La confirmation de l'élection de Gordon Brown à la tête du parti
travailliste, après un scrutin interne où il était le seul
candidat, a été annoncée à une conférence à Manchester (nord-ouest
de l'Angleterre) dimanche après-midi. Ses adversaires n'avaient pas
réussi à réunir suffisamment de soutien pour présenter quelqu'un
contre lui et Gordon Brown a donc été désigné sans suspense. Selon
le système politique britannique, des élections législatives ne
sont pas nécessaires si le parti au pouvoir change de leader à
mi-mandat.
Le salut de Tony Blair
Tony Blair, visiblement ému et dont la sortie a été longuement
applaudie par les travaillistes, a salué en Gordon Brown dimanche
"le nouveau leader du parti travailliste". Tony Blair s'est réjoui
que le parti ait réussi une "transition stable et ordonnée", avant
de serrer la main de son successeur.
"C'est avec humilité et fierté, et avec un grand sens du devoir
que j'accepte le privilège et la grande responsabilité de diriger
notre parti et changer notre pays", a déclaré de son côté Gordon
Brown. "Je justifierai chaque jour et dans chaque acte la confiance
que vous avez placée en moi", a-t-il ajouté en remerciant Tony
Blair pour son leadership ces dix dernières années.
Automatiquement Premier ministre
En prenant la direction du Labour, Gordon Brown, 56 ans, devient
automatiquement le nouveau Premier ministre britannique. Tony Blair
doit donner mercredi sa démission à la reine, permettant à Gordon
Brown d'entrer à Downing Street.
Ce dernier prend la tête d'un parti fortement marqué par Tony
Blair, qui l'a dirigé depuis 1994, d'abord dans l'opposition, puis
en tant que Premier ministre après une écrasante victoire des
travaillistes aux élections législatives de 1997.
C'est la refondation du Labour devenu le "New Labour", un parti de
centre-gauche plus proche du milieu des affaires, orchestrée par
Tony Blair et Gordon Brown, qui a mis les travaillistes au pouvoir.
Le Labour dirigé par Tony Blair a également remporté les
législatives en 2001 et 2005, lui permettant de rester dix ans à
Downing Street.
Le travail ne manquera pas
Mais le parti dont Gordon Brown hérite a vu le nombre de ses
membres s'amoindrir, sa popularité s'effriter, tandis que ses
coffres sont de moins en moins remplis. Gordon Brown va devoir
resserrer les rangs et restaurer la confiance après des allégations
de corruption sur le financement du parti qui ont terni la dernière
année de Tony Blair au pouvoir.
Il devra aussi prouver ses capacités à convaincre l'électorat et
faire mentir ceux qui critiquent son manque de charisme, sa
propension à décider seul, et sa tendance qualifiée de
"stalinienne" à vouloir tout contrôler. Son parcours politique a en
outre été entaché par son soutien à la guerre en Irak. L'Ecossais
aura deux ou trois années au pouvoir avant d'être confronté à une
rude bataille lors des élections générales, organisées en 2009 ou
2010.
agences/cer/sun
Pas de grands changements attendus
L'arrivée de Gordon Brown à Downing Street devrait marquer un changement de style par rapport à celui de l'actuel Premier ministre Tony Blair.
Mais les experts n'attendent pas de grandes inflexions dans la politique ou la diplomatie britanniques.
Avec Tony Blair, Gordon Brown a forgé la philosophie du Labour, et malgré leur animosité personnelle qui s'est développée au fil des ans, ils se retrouvent sur une ligne identique sur la plupart des sujets.
Gordon Brown est par exemple contre un retrait des troupes britanniques d'Irak.
Il est en outre clairement atlantiste, eurosceptique et antiprotectionniste.
Il devrait notamment chercher à ouvrir l'Union européenne à la mondialisation et à la rapprocher de Washington.
Gordon Brown devrait révéler jeudi la composition de son gouvernement, qui devrait compter des nouveaux venus et des figures connues des années Blair comme l'ancien ministre des Affaires étrangères Jack Straw, ou le ministre du Commerce et de l'Industrie Alistair Darling, pressenti aux Finances.
La cote du Labour remonte
Selon un sondage publié dimanche, le parti travailliste devance son rival conservateur pour la première fois depuis 8 mois.
Selon l'"Observer", le Labour obtient 39% d'opinions positives, contre 36% aux Tories.
En outre, 40% des personnes interrogées estiment que Gordon Brown fera un meilleur Premier ministre, contre 22% qui lui préféreraient le dirigeant conservateur David Cameron.