Gordon Brown, 56 ans, qui attendait ce moment depuis des années,
s'est engagé à faire de "son mieux". "Et maintenant, que le
changement commence", a-t-il déclaré, souriant, en arrivant à
Downing Street accompagné de son épouse Sarah. Il avait peu avant
été confirmé comme Premier ministre par la reine Elizabeth au
palais de Buckingham, lors d'une audience d'un peu moins d'une
heure.
Gordon Brown a promis de répondre aux "aspirations de tout le
pays", et de rassembler "au-delà des étroits intérêts" du parti
travailliste. "Je construirai un gouvernement de tous les talents",
a insisté le nouveau Premier ministre, qui devrait annoncer
rapidement la composition de son nouveau cabinet.
Dernier hommage
Tony Blair, qui dominait depuis dix ans la vie politique
britannique, avait peu avant officiellement présenté sa démission à
la reine Elizabeth. Redevenu simple député, il n'a pas dit un mot,
en quittant, souriant, le palais royal avec son épouse
Cherie.
Pour la 318e et dernière fois, Tony Blair, visiblement ému, a
répondu à la mi-journée aux questions hebdomadaires des députés,
qui l'ont applaudi debout, à la fin d'une séance où il a reçu
l'hommage des dirigeants de l'opposition, et du pasteur
nord-irlandais Ian Paisley.
Tony Blair y a pour la dernière fois défendu sa décision d'engager
les troupes britanniques en Irak, la tache sur son bilan. Il ne
s'en est pas excusé, mais s'est dit "vraiment désolé pour les
dangers auxquels sont confrontés les soldats en Irak et en
Afghanistan".
Un allié rival
Gordon Brown, son allié devenu rival, ouvre désormais un nouveau
chapitre de l'histoire politique britannique. Moins charismatique
que Blair, cet austère fils de pasteur écossais s'était déjà
présenté comme l'homme prêt à "relever le défi du changement",
exercice difficile après avoir été pendant dix ans l'un des poids
lourds du gouvernement Blair.
Il a promis un changement de style, plus sobre, moins "célébrité",
mais est resté discret sur ses projets précis, répétant mercredi
son souci de poursuivre le changement en matière de santé,
éducation, logement et de restaurer la confiance dans le
gouvernement.
Pas de grands changements attendus
Gordon Brown a promis de relever le défi du changement. Mais les
analystes n'attendent pas d'inflexion majeure de la politique
britannique.
Avec Tony Blair, il a forgé la philosophie du New Labour, et
malgré leur animosité personnelle qui s'est développée au fil des
ans, ils se retrouvent sur une ligne identique sur la plupart des
sujets. Comme Blair, Brown est clairement atlantiste, mais il s'est
engagé à être "très franc" avec G.W.Bush.
afp/ant
Tony Blair émissaire du Quartette
Dans la foulée de sa démission de Downing Street, Tony Blair a été désigné mercredi envoyé spécial du Quartette au Proche-Orient.
Tony Blair «sera soutenu dans sa tâche par une petite équipe d'experts qui sera basée à Jérusalem et secondée par des pays et des institutions partenaires», a expliqué une porte-parole de l'ONU à New York.
La candidature de Blair a été soutenue par Washington et par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon, mais plus froidement accueillie à Moscou, qui a cependant finalement choisi de ne pas s'y opposer. L'Union européenne était également divisée sur la question.
Réactions mitigées
La désignation de Blair a été saluée aussi bien par le président palestinien Mahmoud Abbas que par le Premier ministre israélien Ehud Olmert.
Le Hamas, qui a pris le contrôle de Gaza le 14 juin après de violents combats avec les forces fidèles à Mahmoud Abbas, a pour sa part déclaré «voir d'un mauvais œil» le choix d'un homme qu'il présente comme un allié d'Israël et non du peuple palestinien.
Le président américain George W. Bush a salué la nomination de Tony Blair, qui a été son allié indéfectible en Irak, mais la Maison Blanche a mis en garde contre les attentes exagérées.
De nombreux observateurs voient Tony Blair comme une personnalité compromise pour avoir engagé le Royaume-Uni dans la guerre en Irak et ne pas avoir appelé à un cessez-le-feu immédiat dans le conflit entre Israël et le Hezbollah chiite libanais pendant l'été 2006.
Le précédent envoyé du Quartette, l'ancien président de la Banque mondiale James Wolfensohn, avait démissionné de ce poste en mai 2006, estimant que les conditions n'étaient pas réunies pour lui permettre de remplir sa mission après la nomination d'un gouvernement du Hamas.