La chancelière Angela Merkel va devoir rabaisser ses ambitions
au G8 sur le réchauffement climatique, en haut de l'agenda du
sommet de Heiligendamm (nord-est): les Etats-Unis refusent qu'un
objectif global à long terme de réduction des gaz à effet de serre
(GES) soit annoncé.
Dîner au château
Ce conclave annuel des pays les plus industrialisés s'est ouvert
par une réception et un dîner dans un château baroque dans un cadre
champêtre. Auparavant, devant Angela Merkel, le président américain
George W. Bush s'est voulu encourageant en assurant "vouloir
travailler avec (le G8) à un accord post-Kyoto" sur la réduction
des émissions de gaz à effet de serre.
Pourtant, a reconnu Angela Merkel, "il est clair que les objectifs
définis par les Européens ne peuvent être tous partagés
immédiatement par le reste du monde". "La vraie question est:
aura-t-on avancé à la fin du sommet? (...) ceci implique la
reconnaissance de l'origine humaine du changement climatique et
qu'il nous faut un processus dans lequel l'Onu soit impliqué",
a-t-elle martelé.
Etats-Unis intraitables
Jim Connaughton, un responsable de l'administration américaine
pour l'environnement, a précisé que les Etats-Unis ne veulent pas
entendre parler d'engagement avant des discussions au cours des 18
prochains mois avec les principaux pays émetteurs, notamment la
Chine et l'Inde.
Selon Jim Connaughton, le communiqué final n'énoncera pas
d'objectif global à long terme: "nous ne sommes pas préparés à
adopter une telle proposition". Le Premier ministre nippon Shinzo
Abe a déclaré que le Japon et les Etats-Unis partageaient la
recherche d'un "cadre réaliste" mais "souple".
Cette position illustre le rôle de médiateur qu'entend jouer
Shinzo Abe entre Européens et Américains. Mme Merkel a reçu en
revanche des soutiens clairs des autres membres du G8 pour son
approche sur le climat, qui prévoit dans le cadre de l'Onu une
entente dès 2009 sur un nouvel accord post-Kyoto (après 2012)
fixant des objectifs quantifiés.
Soutien de Sarkozy
Le président français Nicolas Sarkozy a ainsi réitéré son
souhait d'obtenir au sommet du G8 "un objectif chiffré" dans le
texte final. George W. Bush a par ailleurs rejeté mercredi l'idée
que l'escalade verbale entre Russie et Occidentaux puisse être
suivie d'une escalade militaire, en dépit des menaces du
Kremlin.
"La Russie ne va pas attaquer l'Europe", a assuré George W.Bush.
Angela Merkel a abondé: "la guerre froide est finie". Plusieurs des
alliés européens de George W.Bush ont prôné la fermeté avec
Vladimir Poutine. Le Premier ministre britannique Tony Blair a
promis une "franche discussion" avec lui. Le président français
Nicolas Sarkozy a déclaré son intention d'avoir un dialogue franc
avec lui.
Autre dossier: l'Afrique
Sur l'autre grand dossier du G8, l'aide au continent africain,
le pape Benoît XVI a appelé solennellement mercredi les huit à
respecter leurs promesses "d'augmenter substantiellement l'aide au
développement" adoptées au G8 de Gleneagles en 2005.
Certains pays seraient réticents à accorder de nouvelles aides,
selon des sources des délégations.
afp/tac
Violentes manifestations
La police commençait mercredi soir à déloger les manifestants qui bloquaient encore l'accès routier à d'Heiligendamm. Sur l'un des deux points d'accès, les policiers ont utilisé des canons à eau pour disperser les centaines de personnes rassemblées sur une route. Des policiers à cheval ont aussi participé à l'opération.
Au niveau de l'autre point de passage, les manifestants bloquaient toujours la route. Jusqu'à 10'000 manifestants ont été recensés par la police mercredi tout autour de la barrière de sécurité.
La police, dont huit agents ont été blessés notamment par des jets de pierre, a indiqué avoir interpellé 88 personnes. Selon l'organisation altermondialiste "G-8-Block", la police a aussi utilisé du gaz lacrymogène.
D'après la presse , plus d'un millier de policiers devaient être envoyés en renfort aux 16'000 agents environ déjà sur place. Plusieurs hélicoptères surveillent également la zone.
Plusieurs dizaines d'actions ont émaillé la première journée du G8, notamment autour de l'aéroport de Rostock-Laage, où sont arrivés au cours de la journée les chefs d'Etat et de gouvernement.
La Cour constitutionnelle allemande a par ailleurs confirmé mercredi l'interdiction de la manifestation principale prévue jeudi par les altermondialistes aux abords du sommet, en invoquant des risques de dérapages violents. En conséquence, les organisateurs l'ont totalement annulée.
Samedi, plusieurs centaines de policiers avaient été blessés lors d'échauffourées avec des manifestants radicaux à Rostock, non loin de Heiligendamm. Ces heurts avaient fait un total d'un millier de blessés dans les deux camps.
Mardi et mercredi, un tribunal de la ville a condamné deux Espagnols et deux Allemands pour "trouble à l'ordre public" à entre neuf et dix mois de prison ferme, un Polonais à six mois avec sursis, pour leur participation à ces violences.