Le régime syrien, appuyé par son allié russe, a relancé en décembre dernier son offensive contre Idleb, dernier bastion aux mains de groupes rebelles et djihadistes, avant qu'une trêve précaire parrainée par la Russie et la Turquie entre en vigueur début mars.
L'offensive a fait un million de déplacés et près de 600 morts civils, selon l'ONU.
Bombardements aveugles
"Des enfants ont été bombardés à l'école, des parents ont été bombardés au marché, des patients ont été bombardés à l'hôpital et des familles entières ont été bombardées alors qu'elles fuyaient", a résumé le président de la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie.
Paulo Pinheiro s'est dit "horrifié" de ce qui s'est passé. "Lors de cette campagne militaire, les forces pro-gouvernementales et les groupes désignés par l'ONU comme terroristes ont violé de façon flagrante les lois de la guerre et les droits des civils syriens", affirme le représentant onusien.
Le rapport porte sur la période du 1er novembre au 30 avril et documente 52 attaques en se basant sur près de 300 entretiens et du matériel photographique et vidéo.
Selon la Commission Pinheiro, sur cette période 25 installations médicales, 58 écoles et 14 marchés ont été bombardés, dans l'écrasante majorité des cas par les forces pro-gouvernementales et leur allié russe. Plus de 580 civils ont trouvé la mort.
Les deux camps accusés
Certains de ces "bombardements indiscriminés", notamment sur Maaret al-Noomane, dans la province d'Idleb, et à Atarib, à l'ouest d'Alep, en décembre et février "pourrait être constitutifs de crime contre l'humanité" selon le rapport.
La Commission Pinheiro se penche aussi sur les exactions du principal groupe djihadiste dans la région, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), accusé de "pillages, détention, torture et exécution de civils, y compris des journalistes".
HTS a également "bombardé de façon indiscriminée des zones densément peuplées, semant la terreur parmi les civils vivant dans les zones sous contrôle gouvernemental", selon le rapport.
"Les femmes, hommes et enfants que nous avons interviewés avaient le choix entre être bombardés ou fuir plus avant dans les zones contrôlées par HTS où les droits de l'homme sont violés et où l'assistance humanitaire est très limitée", selon l'enquêtrice Karen Koning AbuZayd.
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afp/oang
Appel à un cessez-le-feu durable
La pandémie de nouveau coronavirus a contribué à une trêve dans les violences, souligne le rapport de l'ONU. Mais en raison de la crainte de la maladie et des "conditions désastreuses", certains reviennent chez eux dans la zone exposée aux violences.
Paulo Pinheiro demande aux parties un cessez-le-feu plus durable et la commission d'enquête appelle celles-ci à ne pas cibler les civils.
Elle souhaite également que les Etats membres de l'ONU approuvent des législations pour pouvoir poursuivre chez eux les responsables des différents crimes internationaux mentionnés dans le rapport.
En plus de neuf ans de conflit, des millions de personnes ont été déplacées. Des millions restent réfugiées. Les violences ont fait au total près de 390'000 victimes, selon l'ONU.