En Suisse aussi, les spécialistes se sont sentis parfois démunis face à leurs patients. Le nouveau coronavirus a crée un véritable raz-de-marée, et c'est finalement toute la chaîne de la lutte contre le SIDA qui s'en est trouvée impactée.
"Le VIH est une maladie infectieuse transmissible, dont on essaie, encore en 2020, de contrôler l'épidémie", explique Alexandra Calmy, infectiologue et responsable de l'unité Sida aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). "On s'est donc retrouvé avec une collision de deux pandémies à contrôler. Et on les contrôle de la même façon: par des tests de dépistage, et en s'assurant que le traitement est bien pris. Il fallait se mobiliser pour le Covid, mais comment le faire en minimisant le risque de perdre le contrôle sur l'autre pandémie, celle du VIH?", interroge la doctoresse.
De nombreux pays risquent aujourd'hui une rupture de stock au niveau des traitements anti-rétro-viraux. Si tel n'est pas le cas en Suisse, c'est en revanche au niveau du dépistage et du suivi des patients que les choses sont devenues compliquées dans notre pays.
Priorité donnée au Covid-19
"Dans notre hôpital, aux HUG, on a dû s'organiser de manière urgente, rapide", témoigne Alexandra Calmy. "Du jour au lendemain, j'ai dû arrêter de voir des patients. Je ne pouvais plus faire de charge virale pour vérifier l'efficacité du traitement, parce que le laboratoire de virologie était complètement surchargé par les test Covid", raconte la responsable. "A un moment donné, j'ai eu peur pour nos patients, je me suis demandé comment on allait faire pour assurer la qualité des soins. J'espère que les patients ne nous en veulent pas trop", glisse-t-elle.
Au niveau de la recherche également, la lutte contre le sida ne doit pas passer au second plan: plus d'un million et demi de personnes continuent à être infectées chaque année dans le monde.
Sophie Iselin/kkub