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Procès Djindjic: lourdes peines prononcées

Milorad Ulemek (centre) a été considéré comme le cerveau du meurtre
Milorad Ulemek (centre) a été considéré comme le cerveau du meurtre
La justice serbe a condamné mercredi à des peines maximales de 40 ans de prison les principaux accusés de l'assassinat de Zoran Djindjic, le Premier ministre qui voulait réformer la Serbie.

Milorad Ulemek, dit "Legija", considéré comme le "cerveau" du
complot et Zvezdan Jovanovic, l'homme qui a tiré sur le Premier
ministre, ont été condamnés à 40 ans de prison.

Bérets rouges

Ils ont été déclarés coupables "d'avoir entre fin 2002 et début
2003 comploté dans l'intention de commettre des crimes contre
l'ordre constitutionnel". Les autres accusés ont reçu des peines de
huit à 35 ans de prison. Treize personnes avaient été inculpées
mais cinq sont toujours en fuite.



Plusieurs accusés, dont Milorad Ulemek et le tireur Zvezdan
Jovanovic, appartenaient à une unité spéciale de la police secrète
serbe (JSO) appelée les "Bérets rouges", qui a été dissoute après
l'assassinat de Djindjic.



Ancien combattant des guerres en Bosnie et au Kosovo dans les
années 1990, Ulemek, 39 ans, était aussi le chef du groupe criminel
de Zemun (banlieue de Belgrade), soupçonné d'une série de meurtres
politiques sous Milosevic et auquel appartenaient également
plusieurs autres accusés.

Motifs pas clairs

Les motivations de l'assassinat de Djindjic n'ont toutefois pas
été entièrement établies. Dans son réquisitoire, le procureur Jovan
Prijic, avait indiqué que "l'objectif principal" avait été de
renverser le gouvernement pour "ramener au pouvoir des personnes
que les criminels auraient pu contrôler".



Après la mort de Djindjic, l'état de siège avait été instauré et
les autorités avaient procédé à des centaines d'arrestations lors
d'une opération d'envergure baptisée "Sabre".



Le tireur Zvezdan Jovanovic a de son côté avoué que "l'assassinat
de Djindjic a été politiquement motivé" et qu'il visait à empêcher
le gouvernement d'arrêter les suspects inculpés par le TPI de la
Haye. Mais Jovanovic s'est rétracté par la suite affirmant que ses
aveux avaient été obtenus "sous la menace".

Salle comble

Les sentences ont été prononcées par la juge principale Mme Nata
Mesarevic devant une salle bondée et en présence des anciens
membres du cabinet de Zoran Djindjic. "Savoir que nous vivons dans
un pays où un Premier ministre peut être assassiné (...) est
particulièrement difficile à accepter", a dit Nata Mesarevic.



afp/tac

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Extradition de Milosevic

L'assassinat de Zoran Djindjic est considéré comme un épisode des plus sombres de l'histoire de la Serbie.

Djindjic, tué à l'âge de 50 ans, avait voulu réformer profondément la Serbie et lui donner une perspective européenne après les années d'isolement et de guerres sous le régime autoritaire de Slobodan Milosevic, chassé du pouvoir en octobre 2000.

C'est également Djindjic qui avait décidé d'extrader Milosevic à La Haye pour qu'il soit jugé devant le Tribunal pénal international (TPI).

L'enterrement de Djindjic avait été suivi par des centaines de milliers de personnes, choquées par une disparition qui avait anéanti leurs espoirs de renouveau et de changement.

Un procès de plus de 3 ans

Ouvert en décembre 2003, le procès, au cours duquel le procureur et le juge principal ont été remplacés, a été perturbé par divers problèmes techniques tandis que la défense a souvent eu recours à une stratégie d'obstruction.

Milorad Ulemek a déjà été condamné à 40 ans de prison pour le meurtre, commandité par Milosevic, de l'ex-président serbe Ivan Stambolic en 2000 et à 15 ans pour sa participation à un attentat contre Vuk Draskovic, à l'époque leader de l'opposition serbe.