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Grande-Bretagne: dix ans de "blairisme"

Tony Blair pourrait bientôt se convertir au catholicisme
Le locataire du 10 Downing Street partira sur un bilan mitigé
Le Premier ministre britannique Tony Blair est sur le point de tirer sa révérence, après dix ans au pouvoir. Ce cap sonne pour lui l'heure d'un départ difficile, usé par le pouvoir et rejeté par une majorité de ses concitoyens.

Tony Blair ne s'est à ce jour pas prononcé sur les modalités
exactes de ce départ semi-contraint, à la moitié de son troisième
mandat, dont l'annonce est attendue pour la deuxième semaine de
mai. Il n'a rien dit non plus sur son remplacement, prévu dans les
derniers jours de juin.

La tache de l'Irak

Mais depuis plusieurs semaines, soucieux de sa place dans
l'histoire, le premier ministre s'est appliqué à défendre son
bilan. Il a insisté sur la prospérité économique de ces dix
dernières années qui a transformé le Royaume-Uni, sur les réformes
mises en place à coups de milliards dans l'éducation et la santé,
ainsi que sur la baisse de la criminalité.



Tony Blair a aussi défendu sa politique étrangère
«interventionniste, basée sur les valeurs», son alignement sans
faille sur les Etats-Unis, «pas seulement quand c'est facile», et
refusé de s'excuser pour l'erreur jamais admise de l'Irak.

Plusieurs succès

En 1997, chevelure brune et grand sourire, il était arrivé au
pouvoir à 43 ans, le plus jeune Premier ministre britannique depuis
1812, porté par une formidable vague d'enthousiasme. L'opposition
conservatrice laminée, il a enchaîné trois mandats, du jamais vu
pour les travaillistes.



Les années Blair ont été celles de l'indépendance de la Banque
d'Angleterre (1997), de l'introduction du salaire minimum, de la
régionalisation (Ecosse 1998, Pays de Galles 1999), des accords du
Vendredi Saint en Irlande du Nord (1998), du «mariage» homosexuel
(2005), de la modernisation de l'éducation et de la santé, ouvertes
au secteur privé avec obligation de résultats.



Et avant son départ, Tony Blair, les cheveux désormais
grisonnants, devrait assister le 8 mai à sa réussite la plus
évidente, la relance d'un pouvoir partagé entre catholiques et
protestants dans une Irlande du Nord apaisée.



Tony Blair avait annoncé en octobre 2004 que ce 3e mandat serait
son dernier. Mais il part plus tôt que souhaité, poussé dehors par
un «coup» monté en septembre dernier par son ministre et rival
Gordon Brown, qui n'en peut plus d'attendre de lui succéder
(lire ci-contre).

Sondage défavorable

Un nouveau sondage lundi a montré que la majorité des
Britanniques ne regretteront pas Tony Blair: 39% se disent contents
de le voir partir, 34% sont indifférents. Ils ne sont que 20% à se
dire tristes, selon ce sondage YouGov pour le "Daily
Telegraph".



Ils sont 50% à juger correctes sa performance comme Premier
ministre, 45% la jugeant négativement. Mais pour la majorité
d'entre eux, les choses ont empiré (48%) ou sont restées les mêmes
(19%) durant les années Blair, seulement 26% estimant qu'elles se
sont améliorées. 54% pensent que Tony Blair a déçu comnme Premier
ministre.



afp/ant

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Vers le sacre de Gordon Brown

Tony Blair a déclaré mardi qu'il ferait une annonce "définitive" sur son départ la semaine prochaine, et affiché dans cette perspective son soutien à son probable successeur, son ministre des Finances Gordon Brown, qui pourrait entrer à Downing Street fin juin.

Le parti travailliste s'est apparemment résolu à faire de Gordon Brown son prochain leader, en dépit de ses mauvais sondages, après que l'espoir des "blairistes", le ministre de l'Environnement David Miliband, 41 ans, eut récemment rejeté l'idée de se présenter.

Deux députés de l'aile gauche du parti se veulent candidats mais il n'est pas sûr qu'ils obtiennent le soutien nécessaire de 44 députés pour valider leur candidature. Dès lors, la porte semble grande ouverte pour Gordon Brown, qui pourrait devenir fin juin le nouveau leader du parti travailliste, et donc Premier ministre jusqu'aux élections attendues en 2009 ou 2010.

Le départ de Tony Blair ne provoquera en effet pas d'élections anticipées: le nouveau chef du Labour, parti majoritaire à la Chambre, deviendra automatiquement Premier ministre.

Mardi, la date du 30 juin circulait pour sa prise de fonctions, selon un projet de calendrier qui mentionne une réunion à cette date du collège électoral travailliste, à l'issue d'une procédure de sept semaines.