Ces premières élections nationales en Europe depuis le confinement imposé par la pandémie du coronavirus se sont déroulées dans l'ombre présidentielle. Aleksandar Vucic, qui sort renforcé de la crise sanitaire, ne se présentait pas mais son nom figurait sur les bulletins de vote en tant que chef du SNS, au pouvoir depuis huit ans.
Selon des projections de l'organisme indépendant Cesid et de l'institut Ipsos, le SNS obtient 63,4% des voix et le Parti socialiste (SPS) du ministre des affaires étrangères Ivica Dacic, son partenaire de coalition, 10,3%. Lors des précédentes législatives en 2016, les deux formations avaient obtenu respectivement 48,25% et 11% des suffrages.
Le chef de l'Etat a proclamé en fin de soirée une victoire "historique" de son parti. "Je suis reconnaissant au peuple pour ce soutien historique", a-t-il lancé devant ses partisans au siège du Parti serbe du progrès (SNS) à Belgrade. "Nous avons gagné partout, nous avons gagné là où nous n'avions jamais gagné".
Participation en baisse par rapport à 2016
Les principaux partis avaient boycotté le scrutin, au motif que des élections libres étaient impossibles du fait de la distorsion du paysage médiatique et démocratique. Mais une vingtaine de petites formations se sont présentées. La principale d'entre elles, l'Alliance patriotique serbe (SPAS), a recueilli environ 4% des voix, selon les projections.
A une heure de la fermeture des bureaux de vote, le taux était estimé à 45% par l'ONG indépendante CRTA, soit sept points de moins environ par rapport aux législatives de 2016. Selon des sources internes au SNS, elle devrait s'établir autour de 50%.
La Constitution confère au président un rôle honorifique mais Aleksandar Vucic, 50 ans, est sans conteste celui qui prend les décisions. Le chef de l'Etat, qui fut deux fois Premier ministre, ressort renforcé de la crise du coronavirus et est plus populaire que jamais selon des sondages.
Nouveau round de négociations avec Pristina?
Certains analystes voient dans ce vote la possibilité de relancer les négociations entre le Kosovo et la Serbie, voire d'arriver à un accord final entre les deux pays.
Les discussions entre les deux parties sont interrompues depuis 2018. Les deux présidents Hashim Thaci et Aleksandar Vucic avaient alors lancé informellement l'idée d'une rédéfinition de la frontière entre les deux pays. Le nord du Kosovo, peuplé de Serbes, rejoindrait la Serbie tandis que trois villages serbes, habités en majorité par des Albanais, seraient peut-être rattaché au Kosovo.
Mais depuis, le gouvernement kosovar a changé deux fois. Le Premier ministre issu des élections de 2019, très opposé à toute négociation avec la Serbie, a été évincé sous la pression des Etats-Unis et remplacé par Avdullah Hoti, qui a levé les sanctions économiques contre la Serbie et se dit prêt à négocier avec Belgrade.
Les élections serbes de dimanche, avec la victoire programmée du président Aleksandar Vucic, pourraient permettre de reprendre les négociations là où elles ont été stoppées en 2018.
oang avec Laurent Rouy et l'afp