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Liban: le Fatah al-Islam sous pression

Le camp de Nahr el-Bared désormais sous contrôle de l'armée
L'armée libanaise a bouclé tous les accès au camp Nahr el-Bared
L'armée libanaise, qui a perdu quatre soldats samedi, a renforcé son offensive autour du camp palestinien de Nahr el-Bared lors de violents affrontements avec les islamistes du Fatah al-Islam. Les combattants ont exclu de rendre les armes.

Après une nuit ponctuée de tirs intermittents, les affrontements
ont repris samedi matin, selon des journalistes sur place. Le
fracas des explosions et des rafales de mitrailleuse retentissaient
autour du camp, bombardé par l'armée libanaise et au-dessus duquel
s'élevaient des colonnes de fumée noire.

L'étau se resserre

L'armée a resserré vendredi l'étau autour du camp de réfugiés au
cours des plus durs combats des deux dernières semaines, qui ont
tué trois soldats libanais et huit combattants.



Samedi, quatre autres soldats ont péri, selon l'armée. Ces décès
portent à 94 le nombre de morts depuis le 20 mai, dont 41
militaires et 41 islamistes.



L'armée a indiqué qu'elle n'était pas entrée dans le camp mais
qu'elle progressait au nord et à l'est dans des zones
résidentielles autour du camp, qui n'a pas de limites clairement
définies. Selon elle, le gros des combattants est retranché dans la
partie nord-ouest de Nahr el-Bared.



Les soldats ont nettoyé des «poches de résistance situées au
contour du camp», a déclaré un porte-parole de l'armée. Ils ont
désamorcé des immeubles piégés par Fatah al-Islam à la lisière du
camp, a-t-il ajouté.

«Opération chirurgicale»

Le Premier ministre libanais Fouad Siniora a affirmé que l'armée
était en train d'effectuer une «opération chirurgicale pour
extirper le Fatah al-Islam de Nahr al-Bared». Selon lui, les
«terroristes» n'ont qu'un seul choix, «celui de se rendre à la
justice et de remettre leurs armes».



«La bataille continuera jusqu'à éradiquer ce phénomène», a dit un
porte-parole de l'armée. «Nous n'avons fixé aucun délai pour la
bataille, notre priorité est d'épargner les civils», a-t-il
ajouté.



Dans un communiqué, l'armée appelle «les membres libanais et
palestiniens de Fatah al-Islam de revenir à la raison». Elle leur
promet un procès juste et équitable.



Mais les islamistes refusent de se rendre et veulent combattre
jusqu'à la «dernière goutte de sang». «Nous ne livrerons pas nos
armes parce que c'est notre fierté», a dit leur porte-parole Abou
Salim Taha.



agences/ant

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Plus qu'un seul médecin dans le camp

Quelque 5000 réfugiés se trouvent encore dans le camp, après la fuite de 25'000 dans le camp voisin de Baddaoui et dans les régions proches à la faveur d'une trêve. Selon le chef militaire du Fatah, le mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas, les réfugiés se trouvant encore dans le camp sont désormais concentrés dans sa partie sud.

«La situation est terrible (...) Le bombardement se concentre sur toutes les routes et plus de 60% du camp ont été détruits», a déclaré à Reuters un habitant. Il ne resterait qu'un seul médecin dans le camp, qui est privé d'électricité. Les deux plus hauts bâtiments du camp ont été détruits.

Depuis plusieurs jours, l'armée a bouclé tous les accès du camp pour éviter la fuite des combattants. Nahr el-Bared est bordé à l'ouest par la mer et à l'est par la route menant à la frontière syrienne.

Echec d'une médiation

Une médiation menée par des religieux proches du mouvement islamiste palestinien Hamas a été interrompue. Cette délégation a lancé un appel au cessez-le-feu afin de continuer la médiation et de permettre l'évacuation des blessés ainsi que l'inhumation des morts.

Les combats ont éclaté il y a près de deux semaines dans ce camp de réfugiés proche de Tripoli, dans le nord du Liban. La majorité anti-syrienne accuse Fatah al-Islam, qui reconnaît des liens idéologiques avec Al-Qaïda, d'être lié aux renseignements syriens. Le mouvement refuse de livrer les assassins de 27 soldats tués le 20 mai dans leurs positions près de Nahr al-Bared.