Comme il l'avait annoncé, Nicolas Sarkozy a choisi de faire une
brève "retraite" avant de prendre ses fonctions le 16 mai. Le futur
président est arrivé lundi à Malte à bord d'un jet privé et a pris
ses quartiers dans un yacht en compagnie de son épouse Cécilia, de
leur fils Louis, 10 ans, et de quelques proches.
Nicolas Sarkozy et son entourage sont restés très discrets,
notamment envers les médias, si bien que nombre d'informations
contradictoires ont circulé. Certains journalistes ont fait état
d'un départ du bateau pour la Sicile et d'autres ont assuré qu'il
était resté à Malte. Des responsables de l'UMP ont pour leur part
affirmé que leur leader sera de retour en France mercredi.
Escapade surprise
Selon des membres de l'UMP, Nicolas Sarkozy a choisi ce lieu
pour se préparer à sa fonction et pour peaufiner la composition de
son gouvernement, que François Fillon devrait diriger selon la
presse.
Cet escapade surprise hors de France a aussi suscité
l'interrogation dans les médias et dans l'opposition.
L'ex-responsable de campagne de Ségolène Royal Patrick Mennucci
s'est ainsi étonné des vacances de Nicolas Sarkozy sur un yacht de
luxe. Selon lui, "on voit bien le lien qui existe entre le CAC 40
et Nicolas Sarkozy et c'est inquiétant".
Le "Paloma" est un yacht de luxe de 60 mètres de long qui est
disponible à la location pour 173'000 euros la semaine en basse
saison. Le bateau comprend sept cabines et peut accueillir 12
personnes en plus des 16 hommes d'équipage. Son pont supérieur
possède un jacuzzi.
Le PS dans le doute
De son côté, le Parti socialiste
semble toujours en plein remous. Son bureau national s'est réuni
mardi soir pour tenter de resserrer les rangs en perspective des
législatives des 10 et 17 juin prochains.
Laurent Fabius, représentant l'aile gauche du PS mécontente de
l'ouverture au centre opérée par S.Royal, a maintenu mardi qu'il
fallait "le rassemblement de la gauche, un rassemblement ouvert,
mais un vrai rassemblement sur des positions de gauche".
Hollande calme le jeu
Un proche collaborateur de la candidate malheureuse, Jean-Louis
Bianco, a répliqué en estimant que malgré sa défaite, celle-ci
était "absolument légitimée" par le scrutin et que son programme
électoral devait être "la base" des propositions défendues aux
législatives.
Le chef du PS François Hollande, affaibli par l'échec de sa
compagne, a tenté de calmer le jeu en affirmant que c'était à lui
qu'il incombait de "conduire la campagne des législatives". Il faut
empêcher Nicolas Sarkozy d'avoir "une assemblée à sa main et un
parti qui aura tous les leviers", a-t-il déclaré.
agences/boi
DERNIERES OBLIGATIONS POUR JACQUES CHIRAC
Loin de Malte et du PS, Jacques Chirac a présidé mardi pour la
dernière fois les cérémonies du 8 mai, qui célèbrent la fin de la
Seconde Guerre mondiale. Une grande partie du gouvernement était
présent, mais pas son successeur Nicolas Sarkozy.
Sur les Champs-Elysées, le chef de l'Etat a déposé une gerbe de
fleurs au pied de la tombe du Soldat inconnu, sous l'Arc de
Triomphe, point d'orgue du 62e anniversaire de la capitulation de
l'Allemagne nazie.
Selon des habitués, il s'est attardé un peu plus longtemps qu'à
l'accoutumée auprès des participants, serrant davantage de
mains.
La passation de pouvoir entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy se
déroulera le 16 mai. Auparavant, Jacques Chirac aura présidé son
dernier conseil des ministres mercredi 9 mai.
Encore des manifestations
Plusieurs villes de France ont à nouveau été le théâtre de manifestations dans la nuit de lundi à mardi contre l'élection de Nicolas Sarkozy. Des centaines de voitures ont été brûlées.
Des rassemblements de quelques centaines de personnes ont dégénéré en heurts sporadiques à Paris, Lille, Toulouse, Nantes et Rennes notamment.
A Paris, 187 véhicules ont été incendiés et 160 personnes interpellées. Depuis dimanche, plus d'un millier de voitures ont été brûlées et plus de 600 personnes arrêtées.
A Toulouse, trois policiers ont été blessés, 22 personnes interpellées et plus de 60 véhicules brûlés, notamment en centre-ville. A Lille, une centaine de manifestants ont aussi arpenté les rues du centre et provoqué des dégâts.
Le chef du PS français François Hollande a appelé mardi à l'arrêt des "violences" et des actes de vandalisme commis depuis dimanche.
Mardi après-midi, plusieurs centaines de personnes ont encore manifesté, à Lyon et Caen notamment.
Johnny va-t-il quitter Gstaad?
Johnny Hallyday, qui s'était exilé à Gstaad (BE) pour des raisons fiscales, reviendra certainement en France après l'élection de Nicolas Sarkozy, a déclaré sa femme Laetitia à la radio RTL.
Elle a rappelé que le président élu "veut mettre le bouclier fiscal à 50%", contre 60% actuellement. Le "bouclier fiscal" est une mesure visant à plafonner le montant maximum de certains impôts payés par certains contribuables.
L'exil de Johnny avait suscité des vagues en France. Il avait été défendu par Sarkozy, qu'il soutenait pour la présidentielle. A Gstaad, personne n'est au courant d'un éventuel départ.