Les nominations du premier au ministère de l'Intérieur et du second à la Justice ont suscité, dès l'annonce du nouveau gouvernement lundi, de nombreuses réactions politiques et citoyennes. Une enquête est en cours contre Gérald Darmanin pour viol, alors que le ténor du barreau Eric Dupond-Moretti a critiqué le mouvement "Me too" et est accusé de "défendre les auteurs de viols et de féminicides".
>> Lire : Eric Dupond-Moretti à la Justice dans le nouveau gouvernement français
"Nous sommes là pour réclamer la démission d'une partie du gouvernement. Quand j'ai appris ces nominations, j'ai pleuré car j'ai moi-même été victime de viol, pour moi comme pour toutes les victimes, c'est une insulte", a affirmé dans la foule massée devant le Palais de justice de Toulouse Anouck Lagarrige, une salariée du secteur de la culture de 22 ans.
"L'égalité hommes-femmes était supposée être un grand chantier du quinquennat, c'est complètement enterré", a-t-elle déploré au milieu d'environ 300 personnes.
Nombreux slogans pour crier l'indignation
"Bienvenue au ministère du viol", "Violeurs en prison, pas au gouvernement", "Un violeur à l'Intérieur, un complice à la Justice" à Toulouse, "On se lève et on se bat", "Remaniement de la honte", "Stop à l'impunité", à Lille, "La colère des femmes gronde" à Paris, "un violeur à l'Intérieur, sortons les sécateurs" à Saint-Etienne: les panneaux brandis ne laissaient aucun doute sur l'indignation des manifestants, en majorité des femmes.
"La présomption d'innocence, on la brandit facilement quand ça touche des hommes blancs hétérosexuels, si demain quelqu'un d'entre nous devait avouer être accusé de viol lors d'un entretien d'embauche, je doute qu'il aurait le job", a relevé Alain Ranaivonjatovo, un salarié de 26 ans qui manifestait également à Toulouse.
"Depuis des mois, tout le monde tente de faire bouger des choses et là, c'est de pire en pire, notre ministre de l'Intérieur est accusé de viol, c'est dingue...", a dénoncé Lara, qui tenait parmi environ 200 manifestants à Lille une pancarte: "Tous les dinosaures doivent disparaître".
Un air de désespoir
Les manifestants étaient environ un millier sur le parvis de l'Hôtel de Ville à Paris, également à l'appel du collectif féministe #NousToutes. "La nomination de Darmanin est un crachat à la gueule de toutes les victimes", a estimé Nollaïg, étudiante de 24 ans rencontrée à Paris. "Ce genre de rassemblement va réveiller les gens", espère-t-elle.
Alors que les manifestants scandaient "la honte!, la honte!" et chantaient "la grande cause du quinquennat et le Grenelle, c'était du blabla", la militante féministe Caroline de Haas de son côté assuré qu'"on n'attend pas la démission (du gouvernement), on n'attend plus rien".
afp/oang