Dans un discours de près de deux heures, Donald Trump s'est posé en défenseur de "la loi et l'ordre". Il a appelé les Américains à se rendre aux urnes le 3 novembre prochain pour lui assurer un deuxième mandat de quatre ans.
Assurant être dans une forme éclatante, le 45e président des Etats-Unis s'en est pris avec virulence à son adversaire démocrate Joe Biden, le qualifiant de "marionnette" à la fois de "la gauche radicale" et de la Chine et le présentant comme un politicien qui n'a "jamais rien fait" en un demi-siècle de carrière à Washington.
Tentant de retrouver le ton des réunions de campagne qui ont un joué un rôle central dans sa victoire surprise de 2016, le président américain de 74 ans a assuré qu'il était, contrairement à son adversaire de 77 ans, en pleine forme physique. "S'il y a un problème, je vous le dirai", a-t-il lancé, revenant longuement sur une cérémonie à la prestigieuse académie militaire de West Point, au cours de laquelle il avait semblé donner des signes de fatigue.
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"J'ai sauvé des centaines de milliers de vies"
Devant une salle où peu de ses partisans portaient des masques de protection, Donald Trump a vigoureusement défendu ses décisions face au Covid-19, qu'il a à nouveau qualifié de "virus chinois". "J'ai sauvé des centaines de milliers de vies, mais personne ne salue jamais notre travail", a-t-il lancé.
Il a estimé que les tests étaient "une arme à double tranchant": "Quand on fait ce volume de dépistage, on trouve plus de gens. On trouve plus de cas. Alors j'ai dit: 'Ralentissez le dépistage'", a-t-il ajouté sur un ton semble-t-il ironique.
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Moins de monde que prévu
Coiffés de casquettes "Trump 2020", agitant des drapeaux américains et campant dans les rues, des partisans enthousiastes ont attendu parfois pendant des jours pour voir le président en personne samedi soir. "Nous sommes là pour montrer que nous soutenons le président Trump et que nous, le peuple, allons remporter l'élection de 2020, peu importe ce que disent les médias 'fake news' et autres multinationales libérales, gauchistes et qui cherchent à contrôler nos esprits", a expliqué l'un d'eux, vêtu d'un T-shirt et d'une casquette à l'effigie de Donald Trump. Et la crainte du Covid-19 ? "Foutaises! Ils mentent au sujet des chiffres".
La salle devant consacrer ce retour en fanfare, le BOK Center de Tulsa, qui peut accueillir près de 20'000 personnes, n'était toutefois pas pleine et la foule attendue pour donner un coup de fouet à sa campagne pas au rendez-vous. Son directeur de campagne a reconnu que les chiffres étaient en deçà des espérances, désignant comme responsables les "manifestants radicaux" et "une semaine de couverture médiatique apocalyptique".
Une première allocution du président, initialement prévue en dehors de la salle pour les malchanceux qui n'y auraient pas eu accès, a été annulée à la dernière minute. Lundi, Donald Trump avait assuré dans un tweet que "près d'un million" de personnes avaient réclamé des billets pour ce rendez-vous.
Crainte de troubles entre trumpistes et antiracistes
La première réunion de campagne du président républicain depuis le coup d'arrêt du mois de mars en raison de la pandémie de Covid-19 a suscité une vive polémique. Beaucoup s'inquiétaient des conséquences sanitaires d'une telle foule venue de tous les Etats-Unis. Jusqu'à présent relativement épargné, l'Oklahoma connaît en ce moment une forte poussée des cas détectés.
Entre "trumpistes" et manifestants antiracisme, les autorités locales avaient dit attendre jusqu'à 100'000 personnes à Tulsa, dans cet Etat conservateur du sud des Etats-Unis tout acquis à sa cause, et craignaient des débordements autour de ce meeting électoral entouré d'une double polémique: d'abord le risque d'aggraver la propagation du Covid-19 dans un pays qui affiche le plus lourd bilan du monde, ensuite le choix d'organiser son grand retour autour des commémorations de la fin de l'esclavage. Une "vraie gifle", selon le responsable local du mouvement "Black Lives Matter".
Quelque 1000 protestataires ont défilé vers la salle de la réunion, criant des slogans contre Donald Trump et le racisme. "Trump est prêt à propager le virus juste pour entendre quelques acclamations", s'est indigné de son côté le sénateur Bernie Sanders, ex-candidat à la présidentielle et désormais soutien de Joe Biden.
afp/oang/vic
Six membres de l'organisation contaminés
"Six membres de l'équipe d'organisation ont été testés positifs sur les centaines de dépistages pratiqués, et des procédures de quarantaine ont immédiatement été mises en oeuvre", a annoncé le chef de la communication de la campagne de réélection du président américain, Tim Murtaugh, quelques heures avant l'ouverture du grand rassemblement.
"Aucun des employés positifs au Covid ni personne ayant été en contact direct ne sera présent au meeting ou aux côtés de participants ou d'élus", a-t-il précisé en rappelant que la température de tous les membres du public serait prise à leur entrée et des masques et du gel désinfectant distribués à chacun. Les participants ont dû signer un document disant qu'ils renoncent à toute poursuite si jamais ils attrapent le virus à cette occasion.
La chanteuse Pink ironise sur l'affluence modérée
"Il me semble que j'ai vendu en cinq minutes toutes les places de cette même salle", a ironisé samedi soir la chanteuse américaine Pink sur Twitter, faisant référence aux sièges vides visibles au cours de la retransmission du meeting de Donald Trump.
En mars 2018, elle avait organisé un concert de sa tournée "Beautiful Trauma Tour" au même endroit.
I think I sold that same place out in five minutes. #donkeyshow pic.twitter.com/JNOwjIQ3hB
— P!nk (@Pink) June 21, 2020