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A bord de l'Ocean Viking, les migrants attendent de connaître leur port

SOS Méditerrannée a repris ses sauvetages en Méditerrannée
SOS Méditerrannée a repris ses sauvetages en Méditerrannée / 19h30 / 2 min. / le 29 juin 2020
La vie s'organise à bord de l'Ocean Viking, le navire humanitaire de SOS Méditerranée, quatre jours après le sauvetage de 118 migrants au large de l'île italienne de Lampedusa. L'association cherche désormais un port de débarquement.

SOS Méditerranée a assuré lundi avoir déjà formulé "trois demandes" à l'Italie et à Malte pour obtenir un port de débarquement pour les 118 personnes qu'elle a sauvées jeudi de la noyade. Toutes fuyaient la Libye sur deux embarcations en bois.

Le bateau fait actuellement du surplace entre ces deux pays dans l'attente d'une réponse, indique l'association qui a dû mettre en place un protocole sanitaire strict à bord de l'Ocean Viking, pandémie de Covid-19 oblige, et qui observe l'anxiété monter parmi les rescapés, des hommes - originaires pour la plupart du Pakistan, du Bangladesh et du Maroc - et une femme enceinte.

Masques et désinfection au chlore

Parmi les mesures d'hygiène extraordinaires, des masques et des visières complétaient jeudi l'équipement des marins-sauveteurs de l'Ocean Viking lors des deux opérations menées à quelques heures d'intervalle au large de l'île italienne de Lampedusa.

C'est inacceptable et illégal au regard du droit maritime international qui est très clair, toute personne sauvée en mer doit pouvoir être débarquée le plus rapidement possible dans un lieu sûr

Laurence Bondard, porte-parole de SOS Méditerranée

La désinfection au chlore est de rigueur pour les sauveteurs tandis que du côté des rescapés cantonnés à l'extérieur, prise de température et port du masque sont obligatoires. Mais c'est bien peu de chose aux yeux de Muhammad, rescapé pakistanais qui explique: "Bien sûr qu'on a peur du Covid, ça peut te faire mourir, mais c'est mieux qu'en Libye où il y a beaucoup de dangers".

Repos et sécurité

"Ils ont surtout besoin de beaucoup de repos pour l'instant", explique Maggie, responsable des questions humanitaires à bord. De fait, sur le pont, où des vêtements sèchent sur des cordes en ce samedi après-midi de lessive générale, on ne croise qu'une quarantaine de migrants, toujours les mêmes. Les autres restent généralement assis, à jouer aux cartes, aux échecs, ou dorment la tête sur le baluchon qu'ils ont reçu en guise de kit d'accueil, dans le conteneur de 84 mètres carrés réservé aux hommes, à l'arrière du bateau.

"Franchement, là, c'est hyper calme. Parfois, ça peut monter très vite, surtout quand il y a des Libyens à bord", affirme Ludovic, marin-sauveteur. Il peut cependant arriver que les esprits s'échauffent, si l'un prend trop d'espace au goût des autres, comme ce vendredi matin quand deux hommes ont failli en venir aux mains.

Quand ils ne se reposent pas ou ne scrutent pas l'horizon, les migrants font surtout beaucoup la queue: pour la nourriture, le passage au thermomètre frontal, à la douche (trois minutes maximum, cinq par cinq), et surtout dans le module médical, qui ne désemplit jamais.

Cauchemar libyen

Rien de grave, assure Anne, la médecin. "Il y a surtout des petits bobos, dont on s'occupe pour montrer qu'on prend soin d'eux. Il y a aussi ceux typiques d'une traversée: les brûlures liées au fioul, sur les pieds, les coups de soleil", explique-t-elle. Une personne souffrant de fièvre a immédiatement été placée à l'isolement, avant d'être évacuée par les garde-côtes italiens dans la nuit de lundi à mard.

Ici, en Méditerranée, on peut mourir une fois. En Libye, on meurt tous les jours

Arslan Ahmid, rescapé de 24 ans

Certains cherchent juste une oreille neutre. "Leur deuxième cerveau se réveille progressivement. Ils somatisent tout ce qu'ils ont vu et vécu", juge Anne, au bagage humanitaire bien rempli. Fuir la Libye, la torture, les violences, voilà ce qui les a conduits à risquer leur vie en embarquant sur ces rafiots. Car la situation déjà grave des migrants dans ce pays en guerre a encore empiré depuis le déclenchement en avril 2019 de l'offensive de l'homme fort de l'Est libyen, Khalifa Haftar qui a tenté de prendre Tripoli, siège du Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU.

A bord de l'Ocean Viking, les rescapés redemandent d'ailleurs souvent confirmation que le bateau ne va pas les ramener à leur point de départ. Mais une fois rassurés sur leur sort, ils ne peuvent s'empêcher de rêver à un nouveau départ. A Malte? En Italie, en France? "En fait, peu importe", souligne Imran, 30 ans, qui vient de passer plusieurs mois en Libye. Et de préciser: "je suis sûr que chez vous, en Europe, personne ne va nous torturer".

Reportage TV: Hélène Renaux, à bord de l'Ocean Viking

Adaptation web: jgal avec afp

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Quatorzaine obligatoire à l'arrivée en Italie

Ces dernières semaines, la gestion de la crise sanitaire est devenue un casse-tête pour les navires humanitaires: à la suite de la découverte de plusieurs cas positifs de Covid-19 parmi les migrants secourus par le Sea-Watch 3, l'Italie, où les débarquements reprennent progressivement, a rappelé le protocole pour ces personnes secourues.

Tous, en débarquant, sont soumis à une quatorzaine dans un centre dédié ou à bord d'un autre navire, comme c'est le cas pour les migrants du Sea-Watch 3, transférés sur le ferry Moby Zazà, amarré dans le port sicilien de Porto Empedocle.