Selon l'entourage du Premier ministre désigné Salam Fayyad, un
économiste indépendant jouissant de la confiance des Occidentaux,
le nouveau gouvernement "devrait être composé de dix ministres
n'appartenant ni au Fatah ni au Hamas". "Six ministres sont de
Cisjordanie et quatre de la bande de Gaza", a-t-on précisé.
La première priorité du cabinet de crise sera d'assurer la loi et
l'ordre et d'éviter que les troubles ne s'étendent à la
Cisjordanie, a souligné Hanane Achraoui, figure du Conseil
législatif palestinien.
Deux gouvernements
Pour sa part, le Hamas a rejeté la nomination de Salam Fayyad et
Ismaïl Haniyeh a fait savoir que son gouvernement continuerait à
assumer ses fonctions. Les Palestiniens risquent maintenant de se
retrouver avec deux gouvernements: celui dirigé par le Hamas à Gaza
et le nouveau cabinet formé par Mahmoud Abbas en Cisjordanie.
Et la situation n'est pas près de se détendre: le chef en exil du
Hamas Khaled Mechaal a déclaré dans la soirée de vendredi
"respecter" Mahmoud Abbas et vouloir coopérer avec lui dans
l'intérêt national, ce que Mahmoud Abbas a immédiatement décliné,
rejetant "tout dialogue" avec le Hamas.
"Ce qui s'est passé à Gaza était nécessaire. La population
souffrait à cause du chaos et du manque de sécurité et cette
solution était nécessaire", a malgré tout indiqué Khaled Mechaal
lors d'une conférence de presse à Damas. "L'absence de sécurité a
plongé la crise vers l'explosion", a-t-il ajouté.
Fuite vers Israël
Craignant des représailles du Hamas, surtout après la diffusion
par des télévisions des images de l'exécution barbare d'un chef
militaire du Fatah, une centaine de membres des services de
sécurité se sont rués vers le passage d'Erez à la frontière avec
Israël pour tenter de fuir, ont indiqué des témoins.
L'armée israélienne, qui a fermé tous les points de passage de la
bande de Gaza, a annoncé que ses soldats avaient tiré en l'air pour
disperser les Palestiniens.
En Cisjordanie, la multiplication des attaques menées par les
partisans du Fatah contre leurs rivaux du Hamas suscitait les
craintes d'une flambée de violence semblable à celle qui a ravagé
la bande de Gaza (voir ci-contre). A Gaza, quatre
activistes ont été tués samedi.
Pour sa part, l'agence de l'ONU pour le secours aux réfugiés
palestiniens (UNRWA) a appelé à la réouverture des points de
passage de la bande de Gaza afin d'éviter une crise humanitaire
dans ce territoire coupé du monde depuis vendredi.
agences/boi/bri
La maison de Yasser Arafat pillée
Des centaines d'hommes armés du Fatah ont pris d'assaut samedi le Parlement palestinien et des ministères en Cisjordanie, des bâtiments contrôlés par le Hamas, minoritaire dans cette région.
Certains ont aussi essayé de s'emparer du vice-président du Parlement, un indépendant, mais ils ont été arrêtés par des employés du Fatah.
Des militants des Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa du Fatah ont saccagé une dizaine de bureaux d'organisations liées au Hamas. Une école islamique, un centre culturel, des organisations de charité ainsi qu'une TV et une radio ont été vandalisés.
Dans la bande de Gaza, une foule a pillé la maison du défunt Yasser Arafat, détruisant un des symboles les plus forts du Fatah dans ce territoire.
A Gaza aussi, le directeur de la police palestinienne a interdit aux policiers de travailler avec le Hamas, sous peine d'être considérés comme des mutins.
Discussions entre Olmert et Bush
La prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas sera au centre des entretiens de mardi à Washington entre le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le président américain George W.Bush.
"MM. Bush et Olmert devraient examiner les moyens de soutenir Abbas", le président palestinien modéré, a indiqué l'Etat hébreu.
Israël s'est dit prêt à reprendre une "coopération totale", y compris financière, si le nouveau gouvernement reconnaît l'Etat hébreu.
Les USA ont affirmé que l'embargo sur l'aide internationale aux territoires palestiniens sera levé si le nouveau gouvernement ne comprend aucun ministre lié au Hamas, selon un conseiller du président M.Abbas.