Walter Veltroni, 52 ans, devance largement les quatre autres
candidats en lice. Sa principale concurrente, la ministre de la
Famille Rosy Bindi, obtient 14,1% des suffrages exprimés, selon ces
projections.
Cette victoire fait de Walter Veltroni le probable candidat de
la gauche pour le poste de président du Conseil italien face au
milliardaire conservateur Silvio Berlusconi lors des prochaines
élections générales.
3,4 millions de votants
Les sympathisants de la gauche italienne se sont massivement
mobilisés pour ce scrutin interne. Selon les organisateurs, 3,4
millions de personnes ont participé au vote. Les bureaux de vote
devaient fermer à 20h00, mais certains restaient ouverts dans la
soirée pour permettre aux gens faisant encore la file de voter, ce
qui devrait augmenter encore la participation.
«C'est une journée fantastique pour la démocratie italienne. Nous
avons choisi de faire naître un parti à travers des primaires, un
choix absolument original et unique dans l'histoire de la politique
européenne», a déclaré Walter Veltroni (52 ans) en votant à
Rome.
Ces primaires, les secondes en Italie après celles de 2005 qui ont
consacré Romano Prodi comme leader de l'opposition à Silvio
Berlusconi, se déroulent dans un climat de rejet de la classe
politique. Une participation inférieure à un million d'électeurs
aurait été considérée comme un revers pour le très populaire maire
de Rome, selon les experts.
Fusion
Les sympathisants, qui devaient verser un euro symbolique pour
pouvoir voter pour l'un des cinq candidats en course, devaient
également élire les 2400 membres de l'assemblée constituante du
nouveau parti, né de la fusion des DS, la formation issue du Parti
communiste, et de la Marguerite (catholiques de gauche).
Alors que le gouvernement de Romano Prodi s'appuie sur une
coalition de douze partis, l'objectif de cette fusion est de
réduire l'émiettement des forces du centre-gauche. Le PD vise un
objectif d'environ 35 % des voix en cas d'élection.
"La journée de demain ouvrira une nouvelle page de l'histoire
italienne", avait déclaré Walter Veltroni samedi soir en clôturant
sa campagne, tandis que Romano Prodi avait assuré que le vote de
dimanche marquerait "une belle journée pour la démocratie
italienne".
Cohabitation difficile
Walter Veltroni s'est défendu tout au long de la campagne de
vouloir affaiblir le chef du gouvernement, assurant que le nouveau
parti apporterait davantage de «stabilité» à l'exécutif, ce dont
doutent fortement les observateurs.
«Il est évident que Veltroni devra obtenir rapidement une série de
résultats permettant de présenter le PD comme une force de
changement et de modernisation. Il est difficile que les ambitions
de Veltroni, futur chef de gouvernement, puissent cohabiter avec
les exigences de Prodi, chef du gouvernement actuel», soulignait
dimanche le quotidien économique «Il Sole-24 Ore».
Pour «Il Messaggero», le quotidien de Rome, de nombreux hommes
politiques «voient dans le 'parti naissant' le tueur naturel d'un
'gouvernement mourant'», victime des choix impopulaires de Romano
Prodi, au plus bas dans les sondages.
Le score définitif sera rendu public lundi.
afp/ats/tac/bri
Veltroni, métamorphoses de la gauche italienne
Le maire de Rome Walter Veltroni, 52 ans, incarne depuis 20 ans les évolutions de la gauche italienne.
Il fait partie de ces ex-communistes qui, avec les réformateurs de l'ancienne démocratie chrétienne, cultivent le rêve d'un grand parti pragmatique à l'américaine pour assurer enfin une majorité stable aux gouvernements de centre-gauche.
Il y a un peu plus d'un an, cet ancien vice-président du conseil et ministre de la Culture (1996-1998) avait laissé entendre, sans convaincre, qu'un destin national ne l'intéressait plus.
Mais alors que les ministres de Romano Prodi subissent l'usure d'un gouvernement impopulaire, il surfe sur une réputation flatteuse qui peut être un atout pour le nouveau parti.
Elu maire de Rome en 2001 avec 53% des voix, il a été réélu en mai 2006 avec plus de 61% des suffrages, un score encore jamais atteint dans l'histoire de la "ville éternelle".
Si l'opposition critique une gestion dispendieuse et personnelle, il peut aligner un taux de croissance économique local impressionnant (6,1% en 5 ans contre 1,4% en Italie).