Les premières délégations doivent arriver mercredi en fin de
matinée à Heiligendamm, coquette station balnéaire de la mer
Baltique (nord-est) transformée pour l'occasion en véritable camp
retranché, protégé par une barrière métallique de 12 km de long et
quelque 16'000 policiers. La chancelière allemande Angela Merkel,
hôte de ce sommet qui se tient jusqu'à vendredi, doit accueillir en
début de soirée ses invités pour un dîner informel dans un château
à une quinzaine de kilomètres de Heiligendamm.
Ce sommet sera le dernier du Premier ministre britannique Tony
Blair et le premier grand rendez-vous international du nouveau
président français Nicolas Sarkozy. La question du réchauffement
climatique, dont l'Allemagne a fait sa priorité pour ce sommet,
promet de donner lieu à d'âpres échanges.
La priorité: le climat
Le président américain George W.Bush veut ouvrir un nouveau
cycle de négociations sur des objectifs de lutte contre le
réchauffement, mais hors du cadre de l'ONU. Or l'Allemagne n'entend
pas reculer sur le rôle des Nations unies. D'autant que le pays
hôte ne manque pas de soutiens: le Canada a souligné lundi la
nécessité de réduire d'au moins de moitié les émissions mondiales
de gaz à effet de serre d'ici 2050, tandis que Nicolas Sarkozy a
appelé à adopter "des objectifs chiffrés" de lutte contre le
réchauffement climatique.
Le ministre à la chancellerie allemande a estimé lundi que, outre
les USA, "la Russie, la Chine ou le Japon sont aussi hésitants".
Pékin a fait par contre un pas lundi en annonçant sa volonté de
réduire ses émissions de CO2 d'environ 50 millions de tonnes d'ici
à 2010. Angela Merkel voudrait aussi impliquer dans les efforts
climatiques les pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Mexique,
Afrique du sud), invités au sommet.
La Russie, point délicat
L'ambiance risque également d'être tendue entre les participants
et le président russe Vladimir Poutine, qui a multiplié avant le
sommet les déclarations fracassantes. Vladimir Poutine a ainsi
menacé de pointer de nouveaux missiles vers l'Europe si les
Etats-Unis y déploient leur bouclier antimissile.
Dans une interview publiée lundi par plusieurs journaux, il
affirme aussi être "le seul pur démocrate au monde", fustigeant les
Etats-Unis et les récentes manifestations violentes en Estonie et
en Allemagne. Washington a commencé à la mi-mai à négocier avec
Prague et Varsovie l'installation d'une station radar sur le sol
tchèque et de dix missiles intercepteurs en Pologne. Le président
Bush est arrivé à Prague lundi soir pour défendre ce projet.
Déjà un millier de blessés
Dans la nuit de lundi à mardi, en Suisse, des opposants au G8
ont mis le feu à deux voitures de luxe neuves dans un garage à
Schlieren (ZH). Les dégâts se montent à près de 200'000 francs.
Samedi, en marge d'une manifestation pacifique d'opposants au G8,
des affrontements entre des groupes extrémistes et la police samedi
avaient fait un millier de blessés.
Dans ce climat très tendu, les chefs d'Etat et de gouvernement du
G8 doivent aussi s'entretenir de l'aide aux pays africains, autre
priorité de la présidence allemande. La Banque mondiale a reproché
aux pays du G8 de n'avoir pas tenu les promesses faites lors d'un
précédent sommet en juin 2005. Enfin, des discussions délicates
sont à attendre à propos du "cycle de Doha" de libéralisation du
commerce et des "hedge funds", des fonds spéculatifs brassant des
milliards de dollars et adeptes de stratégies risquées.
agences/bri
Le Japon prend les rênes du climat
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe va participer au sommet du G8 avec l'ambition de prendre la tête de la campagne internationale contre le réchauffement climatique.
"L'Union européenne et les Etats-Unis sont toujours divisés. C'est la raison pour laquelle le Japon doit prendre l'initiative pour entraîner la communauté internationale dans une direction acceptable par tous", a plaidé Shinzo Abe.
Le Premier ministre japonais a l'intention de s'assurer de la bonne volonté des principaux émetteurs de gaz (Chine, Etats-Unis et Inde) en créant un cadre "flexible et divers, prenant en compte la situation de chaque pays".
La Russie, à expulser du G8?
Si la Russie continue à bafouer les libertés, elle doit être exclue du G8 et des autres groupements internationaux, écrit la dissidente russe Elena Tregoubova dans le quotidien britannique The Independent de mardi.
Dans une lettre ouverte adressée aux dirigeants du G8, elle Tregoubova explique qu'"une tragédie est en train de se produire en Russie, avec des restrictions en matière de droits politiques et individuels qui s'aggravent chaque jour".
Pour la dissidente, le président russe "doit être mis devant un choix net: ou le Kremlin restaure les libertés démocratiques ou la Russie sera expulsée du G8 et des autres clubs internationaux".
Elena Tregoubova a perdu son emploi après avoir écrit en 2003 un livre dans lequel elle racontait son expérience comme correspondante auprès du Kremlin.
L'organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) appelle aussi les dirigeants du G8 à aborder la question des droits de l'homme avec Vladimir Poutine.