«La guerre froide est terminée, elle est finie» et le projet de
bouclier antimissile est un système «purement défensif qui ne vise
pas la Russie», a déclaré le président américain à Prague, première
étape d'une tournée en Europe.
«La Russie n'est pas notre ennemie», a ajouté M. Bush, qui doit
tenter d'en convaincre son homologue russe jeudi lors d'entretiens
bilatéraux en marge du sommet des pays industrialisés à
Heiligendamm, dans le nord de l'Allemagne.
A cette occasion, son «message» sera: «vous n'avez rien à craindre
d'un système de défense antimissile. Pourquoi ne coopéreriez-vous
pas à un système de défense antimissile (...) ? Envoyez-nous vos
généraux pour qu'ils voient comment un tel système fonctionnerait,
envoyez-nous vos scientifiques», a-t-il dit.
Moscou et Pékin dénoncent
La Russie s'oppose vivement au projet américain qu'elle
considère comme une menace à sa sécurité nationale. M. Poutine
vient de raviver le spectre de la grande confrontation
géostratégique en menaçant de pointer de nouveaux missiles sur
l'Europe.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a de son côté estimé
qu'au lieu de déployer ce bouclier antimissile, Washington ferait
mieux de se concentrer sur les véritables menaces. «Ce que nous
devons tous faire, c'est joindre nos efforts pour combattre les
menaces réelles, pas les menaces hypothétiques», a-t-il dit.
La Chine a elle aussi critiqué mardi le projet américain. Pour
elle, cette initiative porte atteinte à la «confiance mutuelle»
entre les grandes puissances et peut engendrer de «nouveaux
problèmes de prolifération».
Climat en question
Les divergences entre grandes puissances ne portent pas que sur
le projet de bouclier. La chancelière allemande Angela Merkel, hôte
du sommet, espérait obtenir un consensus au sommet sur un objectif
de réduction des émissions de gaz à effet de serre, afin de limiter
l'impact du réchauffement climatique.
Mais la stratégie en matière d'environnement présentée la semaine
passée par M. Bush a modifié la donne. Certains craignent que
Washington ne fasse échouer les efforts pour trouver sous les
auspices de l'ONU un accord qui prolongerait le protocole de Kyoto
après son expiration en 2012.
Le Programme des Nations unies pour l'environnement a appelé les
Huit à surmonter leurs divisions sur les questions climatiques,
alors que Greenpeace a appelé les pays les plus industrialisés à
faire fi de la réticence américaine pour s'engager à réduire
drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre.
L'Allemagne compte aussi obtenir du G8 de nouveaux engagements en
matière d'aide au développement et de financement de la lutte
contre le sida en Afrique, mais là aussi, les divergences
apparaissaient au grand jour avant même l'ouverture du sommet.
Première condamnation
ats/tac
Critiques sur la démocratie
Dans ce contexte tendu, George W. Bush a pris le risque d'ajouter mardi aux tensions en critiquant l'état de la démocratie en Russie et en Chine.
Dans un discours prononcé devant une conférence rassemblant des dissidents et des avocats de la démocratie, il a affirmé qu'»on a fait dérailler» les réformes en Russie et que la Chine résistait à l'ouverture politique.
Le Kremlin a rejeté ces critiques, estimant que le pays partageait des "valeurs européennes et mondiales communes" dans ce domaine.
Ces vifs échanges verbaux entre Russes et Américains laissent craindre un G8 tendu à Heiligendamm, même si la tradition de ces sommets est de ne pas faire publiquement étalage des divergences mais d'afficher les points de concordance.
Nouvelles interpellations
Par ailleurs, onze personnes ont été interpellées à Rostock en marge de manifestations contre le sommet du G8, a annoncé la police, tandis qu'un jeune homme de 31 ans, interpellé samedi, a été condamné à dix mois de prison ferme pour violence.
Lundi, 50 policiers ont été blessés dans de nouveaux heurts. Quelque 2000 membres de groupuscules extrémistes, potentiellement violents, sont encore présents dans la ville, selon les forces de l'ordre.