Publié

La colère des féministes après la nomination de deux ministres français

Des CRS repoussent une manifestation de militantes féministes à Paris, qui s'opposent à la nomination de Gérard Darmanin comme ministre de l'Intérieur, ce dernier étant accusé de viol. [AFP - GEOFFROY VAN DER HASSELT]
Colère des associations féministes françaises après la nomination de Gérald Darmanin à l’Intérieur / Le 12h30 / 2 min. / le 8 juillet 2020
Le remaniement ministériel lundi en France suscite la polémique. Le choix du ministre de l'Intérieur, accusé de viol, et celui du ministre de la Justice choquent les milieux féministes qui préparent une réaction massive. Le gouvernement plaide la présomption d'innocence.

"Remaniement de la honte!" C'est l'expression utilisée à répétition depuis l'annonce du gouvernement de Jean Castex, nouveau Premier ministre de la République française.

Principale cause de cette colère: le choix de Gérald Darmanin comme ministre de l’Intérieur alors qu'il fait l’objet d’une plainte pour viol pour des faits remontant à 2009. Les charges avaient été abandonnées deux fois, mais l’enquête a été réactivée le mois dernier. A noter qu’une deuxième plainte avait été classée sans suite.

>> Lire aussi : L'enquête pour viol visant le ministre français Gérald Darmanin classée

Cette situation n’a pas été considérée comme "un obstacle" à sa nomination selon les mots attribués au président de la République. Emmanuel Macron avait pourtant fait des violences contre les femmes la "grande cause du quinquennat".

L'autre nomination qui suscite la révolte est celle d'Eric Dupond-Moretti, nouveau ministre de la Justice. Le ténor du barreau, qui a critiqué le mouvement "Me too", est accusé par les militantes d'être "complice" et de "défendre les auteurs de viols et de féminicides".

>> Lire aussi : Eric "Acquitator" Dupond-Moretti, un garde des Sceaux déjà critiqué

Présomption d'innocence

"J'assume totalement cette désignation, (Gérald Darmanin) a droit comme tout le monde à la présomption d'innocence", a expliqué mercredi le Premier ministre Jean Castex sur BFMTV.

Interrogé à ce sujet, Gabriel Attal, nouveau porte-parole du gouvernement, défend la même position: "On ne peut pas d'un côté sacraliser la présomption d'innocence en toutes circonstances, et considérer qu'il y aurait des personnes qui, par la fonction qu'elles occupent, ne pourraient pas en bénéficier. "

"Je ne crois pas qu'on puisse considérer que ce gouvernement porterait moins haut que le précédent la question de l'égalité entre les femmes et les hommes, ajoute le porte-parole. Il est plus paritaire parce qu'il y a d'avantage de femmes que d'hommes."

Manifestations prévues en France et ailleurs

Depuis le remaniement ministériel, c'est notamment sur les réseaux sociaux que l'indignation s'exprime, à l'exemple de cette bande dessinée résumant la position des militantes (faire défiler vers la droite):

Dans la rue, des manifestantes se sont rassemblées mardi à proximité du ministère de l’Intérieur lors de la passation de pouvoir à Gérald Darmanin, demandant sa démission.

Des rassemblements ont aussi eu lieu à Lille et à Lyon, mais une mobilisation générale est prévue le 10 juillet. L'activiste féministe Irene a appelé à un soutien international:

Appel apparemment entendu puisque, au-delà de mobilisations dans plusieurs villes françaises, certaines sont prévues devant les ambassades françaises de Londres, Berlin, Bruxelles ou encore Tel-Aviv.

Mouna Hussain (web) / Alexandre Habay (radio)

Publié