Le navire, qui devait partir samedi à la mi-journée, a finalement pu quitter Marseille lundi, retardé par la météo défavorable des derniers jours.
L'ONG relève que les derniers mois ont été particulièrement meurtriers pour les migrants qui tentent de rejoindre l'Europe et cible le manque de collaboration entre les pays pour les aider. Près de 3900 personnes ont été interceptées et renvoyées en Libye, pays en proie à de nombreuses violences.
"Un nombre de morts assez conséquent"
Désormais, "il n'y a plus de temps à perdre", souligne la directrice générale pour la Suisse Caroline Abu Sa'da lundi dans La Matinale. "On a des circonstances, en ce moment, qui ne pouvaient pas être plus catastrophiques", relève-t-elle en citant le conflit en Libye qui s'aggrave, une augmentation de quasiment 150% de départs depuis l'Afrique, la situation sanitaire liée à la pandémie et l'absence d'une grande partie des navires qui sont habituellement présents en mer.
"Toutes les conditions sont réunies pour avoir une multiplication de ce qu'on appelle des 'naufrages invisibles'. On sait qu'il y a énormément de gens qui quittent la Libye à l'heure actuelle et que très peu arrivent sur les côtes italiennes. On sait qu'il y a un nombre de morts assez conséquent".
Désaccord sur les priorités
Le bateau Ocean Viking de SOS Méditerranée était bloqué depuis trois mois, d'abord pour évaluer la situation face au coronavirus et ensuite pour préparer le nouveau dispositif après la fin d'un partenariat de plusieurs années avec Médecins Sans Frontières (MSF). Quelques semaines après le retour du navire, les deux ONG avaient relayé leurs divergences, alors qu'elles avaient sauvé depuis 2016 plus de 30'000 personnes.
MSF estimait que l'impératif humanitaire devait l'emporter sur toute décision liée à la reprise des activités en mer. SOS Méditerranée voulait de son côté des garanties d'accès à des ports avant de relancer le navire.
>> Lire : La pandémie met fin au partenariat entre SOS Méditerranée et MSF
Un dispositif de santé propre
Après cette séparation, l'ONG a monté son propre dispositif de santé pour pouvoir prendre en charge le moment venu les migrants en mer. Celui-ci est constitué notamment d'un médecin qui a oeuvré pendant la pandémie et de deux infirmiers. La majorité d'entre eux a participé à des sorties du navire actuel utilisé pour le sauvetage ou de son prédécesseur.
Tous ces acteurs pourront s'appuyer sur les deux salles de consultation et de soins entièrement dotées, sur l'unité d'hospitalisation pour six personnes et sur le dispositif de stockage de médicaments. En pleine pandémie, une zone de prise en charge des personnes qui pourraient être infectées par le coronavirus a été ajoutée.
oang avec ats
"Partenariats médicaux" avec la Suisse
Dans les prochains mois, des Suisses pourraient participer aux opérations de sauvetage. Des "partenariats médicaux" sont en discussion, explique la section suisse de SOS Méditerranée.
Il a semblé "fondamental après le retrait de MSF de continuer nos opérations en gardant une équipe médicale à bord", a ajouté l'ancien conseiller aux Etats Dick Marty, membre de son Conseil de fondation. Les soins pour ces migrants sont indispensables et ils ont un "coût", relève-t-il.
De son côté, la directrice Caroline Abu-Sada appelle à un soutien financier et à un "dialogue urgent" avec les Etats européens.