L'ambassadeur de Turquie à Bagdad, Fatih Yildiz, a été convoqué au ministère des Affaires étrangères et s'est vu remettre une lettre de protestation employant "les termes les plus forts", selon un communiqué du ministère irakien.
Il avait été convoqué une première fois mardi après des raids aériens turcs, dimanche dernier, contre les mêmes rebelles kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui disposent de bases et camps d'entraînement dans les montagnes du Kurdistan d'Irak, au nord du pays.
Malgré cette convocation, la Turquie a envoyé mercredi des commandos descendus d'hélicoptères dans une dizaine de villages dans la province de Dohouk, aux confins de la Syrie, de la Turquie et de l'Irak, dans le cadre d'une rare opération terrestre et aérienne baptisée "Griffes du tigre".
Le PKK, également adversaire de Bagdad
Mardi, l'ambassadeur de Turquie en Irak avait souligné que son pays poursuivrait son action contre le "terrorisme" aussi longtemps que Bagdad n'aurait pas expulsé le PKK, organisation considérée comme "terroriste" par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne. Pour les experts, il est d'ailleurs improbable que la Turquie ait lancé "Griffes du tigre" sans avoir informé au préalable Bagdad et Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien.
Le PKK est également un adversaire pour le pouvoir à Bagdad et les autorités kurdes irakiennes, qui tentent en vain depuis des années de faire partir ses combattants. Ils tolèrent en outre le maintien d'une dizaine de postes militaires turcs au Kurdistan depuis 25 ans. Les autorités du Kurdistan irakien, qui disputent au PKK l'influence au sein des Kurdes du Moyen-Orient, n'ont pas réagi à l'offensive turque.
Le Kurdistan irakien, seul territoire kurde du Moyen-Orient à jouir d'une autonomie garantie par une Constitution, est de longue date un lieu de repli pour les mouvements kurdes d'opposition: le PKK turc, le PJAK et le PDK-I iraniens.
afp/vic