Le président américain George W.Bush a haussé le ton mardi en
critiquant depuis Prague la Russie où selon lui "on a fait
dérailler les réformes qui promettaient de donner le pouvoir au
peuple, avec de troublantes conséquences pour l'évolution
démocratique."
Crispation américano-russe
La Russie partage des "valeurs européennes et mondiales
communes" dans ce domaine et ne peut "être d'accord avec les propos
(du président Bush, ndlr) sur le fait que les réformes
démocratiques ont déraillé", a répliqué le porte-parole du Kremlin,
Dimitri Peskov à Kühlungsborn, à proximité de la ville de
Heiligendamm (nord-est) où se déroule le sommet du 6 au 8 juin. La
station balnéaire de la mer Baltique a été transformée en camp
retranché. Elle est protégée par une barrière métallique de 12
kilomètres et quelque 16'000 policiers.
Outre l'évolution démocratique, la crispation entre George W.Bush
et le président russe Vladimir Poutine porte sur le projet
américain de déployer un bouclier antimissile en Europe de l'Est,
violemment rejeté par Moscou. La confrontation entre les deux
hommes menace d'occulter les âpres débats prévus sur le
réchauffement climatique.
Quelle place pour le climat?
Le président américain veut ouvrir un nouveau cycle de
négociations avec les grandes économies mondiales sur la réduction
des émissions de gaz à effet de serre, mais hors du cadre de l'ONU.
Or l'Allemagne, qui bute déjà sur le refus américain de fixer des
objectifs contraignants de réduction du CO2, s'y oppose.
Les Etats-Unis, qui n'ont pas signé le protocole de Kyoto,
refusent de souscrire aux objectifs contraignants envisagés pour la
suite par la présidence allemande du G8, sur la base des
recommandations des scientifiques du Giec: ils visent à limiter à
2°C d'ici à 2050 le réchauffement climatique, par rapport à l'ère
pré-industrielle, soit 1750. Cette mesure supposerait une réduction
de moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) par
rapport à 1990, mais, pour les pays industrialisés, une division
par quatre.
Angela Merkel, qui voudrait aussi impliquer dans les efforts
climatiques les pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Mexique,
Afrique du sud), continue à espérer que "de grands pas en avant
seront faits" à Heiligendamm. Les partenaires du forum doivent
aussi s'entretenir de l'aide aux pays africains, autre priorité de
la présidence allemande.
afp/cab
Climat: les réponses internationales
La Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 1992 impose aux pays industrialisés la responsabilité première de la lutte contre le réchauffement.
Collectivement, les pays du G8 qui représentent 13% de la population mondiale sont responsables de 45% des émissions mondiales de GES.
Le Protocole de Kyoto, conclu en décembre 1997 et entré en vigueur en février 2005, impose des objectifs différenciés de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) aux seuls pays industriels (35 et l'UE) qui l'ont ratifié (émissions de la période 2008-2012 5% à ramener en dessous du niveau de l'année de référence 1990).
Les Etats-Unis - premier pollueur - et l'Australie, n'ont pas ratifié le protocole et sont les seuls gros pays industrialisés à n'y être pas tenus. Les pays émergents comme la Chine, l'Inde ou le Brésil sont exonérés, comme l'ensemble des pays en développement.
Mais l'Agence internationale de l'énergie estime que les émissions de la Chine dépasseront celles des Etats-Unis en 2O09.
En vue de l'après Kyoto en 2012, l'UE propose une réduction de moitié des émissions mondiales de GES d'ici 2050 par rapport à 1990, ce qui imposerait aux pays industrialisés d'amputer les leurs de près de 80%.
Les Etats-Unis rejettent tout engagement contraignant tant que les économies émergentes n'y sont pas soumises.