L'incarcération des deux Canadiens est survenue peu après l'arrestation, à Vancouver, de Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, le géant chinois des télécoms. Une arrestation faite sur demande des Etats-Unis.
Leur condamnation fait peu de doutes dans un système où la justice est étroitement contrôlée par le parti communiste. Michael Koverig et Michael Spavor, un ancien diplomate et un homme d'affaires canadiens, font les frais de l'affrontement entre deux géants.
La Chine exige la libération de Meng Wanzhou, fille du fondateur du groupe Huawei. Washington l'accuse d'avoir mis en place un mécanisme visant à contourner les sanctions contre l'Iran et la Corée du Nord pour écouler des composants Huawei dans ces deux pays.
Empêcher l'extradition de Meng Wanzhou
Depuis des mois, Pékin fait pression sur Ottawa pour empêcher l'extradition de sa ressortissante vers Washington. Le mois dernier, les juges canadiens ont cependant confirmé la légalité d'une telle extradition. Comme leur mise en détention, l'inculpation des deux Canadiens est perçue comme une mesure de représailles.
Interrogé lors d'un point presse au sujet de la position de la Chine concernant la "diplomatie des otages", le représentant du ministère des Affaires étrangère Zhao Lijian a répondu: "Vous feriez mieux de demander au gouvernement canadien ce qu'est la diplomatie des otages".
Au-delà des tensions sino-américaines – dont pâtit aujourd'hui directement le Canada – l'annonce des deux inculpations permet aussi au gouvernement chinois d'afficher sa puissance et sa détermination au moment où Pékin est fragilisé sur la scène internationale. Critiquée pour sa gestion initiale de la pandémie de SARS-CoV-2, la Chine est également pointée du doigt pour son récent coup de force à l'encontre de Hong Kong.
Michael Spavor et Michael Koverig risquent potentiellement de très lourdes peines.
Michael Peuker/sjaq
Justin Trudeau se dit "très déçu"
Ottawa s'est dit "très déçu" vendredi par la décision de Pékin d'inculper d'espionnage deux Canadiens arrêtés en Chine fin 2018, peu après l'interpellation à Vancouver d'une cadre de Huawei à la demande de Washington.
"C'est une chose qui nous préoccupe et on est très déçus de l'étape franchie par la Chine ce matin", a commenté le Premier ministre Justin Trudeau, alors que les relations diplomatiques entre Ottawa et Pékin sont au plus bas.
Justin Trudeau a promis de "mettre la pression" sur le gouvernement chinois, avec l'appui des alliés du Canada, pour mettre fin à la détention "arbitraire" des deux Canadiens.
Sa vice-Première ministre Chrystia Freeland, ancienne cheffe de la diplomatie, a dit avoir eu "le cœur brisé" en apprenant la nouvelle, qui l'a mise "très en colère". Le ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne s'est lui dit "profondément préoccupé" par l'interruption des visites consulaires pour les deux détenus depuis la mi-janvier.
Quelques heures plus tôt, le Parquet chinois avait annoncé l'inculpation pour "espionnage" et divulgation de "secrets d'Etat" de Michael Kovrig, ancien diplomate auparavant en poste à Pékin, et du consultant et homme d'affaires Michael Spavor, spécialiste de la Corée du Nord.
afp/sjaq