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Liban: fragile, la trêve semble tenir

Au Liban, des réfugiés palestiniens revivent la fuite
Les Palestiniens fuient le camp de réfugiés de Nahr al-Bared
Une trêve fragile tenait mercredi au camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, au Liban nord, théâtre d'affrontements entre l'armée et le Fatah Al-Islam.

Le groupe islamiste a dit qu'il respecterait la trêve mais a
refusé de se rendre à l'armée.



De violents combats, les pires depuis la fin de la guerre civile
en 1990, qui ont fait 68 morts, avaient opposé durant trois jours
les combattants islamistes retranchés dans le camp et l'armée
libanaise qui continue de les assiéger.

Situation calme

La troupe ne peut entrer dans le camp selon un accord tacite en
vertu duquel les douze camps palestiniens au Liban restent sous
contrôle des factions politico-militaires palestiniennes. Elle
maintient cependant des points de contrôle autour des camps.



De source militaire libanaise, on confiait mercredi que la
situation était calme à Nahr al-Bared. «Mais l'affaire n'est pas
réglée. Cela ne sera définitivement terminée qu'avec la fin
définitive de cette bande».

Les réfugiés fuient

Des milliers de réfugiés palestiniens continuaient de fuir
mercredi à pied et en voiture leur camp assiégé de Nahr al-Bared au
Liban nord, de peur d'une reprise des combats entre l'armée
libanaise et les combattants islamistes qui refusent de se
rendre.



Quelques heures à peine après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu
mardi, des milliers de réfugiés avaient déjà pris le chemin de
l'exode pour se rendre dans le camp de réfugiés tout proche de
Baddaoui, la grande ville de Tripoli ou les villages avoisinants.
Hajj Rifaat, un des responsables du mouvement palestinien Fatah à
Baddaoui, où les réfugiés ont été accueillis dans des écoles ou
chez l'habitant, a estimé à quelque 10'000 personnes le nombre des
civils ayant déjà fui.

Croix-Rouge à pied d'oeuvre

Leur départ a été rendu possible par l'ouverture par l'armée
d'un corridor humanitaire aux entrées sud de Nahr al-Bared, qui
abrite quelque 31'000 personnes. Un convoi humanitaire de l'Agence
des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) était à
pied d'oeuvre à Baddaoui, distribuant eau et vivres tandis que
trois ambulances de la Croix-Rouge palestinienne évacuaient des
blessés de Nahr el-Bared.



Mardi, le premier convoi de l'Unrwa arrivé dans ce camp avait été
la cible de tirs qui ont coûté la vie à deux civils palestiniens.
Aucun membre de l'équipe qui accompagnait le convoi n'a été atteint
par les tirs, dont l'origine est inconnue. Le Haut commissaire de
l'ONU aux droits de l'homme Louise Arbour a jugé mercredi
"inacceptable" cette attaque. Louise Arbour a également condamné
"dans les termes les plus forts" les attentats qui ont frappé le
centre de Beyrouth dimanche et lundi.

L'OLP appuie Beyrouth

Face au refus du Fatah Al-Islam de se rendre à l'armée
libanaise, et dans une tentative d'en finir avec le groupe
extrémiste, le représentant de l'OLP au Liban, Abbas Zaki, a
indiqué que son organisation ne s'opposerait pas à une décision du
gouvernement libanais d'envoyer son armée dans le camp.



Mais avant un éventuel feu vert du gouvernement à l'armée pour
entrer dans le camp, les civils devront avoir été évacués selon
lui. Et le chef du Fatah, principale faction de l'OLP au Liban,
Sultan Abou Aynaïn, n'a pas exclu que son mouvement intervienne
"militairement" contre Fatah al-Islam, accusé d'être lié au réseau
Al-Qaïda.

Des camps interdits à l'armée

Les 12 camps de réfugiés palestiniens ne sont pas accessibles à
l'armée libanaise depuis un accord libano-palestinien de 1969, qui
reste tacitement en vigueur bien que déclaré caduque par le
Parlement libanais en 1987. En conséquence, les camps restent sous
contrôle des factions politico-militaires palestiniennes même si
l'armée maintient des points de contrôle aux entrées.



Fatah Al-Islam est soupçonné par la majorité parlementaire
antisyrienne d'être utilisé par les renseignements syriens pour
déstabiliser le Liban, déjà en proie à une grave crise politique
liée à la création d'un tribunal international sur l'assassinat de
l'ex-Premier ministre Rafic Hariri. Cependant la Syrie, ancienne
puissance de tutelle au Liban, a nié tout lien avec ce
groupe.



agences/hof

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Le «Tribunal Hariri» se précise

Le conseil de sécurité de l'ONU devrait rapidement prendre une décision sur la création du «Tribunal Hariri».

Chargée de juger les responsables de l'assassinat de l'ex-premier ministre libanais en 2005, la cour ne sera toutefois pas opérationnelle avant une année.

«Je pense que la décision est une question de jours ou de semaines, maintenant», a indiqué mercredi le conseiller juridique de l'ONU, Nicolas Michel, dans une interview parue dans le quotidien «La Liberté».

Ce tribunal spécial sera imposé par l'ONU au Liban, suite à l'échec de la ratification par le parlement libanais de l'accord bilatéral conclu entre Beyrouth et les Nations unies.

La création de ce tribunal été décidée en 2005 par la résolution 1595 du Conseil de sécurité.

Rafic Hariri a été assassiné, avec 22 autres personnes, dans un attentat à la camionnette piégée en février 2005 à Beyrouth, alors sous contrôle syrien.

La Syrie a été pointée du doigt dans l'attentat contre Rafic Hariri par les enquêteurs de l'ONU mais a démenti toute implication.

Violente explosion à l'est de Beyrouth

Une violente explosion s'est produite mercredi soir dans la ville d'Aley, à l'est de Beyrouth. Au moins cinq personnes ont été blessées, a déclaré un responsable des services de sécurité libanais.

La charge explosive avait été dissimulée dans une petite valise placée près de l'entrée d'un bâtiment résidentiel. L'explosion entendue jusqu'à Beyrouth a causé des dégâts matériels dans les magasins situés dans la rue principale qui a été bouclée par la police, ont rapporté des témoins.

Il s'agit de la troisième explosion qui frappe la capitale libanaise ou ses environs depuis le début dimanche de combats meurtriers autour d'un camp palestinien du nord du pays entre l'armée libanaise et un groupuscule islamiste, Fatah al-Islam.

La ville d'Aley, station de villégiature de la montagne dans une région druze, est très prisée pendant l'été par les ressortissants des riches émirats arabes du Golfe. C'est également le fief du leader et député druze Walid Joumblatt, une des figures de la majorité anti-syrienne.