Si ce coup d’assommoir était attendu, il n’en est pas moins douloureux pour l’opposition hongkongaise. La loi dévoilée en mai dernier punira les crimes de séparatisme, de subversion, de terrorisme et de collusion avec des Etats étrangers. Ces concepts vagues, qui restent à définir, octroient une large marge de manœuvre aux autorités.
Dans les grandes lignes, la première ébauche publiée samedi prévoit la création, à Hong Kong, d'une commission de sécurité nationale. Le dirigeant du territoire présidera ladite commission, assisté par au moins un conseiller spécial de Pékin.
Service de renseignement sous autorité directe de Pékin
La Chine établira en outre dans le territoire un service de renseignement sous l’autorité directe du gouvernement central. Cette nouvelle entité aura pour but de collecter et d’analyser diverses données relatives aux cas susceptibles de tomber sous le coup de la loi.
Le chef de l’exécutif Hongkongais – désigné par Pékin – sera chargé d'appointer les juges mandatés pour statuer sur les affaires soumises à la loi en question. Enfin, en cas de conflit avec le droit Hongkongais, la loi sur la sécurité nationale primera.
Indépendance judiciaire de Hong Kong torpillée
La Chine assure ne vouloir appliquer cette nouvelle disposition légale qu'en cas de force majeure, mais son architecture torpille de fait l'indépendance judiciaire du territoire, déplorent l’opposition et de nombreux experts.
Contre toute attente, le comité permanent de l’assemblée nationale populaire – le parlement chinois – n’a pas formellement adopté la loi samedi, préférant repousser le vote final après un deuxième, voire un troisième débat. Un contretemps surprenant étant donné la détermination affichée de Pékin à reprendre rapidement le contrôle à Hong Kong.
Temporisation toute provisoire
Si la Chine semble temporiser face aux pressions internationales, ces dernières ne parviendront pas à faire dérailler le projet. Le parti communiste veut en effet à tout prix éviter de voir l'ancienne colonie britannique devenir une base de subversion, au moment où la Chine continentale fait face à de nombreux défis liés au ralentissement économique.
La loi sur la sécurité nationale devrait être entérinée au plus tard fin juillet avant d’être promulguée au mois d’août. Le calendrier vise à nettoyer le paysage politique hongkongais avant les élections parlementaires prévues au mois de septembre.
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Sujet radio: Michael Peuker
Adaptation web: Vincent Cherpillod