Le débat urgent sur cette question après le décès de l'Afro-Américain George Floyd, cinquième discussion de ce format depuis le lancement de l'instance onusienne, s'était achevé jeudi à la mi-journée. De longues négociations ont ensuite eu lieu pour aboutir à un nouveau projet de résolution.
Selon des sources concordantes, Washington a manœuvré en coulisses ces derniers jours pour inciter ses alliés à faire en sorte d'éviter une commission d'enquête internationale. Un premier projet de résolution du Burkina Faso, au nom des pays africains, prévoyait un tel mécanisme "aux Etats-Unis" et dans d'autres pays après le décès de George Floyd.
Mais une révision de ce dispositif circulait avant même le débat de mercredi et a été officiellement discutée vendredi avec de nombreux réaménagements. Certes, la résolution "condamne fermement" les incidents qui ont mené au décès de l'Afro-Américain.
Mais elle ne demande plus qu'à la Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet un rapport sur le "racisme systémique" et les violations présumées des droits de l'Homme "contre les Africains et les personnes d'origine africaine" par la police, notamment contre George Floyd. Les Etats-Unis ne sont pas visés dans la résolution validée.
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Appel à l'aide lancé par le frère de Floyd
Ce débat qui a provoqué de nombreuses interventions a aussi décalé l'ensemble des travaux de cette 43e session du Conseil qui avait repris lundi trois mois après sa suspension en raison de la pandémie. Prévue jusqu'à vendredi, celle-ci s'achèvera lundi prochain.
Lors du débat "historique", selon la rapporteuse spéciale de l'ONU contre le racisme, Philonise Floyd avait dénoncé mercredi la "torture" dont a été victime son frère. "Vous avez le pouvoir de nous aider à obtenir justice", a-t-il dit.
"Je vous demande de l'aider. Je vous demande de m'aider. Je vous demande de nous aider, nous les Afro-Américains", a-t-il ajouté, appelant à une commission d'enquête, comme de nombreuses ONG.
Lors du débat, la Suisse s'est dite "inquiète" du "recours disproportionné à la force" par la police contre les Afro-Américains. Mais selon elle, tous les Etats doivent étendre leur engagement pour protéger tous les citoyens contre les discriminations.
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Les Etats-Unis, qui se sont retirés du Conseil des droits de l'homme, n'assistent pas en salle aux débats. Dès la semaine dernière, la mission américaine auprès de l'ONU à Genève avait tenté de désamorcer les reproches en condamnant le décès de George Floyd mais en relevant que ce pays œuvrait à davantage "d'égalités". Et que son attachement aux libertés fondamentales permettait à la communauté internationale de "dialoguer ouvertement" avec lui pour trouver des solutions.
Affront évité pour les Etats-Unis
Autre avancée, le président américain Donald Trump a prononcé mardi un décret pour interdire l'étranglement comme mode opératoire policier, sauf en cas de danger. Un allègement estimé insuffisant par ses opposants démocrates.
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Le scénario d'une commission d'enquête internationale aurait été considéré comme un affront par Washington. "Nous ne sommes pas exempts d'une surveillance" mais toute résolution devrait mentionner les "nombreux pays" où du racisme est observé, avait dit mercredi avant le débat l'ambassadeur américain à l'ONU à Genève Andrew Bremberg.
Parmi les ennemis des Etats-Unis, la Chine a appelé ceux-ci à se conformer à leurs obligations internationales. L'Iran a dénoncé la situation américaine et la Corée du Nord a vu dans celle-ci "le problème le plus brûlant" pour les droits de l'Homme. Le Venezuela a lancé une salve contre Donald Trump et ciblé sa proximité avec l'extrême droite dans son pays.
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De leur côté, encore vendredi, neuf experts indépendants de l'ONU se sont dits inquiets à Genève de déclarations récentes du ministre américain de la justice William Barr contre certains groupes de manifestants, celles-ci violant selon eux les libertés fondamentales.
Outre cette question du racisme, des dizaines de résolutions doivent être discutées d'ici lundi par les 47 membres de l'instance onusienne.
ats/sjaq
"La vie des noirs compte", proclame le Parlement européen
Le Parlement européen, dans une résolution adoptée vendredi, a repris à son compte le mot d'ordre de "Black Lives Matter", le mouvement mondial parti des Etats-Unis contre le racisme et les violences policières.
Les élus européens déclarent également dans cette résolution, adoptée par 493 voix pour, 104 contre et 67 abstentions, que la traite des esclaves est "un crime contre l'humanité".
Cette résolution est une réponse directe aux manifestations qui se multiplient depuis le décès de George Floyd, mort asphyxié lors de son interpellation par la police à Minneapolis, aux Etats-Unis mais aussi en Europe et partout dans le monde.
afp/sjaq