"Le roi a chargé Monsieur Yves Leterme de former un
gouvernement. Celui-ci a accepté cette mission", a annoncé le
palais dans un communiqué lapidaire peu après 22h00 (19h00
GMT).
Ce choix était attendu après qu'un autre chrétien-démocrate
flamand, le président de la Chambre des députés Herman Van Rompuy,
eut annoncé plus tôt samedi avoir trouvé - après un mois de
négociations entre partis chrétiens-démocrates et libéraux tant
francophones que néerlandophones - "suffisamment d'éléments de
convergence" pour tenter à nouveau de former un gouvernement.
Yves Leterme, sorti vainqueur côté flamand des législatives du 10
juin dernier, avait en effet été désigné par Albert II en juillet
pour une première tentative. Mais au bout de cinq semaines, il
avait dû jeter l'éponge, ayant été incapable de jeter les bases
d'un accord.
Fossé d'incompréhension
Avec son style cassant, il avait même réussi la
contre-performance de creuser encore un peu plus le fossé
d'incompréhension entre Flamands qui souhaitent plus d'autonomie
pour leur région, la Flandre, et les francophones de Wallonie et de
Bruxelles qui y voient au contraire une menace pour la survie de
l'Etat fédéral belge.
La crise politique ouverte par les législatives s'était alors
approfondie, rendant tout d'un coup crédible l'hypothèse d'une
scission du pays.
afp/ant
La réforme de l'Etat au coeur du conflit
La Belgique est plongée dans une profonde crise politique depuis les législatives du 10 juin. Les partis victorieux flamands - qui représentent quelque 60% des 10 millions de Belges - réclament une nouvelle réforme de l'Etat fédéral renforçant l'autonomie des régions et donc de la Flandre.
Les partis francophones s'y sont toujours montrés au minimum réticents, dénonçant un projet d'affaiblissement du pouvoir fédéral menaçant l'existence même de la Belgique.
Sans prôner l'indépendance comme les extrémistes, les grands partis flamands exigent en particulier que la Flandre aient les coudées franches pour gérer son économie et que son "caractère néerlandophone" soit renforcé, notamment en mettant fin à la possibilité qu'ont actuellement quelque 150'000 francophones de Flandre de voter, lors des législatives, pour des francophones de Bruxelles.