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Royal-Sarkozy: le débat télévisé a été âpre

Face-à-face hargneux entre Royal et Sarkozy. Qui en profitera?
PPDA et Arlette Chabot ont eu l'honneur d'orchestrer le débat
Le candidat de droite Nicolas Sarkozy et la socialiste Ségolène Royal ont âprement débattu mercredi soir lors de leur duel télévisé crucial à quatre jours du second tour de la présidentielle en France.

Les deux prétendants à la présidence française se sont affrontés
devant les caméras pour un débat de plus de deux heures et
demie.



Ils ont entre autres évoqué les 35 heures, les fonctionnaires,
l'éducation, le nucléaire, l'insécurité ou encore l'adhésion de la
Turquie à l'Union européenne. Les échanges ont souvent été vifs
(lire ci-contre).



Un accrochage les a notamment opposés, Ségolène Royal accusant son
rival "d'immoralité politique", Nicolas Sarkozy reprochant à la
candidate socialiste de "perdre ses nerfs".

Royal attaque d'emblée...

La candidate socialiste Ségolène Royal a attaqué d'emblée
Nicolas Sarkozy sur son bilan en matière de sécurité. "La morale
politique demande aussi que les responsables politiques rendent des
comptes par rapport à ce qu'ils ont fait", a-t-elle lâché mercredi
soir.



Les "agressions ont augmenté depuis 2002", a-t-elle affirmé, alors
que, "Monsieur Sarkozy, vous aviez parlé de la 'tolérance zéro'".
"Aujourd'hui, les Français s'inquiètent beaucoup de la montée des
violences", alors que "le nombre de faits de violence à l'école a
augmenté", a-t-elle poursuivi, plaidant pour "une France où
l'agressivité et les violences reculent." "Le commissariat de
Clichy que vous aviez promis, il n'est toujours pas ouvert",
a-t-elle attaqué.

...et Sarkozy lui tient tête

"Je suis responsable. J'ai été ministre de l'Intérieur pendant
quatre ans", a rétorqué Nicolas Sarkozy. Mais, a-t-il ajouté, en
arrivant place Beauvau en 2002, "j'ai trouvé une situation qui
était catastrophique et qui était pour beaucoup dans la défaite de
vos amis" du gouvernement de la "gauche plurielle" au pouvoir de
1997 à 2002, auquel participait Ségolène Royal.



Selon le chef de l'UMP, "avec le même appareil statistique", la
délinquance a augmenté de 18% sous le gouvernement conduit par
Lionel Jospin alors que pour "les cinq années du quinquennat de
Jacques Chirac, la délinquance a diminué de 10%". Il a défendu son
bilan au ministère de l'Intérieur: "je ne pars pas en courant quand
on évoque le mot bilan".

Le ton monte...

Plus tard, après que Nicolas Sarkozy eut promis que chaque
enfant handicapé pourra être scolarisé dans une "école normale",
Ségolène Royal a réagi vivement: "Je pense qu'on atteint le summum
de l'immoralité politique", a-t-elle dit. "Je suis scandalisée de
ce que je viens d'entendre", a-t-elle poursuivi, car selon elle
alors que Nicolas Sarkozy a décrit "la larme à l'oeil" la situation
des handicapés, le gouvernement de droite "a supprimé" des aides
pour les handicapés.



Nicolas Sarkozy a aussitôt attaqué sur le fait que Ségolène Royal
avait "perdu ses nerfs". "Je ne pense pas que vous élevez la
dignité du débat politique", a-t-il dit. "Je ne perds pas mes
nerfs, je suis en colère, il y a des colères très saines", a-t-elle
ajouté. "Je ne m'énerve pas, je me révolte car j'ai gardé ma
capacité de révolte intacte", a-t-elle enchaîné. "Qu'est-ce que
cela doit être quand vous êtes en colère", a continué Nicolas
Sarkozy. "Pour être président, il faut être calme", a-t-il
ajouté.

... avant la conclusion

Au terme du duel, Nicolas Sarkozy s'est engagé à agir
"passionnément": "Oui je veux agir, je veux passionnément agir au
service de mon pays. Au fond, la France m'a tout donné, il est venu
le temps pour moi au bout de 52 ans de tout lui rendre". "Tout ce
que j'ai dit, je le ferai, je tiendrai scrupuleusement ma promesse
et ma parole", a-t-il affirmé. "C'est un choix de vie, c'est un don
de soi, c'est une véritable ascèse. Je me suis préparé pour ce
rendez-vous et, si les Français me font confiance, je ne les
décevrai pas, je ne les trahirai pas, je ne leur mentirai
pas".



Adoptant un registre radicalement différent, Ségolène Royal, en
position de challenger dans les sondages, s'est adressée "à ceux
qui hésitent encore" pour leur demander de "faire le choix de
l'audace, de faire le choix de l'avenir" en votant pour une femme,
mettant même en avant son statut de "mère de famille" et de femme
politique. "Je sais que pour certains (...) ça n'est pas évident de
se dire qu'une femme peut incarner les plus hautes responsabilités.
D'autres le font à l'échelle de la planète. Il y a Angela Merkel",
a-t-elle fait valoir en référence à la chancelière allemande,
"efficace, concrète, opérationnelle".



agences/hof

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Morceaux choisis

Ségolène Royal: "On atteint le summum de l'immoralité politique", a lancé mercredi Ségolène Royal, accusant Nicolas Sarkozy de "jouer avec le handicap".

Evoquant l'adhésion de la Turquie à l'UE, Ségolène Royal a accusé mercredi soir Nicolas Sarkozy de "claquer la porte" à un "grand pays" et d'avoir une position "dangereuse" pour le monde.

"Vous venez de dire une série d'erreurs. Cela peut arriver mais il faudra que vous révisiez un peu votre sujet", a ironisé Ségolène Royal au sujet de propos de Nicolas Sarkozy sur le nucléaire.

Nicolas Sarkozy: "Les Français attendent de nous de la précision" et "vous avez une capacité à surfer d'un sujet à l'autre avec quelques généralités!", s'est agacé le candidat UMP dans une flèche à sa rivale.

"Vous avez une capacité de ne pas répondre aux questions", a pesté l'ancien ministre de l'Intérieur.

Nicolas Sarkozy a accusé sa rivale socialiste Ségolène Royal d'être "méprisante", elle de se poser en "victime" quand il est "gêné", tandis que tous deux débattaient des places en crèche et de la petite enfance.

"Les 35 heures ont été une catastrophe, il faut bien le dire, généralisée pour l'économie française (...)", a déclaré le candidat de la droite.

Alors qu'on demandait à Nicolas Sarkozy son avis sur sa rivale, il a dit son "respect" pour son "talent", sa "compétence", son "parcours". "On n'est pas là où elle est par hasard", a-t-il salué, relevant poliment quelques "différences d'appréciation, de points de vue".

Une tradition

Ce débat était considéré comme le point d'orgue d'une campagne qui a passionné l'Hexagone.

Ces débats télévisés sont une tradition de l'entre deux tours des scrutins présidentiels depuis 1974 en France.

Il y a cinq ans cependant, il n'avait pas eu lieu.

Jacques Chirac avait refusé de débattre avec Jean-Marie Le Pen, l'"invité surprise" du deuxième tour en 2002.