Avant la pandémie, un jeune sur 5 était totalement exclu de l'éducation. Et ça pourrait empirer.
Selon la directrice de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) Audrey Azoulay, avec cette crise, "le monde est confronté à des perturbations sans précédent dans l'histoire de l'éducation": 90% des élèves à travers le globe sont touchés par la fermeture des écoles.
Les crises sanitaires sont des amplificateurs des fractures sociales. "Les expériences du passé, comme avec Ebola, ont montré que les crises sanitaires pouvaient laisser un grand nombre de personnes sur le bord du chemin, en particulier les filles les plus pauvres, dont beaucoup risquent de ne jamais retourner à l'école", a-t-elle ajouté.
Partout, sauf dans "les pays à revenu élevé d'Europe et d'Amérique du Nord, pour 100 jeunes parmi les plus riches qui achèvent le deuxième cycle de l'enseignement secondaire, ils ne sont que 18 parmi les jeunes les plus pauvres à y parvenir". "Dans 20 pays au moins, pour la plupart situés en Afrique subsaharienne, pratiquement aucune jeune femme pauvre de milieu rural ne mène ses études secondaires à leur terme", relève encore ce Rapport mondial de suivi sur l'éducation 2020.
A lire >> Rapport GEM 2020 - Inclusion et éducation
Ces crises ont un "effet loupe" sur les problèmes existants: bouleversements technologiques, changements climatiques, conflits, intolérance.
L'efficacité très variable de l'école à la maison
Une réalité observée en Suisse aussi où tous les élèves n'ont pas eu accès aux mêmes outils technologiques, ou au même soutien scolaire de la part de leurs proches.
Le rapport montre qu'en France, jusqu'à 8% des élèves ont perdu le contact avec les enseignants après trois semaines de confinement.
Quelques pistes pour améliorer la situation
L'Unesco estime qu'il faudrait des politiques volontaristes parce que "de nombreux gouvernements" n'ont pas encore mis en oeuvre de principe d'inclusion.
Aucun élève ne doit faire l'objet de discrimination, en raison de son âge, son sexe, son origine, ses finances, l'endroit où il habite, ses croyances, son identité de genre ou son orientation sexuelle.
L'Unesco demande aussi plus de financements ciblés pour ceux qui n’ont pas accès à l’éducation.
Pauline Rappaz/afp/ddup
L'Afrique compte le plus grand nombre de jeunes non scolarisés
En 2018, l'Afrique subsaharienne abritait la plus grande cohorte de jeunes non scolarisés, dépassant pour la première fois l'Asie centrale et du Sud : 19% des écoliers, 37% au niveau du collège, 58% des lycéens potentiels.
Dans le monde, près de 260 millions de jeunes n'avaient pas accès à l'éducation, soit 17% de ceux en âge d'être scolarisés. Et parmi les premiers exclus figurent les enfants défavorisés, les fillettes et jeunes filles, les enfants en situation de handicap, ceux issus de minorités ethniques ou linguistiques, les migrants.
Seulement 12 % des ménages ont accès à Internet
Alors que 55% des pays à faible revenu ont opté pour l'apprentissage à distance en ligne dans l'enseignement primaire et secondaire, seuls 12% des ménages des pays les moins avancés ont accès à l'Internet à domicile, précise l'UNESCO.
Même les approches qui ne nécessitent que de faibles moyens technologiques ne peuvent garantir la continuité de l'apprentissage. Parmi les 20% de ménages les plus pauvres, seuls 7% disposent d'une radio en Éthiopie et aucun n'a de télévision, par exemple.