Rentré précipitamment de vacances jeudi soir, Albert II a
accepté la démission d'Yves Leterme. Il l'avait chargé cinq
semaines plus tôt de bâtir une coalition comprenant des libéraux et
des chrétiens-démocrates, tant francophones que flamands.
Echec pour Yves Leterme
Au cours de ses prochaines consultations, le roi ne pourra
cependant que constater que la Belgique sort ébranlée de la
tentative avortée d'Yves Leterme, l'homme qui avait rassemblé le
plus de voix en Flandre, la région la plus riche et la plus peuplée
du pays, où vivent 60% des 10 millions de Belges.
Les élections de juin avaient permis de brosser le portrait de
deux communautés linguistiques aux aspirations diamétralement
opposées, créant un clivage d'une ampleur inédite.
Des aspirations contradictoires
Les Flamands ont massivement voté pour des partis réclamant peu
ou prou une Belgique «confédérale», c'est-à-dire cogérée par les
régions dont les pouvoirs seraient étendus, alors que les 4,5
millions de francophones, en Wallonie et à Bruxelles, ont soutenu
des formations promettant de les «défendre» face aux revendications
flamandes.
Une impression de blocage présente au soir des élections et qui
s'est renforcée tout au long des discussions menées dans une grande
confusion par Yves Leterme.
ats/lan
Les solutions du roi
Albert II peut mener lui-même des consultations, comme il l'avait fait après les législatives du 10 juin.
Le roi peut aussi nommer un ou plusieurs «sages» chargés de désamorcer la crise.
Il peut encore désigner directement un nouveau «formateur» s'il estime qu'un gouvernement a des chances de voir le jour dans un délai raisonnable.
Eclatement possible
Si un dialogue ne parvient pas à s'instaurer, «un risque de radicalisation existe, surtout côté flamand», prévient le quotidien «De Standaard».
Ce quotidien, proche des milieux chrétiens-démocrates flamands, évoque un scénario d'éclatement de la Belgique dont les francophones seraient responsables.
Une analyse que le politologue flamand Marc Devos tempère toutefois. Selon lui, «le sentiment de crise» ne dépasse actuellement pas les cercles politiques, la situation n'étant pas perçue comme «dramatique» par l'opinion belge.