S'exprimant devant les caméras et des centaines de ses partisans
à Paris, Nicolas Sarkozy a fait part de son "immense émotion" et
exprimé son "respect" à l'égard de son adversaire socialiste
Ségolène Royal. "Je vais rendre aux Français la fierté de la
France", a-t-il aussi assuré, s'engageant à "réhabiliter le
travail, l'autorité, le mérite". "Le peuple français a choisi de
rompre avec les idées, les habitudes et les comportements du
passé", a-t-il dit sous les acclamations.
Pique envers les USA
S'adressant aux partenaires étrangers de Paris, Nicolas Sarkozy
a aussi déclaré que la France serait à la fois aux côtés des
Etats-Unis quand "ils auront besoin d'elle" et des "opprimés du
monde". "Mais je veux leur dire aussi que l'amitié c'est accepter
que ses amis puissent penser différemment", a-t-il ajouté. A cet
égard, il a appelé Washington à "ne pas faire obstacle à la lutte
contre le réchauffement climatique".
Aux "partenaires européens", le nouveau président de la France a
déclaré: "Je crois profondément et sincèrement à la construction
européenne et ce soir la France est de retour en Europe". Les
Français avaient rejeté la Constitution européenne par référendum
en 2005. "Toute ma vie j'ai été européen", a-t-il ajouté.
Félicitations de Chirac
Pour sa part, le président français sortant Jacques Chirac a
appelé son successeur pour le féliciter de sa victoire et a formé
«des voeux pour la réussite de sa mission», a annoncé la présidence
française. Nicolas Sarkozy doit succéder à Jacques Chirac le 16
mai.
Dominique de Villepin a également appelé le nouveau président pour
"le féliciter de son élection à large majorité à la présidence de
la République française", selon Matignon. Le Premier ministre "se
réjouit de cette très nette victoire qui exprime un choix clair des
Français en faveur d'un homme de ses idées et de notre famille
politique".
Ségolène Royal reconnaît sa défaite
La socialiste française Ségolène Royal a
reconnu sa défaite face à Nicolas Sarkozy au second tour de
l'élection présidentielle. Elle s'est engagée à poursuivre son
combat et à engager la rénovation de la gauche au-delà de ses
frontières.
Ségolène Royal s'est exprimée peu après 20h, immédiatement après
l'annonce des premières estimations. «Quelque chose s'est levé qui
ne s'arrêtera pas», a déclaré l'ex-candidate socialiste lors d'une
brève intervention radiotélévisée depuis La Maison de l'Amérique
latine, à Paris.
«J'ai donné toutes mes forces et je continue avec vous et près de
vous», a-t-elle souligné sous les applaudissements de ses
partisans. «Ce que nous avons commencé ensemble nous allons le
continuer ensemble. (...) Vous pouvez compter sur moi pour
approfondir la rénovation de la gauche», a-t-elle assuré.
Bayrou félicite Sarkozy
Le Premier secrétaire du Parti socialiste et compagnon de
Ségolène Royal, François Hollande, a appelé l'ensemble de la gauche
à se rassembler en vue des élections législatives des 10 et 17
juin. "Il y a là une échéance, à la condition que la gauche soit à
la hauteur du défi. Elle doit se rassembler", a-t-il observé sur
TF1. "Face au rassemblement des droites, il faut un rassemblement
des gauches". Et de renchérir: "Une nouvelle époque s'ouvre
nécessairement pour la gauche".
Jack Lang a lui aussi appelé les électeurs à voter en faveur de la
gauche lors du "troisième tour", c'est-à-dire les élections
législatives, soulignant qu'une "assemblée monocolore" était une
"mauvaise chose pour les démocraties".
Le président de l'UDF François Bayrou a quant à lui adressé ses
"félicitations" à Nicolas Sarkozy, tout en appelant droite et
gauche à "conjuguer (leurs) forces" pour l'avenir.
Les félicitations de l'étranger pleuvent
George W.Bush a été l'un des premiers à réagir pour féliciter
Nicolas Sarkozy. Le président américain a indiqué "avoir hâte de
travailler" avec lui. Il a souhaité la poursuite de "l'alliance
solide" entre les deux pays.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a
lui souhaité que Nicolas Sarkozy joue "un rôle moteur" pour
débloquer la crise institutionnelle de l'Union européenne. Angela
Merkel s'est déclarée certaine que "l'amitié franco-allemande"
continuerait avec Nicolas Sarkozy. Romano Prodi et José Luis
Rodriguez Zapatero ont également adressé tous leurs voeux.
La présidente la Confédération Micheline Calmy-Rey lui a également
présenté ses meilleurs voeux.
agences/tac
Liesse, larmes et heurts
Concerts de klaxons avenue des Champs-Elysées, scènes de liesse à proximité du siège de l'UMP, rassemblement géant place de la Concorde, des milliers de personnes ont laissé éclater leur joie dimanche soir à Paris après la victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle.
Dès 20h, une clameur victorieuse assourdissante s'est élevée de la foule des partisans de Nicolas Sarkozy lorsque le visage du nouveau président de la République est apparu sur les écrans géants.
Après avoir hurlé leur joie, les sympathisants de l'UMP ont entonné "La Marseillaise" avant de se rendre place de la Concorde, où une scène encadrée par deux écrans géants avaient été installée pour un concert qui devait se prolonger jusque tard dans la soirée.
Fête aussi à Genève: cris de joie et applaudissements, bientôt couverts par des haut-parleurs hurlant «L'envie» de Johnny Hallyday, ont retenti dimanche soir au kiosque du parc des Bastions. Quelque 300 fans de Nicolas Sarkozy y ont assisté au triomphe de leur champion.
Ambiance morose du côté de la gauche: parmi les milliers de partisans déçus, des dizaines ont éclaté en sanglots. La foule a tenté de faire bonne figure en scandant "Ségolène! Ségolène!", ou encore "Merci Ségolène!"
Des heurts ont éclaté à Paris entre de jeunes manifestants hostiles à Nicolas Sarkozy et la police. Des manifestants, pour certains masqués par des foulards, jetaient des projectiles sur des policiers anti-émeutes. Ces derniers répliquaient par des tirs de grenades lacrymogènes.
Plus de 3000 policiers avaient été déployés dimanche dans les banlieues autour de Paris, théâtre d'émeutes en 2005, et dans la capitale même, dans la crainte de violences liées au résultat du second tour de la présidentielle.
Des incidents ont également éclaté dans le centre de Lyon. Ils ont été provoqués par des partisans déçus de la défaite de Ségolène Royal.
Mais où est Cécilia?
La nouvelle Première dame de France, Cécilia Sarkozy, n'a été aperçue nulle part en public aux côtés de son mari au cours de la journée de dimanche, ni même au moment du discours de victoire du nouveau président à Paris. Déjà pendant la campagne présidentielle, Cécilia était restée en coulisses et n'avait pas assisté aux grands meetings de son mari.
Cette discrétion, aux antipodes de l'extrême médiatisation du couple il y a quelques années, a alimenté de nouvelles conjectures sur le couple Sarkozy, qui s'est séparé pendant un certain laps de temps fin 2005.