Avant de prendre part au sommet du G8 de mercredi à vendredi, le
président américain est arrivé lundi en République tchèque, l'un
des deux pays avec lesquels les Etats-Unis négocient pour étendre à
l'Europe leur bouclier antimissile.
Spectre de la guerre froide
Après la fin du sommet, il se rend en Pologne, le second de ces
pays. Le projet a provoqué ces dernières semaines de fortes
crispations avec la Russie, qui y voit une menace, en dépit des
assurances du contraire de la Maison Blanche.
Le président russe Vladimir Poutine a ravivé le spectre de la
guerre froide en menaçant de pointer de nouveaux missiles vers
l'Europe, dans un entretien avec plusieurs médiaux
occidentaux.
Le plan a aussi ses opposants en Europe et en République tchèque,
censée accueillir une station radar tandis que la Pologne recevrait
des intercepteurs de missiles.
Manifestation à Prague
Des jeunes communistes ont manifesté devant l'ambassade des USA
à Prague. Des anarchistes masqués ont pour leur part déployé des
banderoles sur lesquelles on pouvait lire: "Alerte au terrorisme:
Bush est armé et dangereux".
Plus de six Tchèques sur dix sont opposés à l'installation sur
leur territoire d'un système radar, selon des sondages, tandis
qu'un quart seulement des Polonais seraient d'accord pour
accueillir dix intercepteurs de missiles.
George W.Bush, coutumier du fait, s'attend à davantage de
contestation au cours d'un voyage d'une semaine le conduisant dans
sept pays. Il dit y voir un signe de liberté d'expression.
Avec les autres dirigeants des pays industrialisés réunis dans la
distinguée et vénérable station balnéaire de Heiligendamm, non loin
de Rostock, George W.Bush doit essayer de poursuivre les difficiles
efforts de la lutte contre le réchauffement climatique. L'hôtesse
allemande, la chancelière Angela Merkel, en a fait l'une des
grandes affaires du sommet.
Successeur à Kyoto proposé
Avant son départ, le président américain a annoncé une
initiative diversement accueillie. Elle consiste dans la recherche
avec les principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre d'un
objectif global à long terme de réduction des émissions, et la
création d'un cadre succédant au protocole de Kyoto.
Au nom des intérêts économiques, George W.Bush continue cependant
à refuser qu'on impose des limites contraignantes aux émissions. A
Heiligendamm, il compte rallier les soutiens au sein du G8 à sa
"guerre contre le terrorisme", alors que l'engagement en Irak va
au-devant de mois décisifs et que les Américains et l'Otan mènent
une difficile mission en Afghanistan.
L'administration américaine a présenté cette partie du programme
avec moins d'emphase, consciente des résistances. Le sommet sera
aussi une affaire de relations personnelles. George W.Bush y
raffermira ses nouvelles "amitiés" avec Angela Merkel et le Premier
ministre japonais Shinzo Abe.
Rencontre avec Sarkozy
Il rencontrera pour la première fois le nouveau président
français Nicolas Sarkozy. Il verra pour la dernière fois le grand
allié britannique Tony Blair en sa qualité de Premier ministre. En
marge du sommet, il aura des entretiens avec le président russe
Vladimir Poutine, qu'il recevra encore en juillet aux Etats-Unis,
pour le convaincre que le bouclier est aussi dans l'intérêt
russe.
Dimanche cependant, il se rendra en Albanie au moment où le
soutien des Américains et des Occidentaux à une quasi-indépendance
du Kosovo, province serbe ultra-majoritairement albanaise, ajoute
aux crispations avec les Russes.
Première rencontre avec le pape
Mardi à Prague, George W.Bush devait rencontrer les dirigeants
tchèques et prononcer le seul discours de son voyage, en faveur de
la liberté et la démocratie. Il rencontrera des dissidents de
différents pays.
Samedi, il sera reçu pour la première fois le pape Benoît XVI.
Celui-ci, selon le Vatican, évoquera le "problème" de la guerre en
Irak.
agences/tac
Poutine, le seul démocrate?
Le président russe Vladimir Poutine a affirmé lundi.dans une interview parue dans huit médias représentant les huit pays du G8, être «le seul pur démocrate au monde». Il a également ironisé sur le fait qu'il n'avait «plus personne à qui parler depuis la mort du mahatma Gandhi».
«Suis-je un pur démocrate ? Bien sûr, je suis un pur et absolu démocrate», a-t-il déclaré. «La tragédie, c'est que je suis le seul pur démocrate au monde. Voyez ce qui se passe aux USA - C'est l'horreur: des tortures, des sans-abri, Guantanamo, la détention sans procès et sans enquête», a-t-il dit.
«Voyez ce qui se passe en Europe: les violences contre les manifestants, l'utilisation de balles en caoutchouc, de gaz lacrymogène dans une capitale, le meurtre de manifestants dans une autre», a-t-il poursuivi dans une allusion aux manifestations anti G8 en Allemagne et à la mort d'un Russe au cours de protestations à Tallinn contre le déplacement d'un monument soviétique.
«Je ne parle même pas de l'espace post-soviétique. Il y a eu de l'espoir avec les petits gars en Ukraine, mais ils se sont complètement discrédités et s'orientent vers la tyrannie», a poursuivi, non sans ironie, le maître du Kremlin.
Troisième mandat en vue pour Poutine?
Vladimir Poutine s'est également prononcé pour un allongement de la durée du mandat présidentiel, entretenant ainsi le suspense sur ses intentions au-delà de mars 2008 alors qu'il ne peut se représenter pour un troisième mandat. "Je ne vais pas discuter maintenant de la durée du mandat présidentiel, peut-être devrait-ce être cinq ou sept ans, mais quatre ans est évidemment un mandat plutôt court", a-t-il déclaré.
Vladimir Poutine, qui ne peut être candidat à la présidentielle de mars 2008, la Constitution russe limitant à deux le nombre de mandats consécutifs, s'est prononcé en revanche pour le maintien d'une telle restriction.