La semaine dernière, une journaliste russe a été condamnée à une lourde amende pour apologie du terrorisme, alors qu'un autre, spécialiste des questions de défense, a été accusé de trahison. Plusieurs opposants au régime ont par ailleurs été interpellés.
L’après-référendum se révèle donc chargé sur le plan judiciaire en Russie, et certains observateurs n’hésitent pas à faire le rapprochement avec le début des purges staliniennes en 1937.
"En réalité, cette logique répressive est là depuis de nombreuses années", relève le directeur de l’Observatoire franco-russe Arnaud Dubien qui estime que les autorités n’ont pas voulu faire de vagues avant le vote. "Je ne crois pas que l’atmosphère ait changé de façon cardinale depuis le référendum", dit-il. "En réalité, ces affaires étaient déjà dans les tuyaux depuis assez longtemps."
Un gouverneur élu face au candidat du Kremlin
A Khabarovsk, ils étaient des milliers le week-end dernier, et plusieurs centaines encore lundi, à dénoncer l’arrestation de leur gouverneur, Sergueï Furgal. Accusé d’avoir participé à des meurtres commis dans les années 2000, il avait été élu devant le candidat du Kremlin en septembre 2018.
Pour Arnaud Dubien, c'est ce tour de force qui explique les manifestations de ces derniers jours: "Une bonne partie des habitants de la région de Khabarovsk ont l’impression de s’être fait voler leur élection, leur gouverneur, quel qu’il soit finalement, au-delà de sa personnalité", analyse-t-il.
Pas de véritable évolution politique au Kremlin
Aux yeux de cet observateur, il est encore trop tôt pour imputer toutes ces affaires à l’acceptation du référendum. "Est-ce qu’il change les mentalités, les pratiques, y compris dans les cercles de pouvoir? Je ne crois pas", dit-il. "La volonté de Poutine, c’est de mettre sous le tapis l’échéance de 2024, de gagner du temps et de reprendre la maîtrise du calendrier politique."
Rendez-vous est pris désormais pour le mois de septembre prochain, quand plusieurs régions se choisiront un gouverneur, avant les élections régionales russes de l’année prochaine.
Jean-Didier Revoin/oang