'entrée du tunnel, les 178
membres des familles des disparus se sont ensuite rendues devant le
mémorial aux victimes, situé un peu plus bas, une écharpe blanche
au cou et une rose blanche à la main. Des gerbes de fleurs ont été
déposées devant le mémorial et une minute de silence a été ensuite
observée à 10h52, heure du drame.
"Pour nous, ce dixième anniversaire est l'occasion d'alerter les
pouvoirs publics sur la dangerosité des tunnels", explique le
président de l'association de défense des victimes André Denis, qui
a perdu dans le drame son épouse, sa fille et son gendre.
"Pièges mortels"
Selon l'association, 42 tunnels français "sont de véritables
pièges mortels en cas d'accident", dont ceux du Fréjus (Savoie), de
la Défense et des Halles à Paris. "On ne circule pas dans un tunnel
comme sur une autoroute", rappelle André Denis qui réclame "des
panneaux à l'entrée pour informer les conducteurs qu'ils circulent
dans un endroit dangereux".
Depuis la réouverture du tunnel en 2002, la société chargée de sa
gestion créée par ATMB et SITMB a investi 400 millions d'euros dans
la sécurité. Trente-sept abris pressurisés, connectés au poste de
commande et reliés à une galerie d'évacuation, ainsi que 3860
capteurs de chaleur et 120 caméras ont été installés.
"Le tunnel du Mont-Blanc est un exemple de tunnel parfaitement
sûr. Je suis absolument certain qu'il est impossible d'avoir une
catastrophe comme celle que l'on a connue en 1999", estime André
Denis.
Treize condamnations
Seize prévenus, personnes physiques ou morales, ont été
poursuivies pour "homicides involontaires par maladresse,
imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation
de sécurité". En 2005, le tribunal correctionnel de Bonneville
avait prononcé 13 condamnations, dont celles des sociétés
exploitantes du tunnel: la société française Autoroute et tunnel du
Mont-Blanc (ATMB) et la société italienne du tunnel du Mont-Blanc
(SITMB) avaient respectivement écopé de 100'000 et 150'000 euros
d'amende.
En appel, en juin 2007, la cour d'appel de Chambéry avait confirmé
la condamnation du responsable français de la sécurité du tunnel,
Gérard Roncoli, qui avait écopé de la peine la plus lourde: 30 mois
de prison, dont six ferme. En 2006, un accord d'indemnisation a
permis aux familles des victimes de se partager 27 millions
d'euros.
agences/cab
"Les tunnels suisses sont sûrs"
"Les tunnels suisses sont sûrs", affirme l'Office fédéral des routes (OFROU) dix ans après la catastrophe du Mont-Blanc.
Ils doivent toutefois être continuellement adaptés aux dernières connaissances techniques. 1,2 milliard de francs y seront consacrés ces 15 prochaines années.
"Tous les tunnels sont construits en respectant les normes du moment", explique Antonello Laveglia, porte-parole de l'OFROU, interrogé par l'ATS.
Chaque ouvrage sur les 220 placés sous l'égide de l'OFROU est révisé régulièrement. Le Gothard, par exemple, est fermé chaque année quelques nuits à cet effet.
Suite à l'incendie du Mont-Blanc, l'OFROU a examiné tous les ouvrages de plus de 600 mètres. 17% ne répondaient pas aux dernières normes en matière de ventilation, et 21% en terme de chemins de fuite.
Les autorités helvétiques ont également été poussées à renforcer la sécurité des ouvrages par deux accidents graves survenus en Suisse, au Gothard (octobre 2001) et au tunnel de Viamala (septembre 2006), qui avaient fait 20 morts.
Un test introduit à l'échelle du continent après la catastrophe du Mont-Blanc révèle que les tunnels suisses s'en sortent bien en comparaison européenne. Jugé "insuffisant" en 1999, le San Bernardino, assaini depuis, a obtenu la note "très bien" l'an dernier.