«Les pourparlers se sont déroulés de manière positive. Reste à
voir les Iraniens agir sur le terrain», a déclaré l'ambassadeur
américain en Irak Ryan Crocker, à l'issue de quatre heures de
discussions avec son homologue iranien Hassan Kazemi-Qomi. «Pour
l'instant, leurs actions contredisent leurs déclarations».
Premier pas
«De manière générale, on peut dire que cette première
négociation a donné des résultats positifs», a de son côté estimé
l'ambassadeur iranien, saluant «un premier pas entre les deux
parties». Il a affirmé que Téhéran «accueillait favorablement»
l'idée de nouvelles discussions.
Revenant sur les discussions avec Ryan Crocker, Hassan Kazemi-Qomi
a assuré que «les deux parties avaient le même point de vue
concernant les défis en Irak et les problèmes de sécurité».
«Occupation» dénoncée
Lors de cette rencontre, qui s'est tenue dans les bureaux du
premier ministre irakien Nouri al-Maliki, Ryan Crocker a «exposé
aux Iraniens un certain nombre de nos motifs directs et précis de
préoccupation au sujet de leur attitude en Irak, de leur soutien
aux milices qui combattent aussi bien les forces de sécurité
irakiennes que les forces de la coalition», a-t-il dit.
Selon lui, la délégation iranienne n'a pas réagi directement à ces
reproches, se contentant d'affirmer son soutien au gouvernement de
Nouri al-Maliki. Elle a aussi dénoncé l'»occupation» américaine de
l'Irak et jugé inadéquats les efforts de formation des forces de
sécurité irakiennes.
Accusations réciproques
Les Etats-Unis accusent depuis longtemps l'Iran d'alimenter les
violences en Irak par son soutien aux milices chiites. L'armée
américaine a ainsi exposé ce qu'elle présente comme des roquettes,
des obus de mortier et des bombes de conception iranienne saisis en
Irak.
Téhéran dément ces accusations et invite plutôt les Etats-Unis à
retirer leurs troupes d'Irak, en jugeant que leur présence nourrit
le cycle de violences entre la majorité chiite et la minorité
sunnite. Les discussions n'ont en revanche pas abordé la question
du programme nucléaire controversé de la République islamique.
Avant le début de cette rencontre, Nouri al-Maliki avait prévenu
que son pays ne servirait pas de base de lancement d'une offensive
militaire contre l'un de ses voisins. Ces propos font apparemment
allusion aux craintes iraniennes d'une attaque des Etats-Unis.
agences/ant/het
Centre de détention découvert
Sur le terrain, les violences ont coûté la vie à 25 personnes dimanche en Irak. Dix-huit d'entre elles ont été tuées dans un attentat au camion piégé qui a frappé le centre de Bagdad, endommageant une mosquée sunnite.
Par ailleurs, les forces américaines et irakiennes ont découvert dimanche un centre de détention géré, semble-t-il, par Al-Qaïda dans la province de Diyala, au nord de Bagdad.
Elles y ont libéré 41 hommes, emprisonnés pour certains depuis quatre mois. La police irakienne a affirmé ne rien savoir de ce qui est arrivé aux geôliers de ce camp de détention de fortune.
Les activistes d'Al-Qaïda exécutent généralement leurs captifs peu après leur enlèvement et l'on ignorait qu'ils géraient ce type de prisons.
Relations rompues en 1980
Ryan Crocker et Hassan Kazemi-Qomi ont échangé une poignée de mains historique avant de s'asseoir l'un en face de l'autre autour de la même table.
Si des responsables de niveau intermédiaire des deux pays se sont parfois rencontrés par le passé, cette rencontre marque toutefois une rupture avec la volonté américaine d'isolement de l'Iran.
Les Etats-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques avec l'Iran en 1980 en pleine crise des otages de l'ambassade américaine à Téhéran. Depuis lors, c'est la Suisse qui représente les intérêts américains en Iran.