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Les jeunes hommes auraient moins de relations sexuelles qu'il y a 20 ans

De plus en plus de jeunes hommes se passeraient de relations sexuelles. [Fotolia - Igor Mojzes]
De plus en plus de jeunes hommes se passeraient de relations sexuelles. - [Fotolia - Igor Mojzes]
Un tiers des hommes américains entre 18 et 24 ans disent n'avoir eu aucune relation sexuelle durant l'année écoulée, selon une étude. Si la réalité est sans doute plus complexe, certains facteurs freinent indéniablement la sexualité aujourd'hui.

Ces chiffres sont tirés d'une vaste étude menée entre 2000 et 2018 par un institut de recherche de l’université de Chicago, le National Opinion Research Center, et publiée le 12 juin dans la revue JAMA Network OPen.

Les chercheurs ont suivi tous les deux ans, durant cette période, un millier d'hommes et de femmes entre 18 et 44 ans. Ils les ont questionnés sur différentes thématiques, dont leur activité sexuelle. Et les réponses obtenues indiquent que l'activité sexuelle des jeunes adultes - et tout particulièrement des hommes - a drastiquement diminué au cours des vingt dernières années.

La tendance est la même, du reste, chez la génération des 25 à 34 ans. En 2000, 7% des hommes de cette tranche d'âge disaient ne pas avoir eu de relations sexuelles durant l'année écoulée, contre un peu plus de 14% en 2018.

Baisse aussi de la fréquence des relations

La tendance est aussi à la baisse chez les hommes se disant actifs sexuellement. Près de 52% des 18-24 ans déclaraient avoir une relation sexuelle au moins une fois par semaine en 2000 (65,3% pour les 25-34 ans). Mais ils n'étaient plus que 37,4% en 2018 (50,3% pour les 25-34 ans).

Chez les femmes américaines, les résultats sont plus stables sur la période étudiée, sauf chez les 25-34 ans. Elles étaient 7% à ne pas avoir eu la moindre relation sexuelle au cours de l'année écoulée en 2000, mais 12,6% en 2018.

Et comme l'a relevé le Los Angeles Times dans un article évoquant cette étude, des chercheurs allemands ont observé la même tendance dans des travaux publiés en 2016. 20% des hommes entre 18 et 30 ans affirmaient ne pas avoir eu de relations sexuelles depuis au moins un an, contre 7,5% en 2005.

Prudence par rapport aux études

"Il faut déjà savoir ce que l'on entend par rapport sexuel", souligne la psychologue et sexologue Romy Siegrist samedi dans Forum. "Toutes les activités comme la masturbation, les pratiques orales, sont-elles prises en compte? Ce n'est pas forcément le cas (…) Donc y a-t-il une baisse ou est-ce qu'on n'a pas posé la question de la bonne manière?", s'interroge-t-elle.

Reste que certains facteurs, comme le temps passé sur les écrans, pourraient expliquer cette tendance. "Il y a beaucoup plus de propositions d'activités de divertissement à toute heure", relève Romy Siegrist. "Donc oui, cela a une influence sur ce que l'on va faire, par exemple le soir. Les écrans (…) vont libérer de la dopamine et donc stimuler notre circuit de la récompense et du plaisir comme le ferait le sexe. Donc ça peut aussi venir compenser quelque chose, nous donner du plaisir ailleurs".

La société de la "performance"

Un autre handicap, aujourd'hui, se trouve dans la société de la "performance", qui peut aussi perturber la sexualité. "Il y a pas mal de personnes qui ont des anxiétés de performance, des angoisses, qui ont l'impression qu'elles doivent tout faire et tout bien faire en sexualité, alors qu'on devrait parler plutôt de diversité", souligne la sexologue. "Donc ça peut aussi nous enlever l'envie d'aller vers l'autre ou nous compliquer l'accès à une sexualité relationnelle".

Reste que, pour Romy Siegrist, moins d'activité sexuelle n'est pas forcément problématique. "Le sexe consenti, désiré, est bon pour la santé", rappelle-t-elle. "Mais on peut se dire qu'on fait peut-être moins de sexe parce qu'on le fait mieux".

>> Ecouter l'interview de Romy Siegrist dans Forum :

Romy Siegrist, psychologue et sexologue à Lausanne. [Unil]Unil
L'activité sexuelle des jeunes en berne: interview de Romy Siegrist / Forum / 4 min. / le 20 juin 2020

Propos recueillis par Adrien Krause/oang

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