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Russie-Estonie: nouvelles violences à Tallinn

Nouveaux incidents à Tallinn avec la minorité russophone
Nouveaux incidents à Tallinn avec la minorité russophone
Une centaine de personnes ont été blessées dans la nuit de vendredi à samedi lors de nouveaux affrontements entre la police et les opposants au déplacement d'un monument soviétique à Tallinn.

Quelque 600 manifestants ont été interpellés lors de ces
incidents. Des affrontements avec la police ont eu lieu également
dans la ville de Johvi, à 165 km au nord-est de la capitale
estonienne. "Plusieurs centaines de personnes ont provoqué des
troubles dans cette ville, cassant des vitres et des voitures",
selon un communiqué de la police.



La police a utilisé des canons à eau et des matraques pour
disperser les manifestants. Elle a tenté d'isoler des groupes
particulièrement agressifs et de les refouler du centre de
Tallinn.

Russophones en colère

Les manifestants ont brandi des drapeaux russes et criaient
"Russie, Russie!". Ils ont cassé des vitres de l'Académie des arts
et pillé un proche magasin d'alcools. Ils ont pénétré aussi dans le
bâtiment du Théâtre national. Des affrontements avec la police ont
eu lieu dans une rue menant vers le siège du Parlement où une
soixantaine de jeunes ont traité le Premier ministre estonien de
"fasciste" et l'ont appelé à démissionner.



Le monument de l'écrivain estonien Anton Hansen Tammsaare, situé
dans un parc du centre de Tallinn, a été couvert d'inscriptions en
alphabet cyrillique ce qui a provoqué à son tour la colère de
jeunes Estoniens. Parmi les personnes interpellées, dont beaucoup
étaient des russophones, un grand nombre étaient des jeunes sous
l'emprise de l'alcool, qui seront raccompagnés chez leurs parents,
selon la police.



La nuit précédente, les premiers affrontements, les pires dans le
pays depuis le retour à l'indépendance de l'Estonie en 1991,
avaient fait un mort et 43 blessés. Cette fois, la police a réagi
avec plus de conviction et réussi à maîtriser la situation plus
rapidement que la veille. Samedi à l'aube, les rues de Tallinn
étaient calmes, a constaté le correspondant de l'afp.

Vers une rupture des relations?

Le déplacement du monument du centre-ville vers un lieu tenu
secret a provoqué la colère de Moscou qui le considère comme un
mémorial à ceux qui ont vaincu le fascisme durant la guerre, alors
que beaucoup d'Estoniens y voient un rappel douloureux de presque
50 années d'occupation soviétique.



Le président du Conseil russe de la fédération (le Sénat), Sergueï
Mironov, a demandé vendredi la rupture des relations diplomatiques
avec l'Estonie. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a
appelé vendredi l'Estonie et la Russie à régler leur contentieux
dans "un esprit de respect et de conciliation". Le président de
l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, René van der
Linden, a "regretté" la décision de déplacer un monument à la
mémoire des soldats soviétiques à Tallinn.



afp/hof

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Monument symbolique

La Russie considère le monument comme un mémorial à ceux qui ont vaincu le fascisme durant la guerre, alors que beaucoup d'Estoniens le voient comme un rappel douloureux des presque 50 années d'occupation soviétique.

L'Estonie en bref

Ancienne république soviétique, l'Estonie, dont la superficie est de 45'226 km2, est redevenue indépendante de Moscou en 1991. Elle a ensuite intégré l'Union européenne et l'OTAN en 2004.

Le pays accueille toujours une importante minorité russophone qui s'y est installée pendant la période communiste.

La population de l'Estonie compte 1,4 million d'habitants, dont 68,6% d'origine estonienne et 25,6% d'origine russe.

Alors qu'une partie de la minorité russophone a été naturalisée, environ 160'000 n'ont toujours aucune citoyenneté.

Depuis 1991, Moscou n'a cessé d'accuser l'Estonie de violer les droits de la minorité russe.