POURQUOI L'ARMEE AMERICAINE EST-ELLE PRESENTE EN EUROPE ?
Plus de 63'000 soldats américains sont déployés en permanence sur le sol européen, du Portugal à la Pologne, dont la moitié en Allemagne, selon le Pentagone.
Cette présence, qui remonte au sortir de la Seconde Guerre mondiale, a été renforcée par le contexte de Guerre froide qui s'est installé dans les décennies qui ont suivi 1945. Les forces américaines devaient alors permettre de contrer une possible menace soviétique.
Aujourd'hui, les bases américaines en Europe servent de tremplin aux opérations menées par les Etats-Unis en Afrique et au Moyen-Orient. Mais leur présence rassure également à l'est du continent, où ces troupes sont vues comme un pare-feu contre la Russie de Vladimir Poutine.
Après l'annexion de la Crimée par Moscou, en 2014, les Etats-Unis ont d'ailleurs augmenté le nombre de soldats présents par rotation en Pologne à 5500 dans le cadre d'une réponse plus large de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN).
Un pas supplémentaire pourrait être franchi bientôt, à la suite de l'annonce le 16 juin d'une forte réduction des effectifs militaires américains en Allemagne par Donald Trump himself.
QUEL ROLE ENTEND JOUER LA POLOGNE ?
Le président polonais Andrzej Duda est attendu mercredi 24 juin à Washington. Sa visite, la première d'un dirigeant étranger à la Maison Blanche depuis le début de la pandémie de Covid-19, pourrait être l'occasion d'un "renforcement de la coopération" entre la Pologne et les Etats-Unis en matière de défense, a indiqué dans un communiqué la porte-parole de l'exécutif américain Kayleigh McEnany.
La réduction des troupes américaines stationnées en Allemagne va être compensée par un renforcement de la présence militaire américaine en Pologne, avait également déclaré le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg la semaine passée.
Nous protégeons l'Allemagne et ils ont des arriérés, c'est ridicule
Le moment serait-il venu? Le gouvernement conservateur polonais multiplie depuis longtemps les efforts auprès de Washington, qu'il considère comme son plus sûr allié. Depuis trois ans, la Pologne a commandé pour au moins 10 milliards de dollars à l'industrie de défense américaine, indique le journal économique français La Tribune. Varsovie a même été jusqu'à offrir de construire à ses frais une base militaire qu'elle propose de baptiser Fort Trump (!) pour accueillir les troupes américaines.
A quatre jours de la présidentielle polonaise, reportée au 28 juin à cause de la pandémie, une telle annonce pourrait peser dans les urnes alors que le président sortant Andrzej Duda est donné gagnant au premier tour, mais perdant au second tour par les sondages.
POURQUOI DONALD TRUMP EN VEUT-IL A L'ALLEMAGNE ?
Le président américain a annoncé le 16 juin vouloir faire passer de 34'674 à 25'000 les effectifs militaires des Etats-Unis stationnés en Allemagne. Donald Trump a invoqué le "coût énorme pour les Etats-Unis" de cette présence, dans une tentative supposée d'utiliser la sécurité européenne comme levier dans ses négociations commerciales avec Berlin. Cette stratégie ne lui est en effet pas étrangère; il l'a déjà utilisée face à la Corée du Sud et au Japon.
"L'Allemagne a coûté aux Etats-Unis des centaines de milliards de dollars au fil des années en échanges commerciaux, donc ça nous fait du tort sur le commerce et ça nous fait du tort sur l'OTAN", s'est insurgé le président américain. De fait, Berlin ne verse pas 2% de son produit intérieur brut à la défense, comme convenu dans le cadre de l'OTAN, alors que l'Allemagne bénéficie, selon lui, des retombées financières qu'engendrent la présence de ses soldats sur son territoire.
L'annonce de Donald Trump et ses attaques contre Berlin ont accentué les tensions entre Washington et ses alliés au sein de l'OTAN. "Nous pensons que la présence américaine en Allemagne est importante pour la sécurité non seulement de l'Allemagne mais aussi pour la sécurité des Etats-Unis", ainsi que "pour la sécurité de l'Europe", a affirmé le chef de la diplomatie allemande Haiko Maas.
La France a quant à elle réitéré son appel à une plus grande "autonomie stratégique" de l'Europe, au sein de l'organisation, face au "repli" américain.
Juliette Galeazzi, avec Antoine Silacci