Publié

La Finul attaquée: haute sécurité au Liban

La Finul compte 1100 soldats espagnols
La Finul compte 1100 soldats espagnols
Le Liban sud a été placé sous sécurité renforcée lundi au lendemain d'un attentat qui a coûté la vie à six soldats du contingent espagnol de la FINUL. Mais cette force entend poursuivre sa mission malgré l'attaque.

Quelque 150 militaires de la Force intérimaire de l'ONU au Liban
(FINUL) et de l'armée libanaise se sont déployés sur les lieux de
l'attentat qui a visé un véhicule blindé du contingent espagnol.
Ils étaient équipés de chiens policiers et assistés par des experts
en explosifs.

Barrages routiers

L'attaque a eu lieu à 10 kilomètres de la frontière avec Israël.
La voiture piégée était garée sur le bas-côté d'une route entre les
villes de Marjayoun et Khiam, fréquemment empruntée par les
patrouilles de la FINUL. Elle a explosé au passage d'un convoi
militaire.



Des mesures de sécurité renforcées ont été prises autour du
quartier général de la FINUL, à Naqoura, à proximité de la
frontière israélienne. L'armée libanaise a également renforcé son
dispositif, multipliant les barrages routiers, notamment le long de
la frontière libano-israélienne.



Le ministre espagnol de la Défense José Antonio Alonso s'est rendu
lundi sur place pour recevoir les corps des soldats tués. Il a pris
part à une cérémonie à la mémoire des casques bleus à la base
espagnole de Marjayoun.



Le ministre a estimé que «l'attentat terroriste» visait à
déstabiliser le Liban sud et à remettre en cause la force de l'ONU.
Il a indiqué que le véhicule piégé utilisé dans cette attaque
portait de fausses plaques d'immatriculation et que son numéro de
châssis laissait penser qu'il venait de l'extérieur du Liban.

Deuil national

Mardi, jour prévu de l'arrivée des corps des six soldats en
Espagne, sera décrété journée de deuil national. L'Espagne est l'un
des principaux pays engagés dans la FINUL, avec 1100 soldats. Elle
avait annoncé dès dimanche soir qu'elle continuerait à soutenir la
mission de la FINUL.



Abondant dans le même sens, le commandant en chef de la FINUL, le
général italien Claudio Graziano, a déclaré lundi que cet attentat
«ne fera que renforcer la détermination de la FINUL à remplir sa
mission conformément à la résolution 1701» du Conseil de sécurité
de l'ONU, qui a mis fin à la guerre de l'été 2006 entre Israël et
le Hezbollah.



Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a également condamné
«l'attaque terroriste». Il a estimé qu'elle visait à remettre en
cause la paix et la sécurité au Liban sud.

Le Fatah al-Islam pointé du doigt

Cet attentat est le premier à viser les Casques bleus depuis la
fin de la guerre entre Israël et le Hezbollah chiite pendant l'été
2006. Il survient alors que le Liban est secoué par des violences,
notamment dans le nord où l'armée est engagée depuis le 20 mai dans
des affrontements avec le groupe islamiste Fatah al-Islam.



L'attaque n'a pas été revendiquée, mais le gouvernement libanais a
établi un lien entre l'attentat et les combats dans le nord du
pays.



Une source du Hezbollah a déclaré pour sa part que l'attentat
semblait «l'oeuvre de professionnels hautement qualifiés», exécuté
par des «cellules dormantes» au Liban sud.



Des sources judiciaires libanaises avaient affirmé début juin que
le Fatah al-Islam, retranché dans le camp de réfugiés palestiniens
de Nahr al-Bared, au Liban nord, projetait de s'en prendre à la
FINUL. Elles citaient des aveux d'islamistes arrêtés.

Deux soldats tués

Lundi, deux soldats libanais ont été tués dans les combats avec
le Fatah al-Islam à Nahr al-Bared. Ces décès portent à 162, dont 82
militaires et au moins 60 islamistes, le nombre de morts depuis le
20 mai.



ats/afp/ant

Publié

Nouvelle réunion au Mont-Pèlerin (VD)

Alors que la crise s'aggrave au Liban, des personnalités libanaises se sont réunies ce week-end, et ce pour la deuxième fois cette année, au Mont-Pèlerin, au-dessus de Montreux (VD). Elles ont appelé à la reprise du dialogue au pays du Cèdre.

«Contrairement à la dernière rencontre en avril, la réunion a été marquée par un sentiment d'urgence», a déclaré lundi à l'ATS l'un des organisateurs, Patrick Hänni, également expert à l'International Crisis Group.

La situation s'est entre-temps nettement détériorée, avec les combats entre l'armée libanaise et des islamistes retranchés dans des camps de réfugiés palestiniens, plusieurs attentats à Beyrouth et dans sa région ainsi que l'attentat ayant coûté la vie dimanche à six soldats du contingent espagnol de l'ONU au Liban (FINUL).

Tous les participants se sont dit «extrêmement préoccupés» par la situation sur place, a souligné Patrick Hänni. Ces dix personnalités, qui représentaient les diverses confessions et partis libanais, ont appelé dans un communiqué à la reprise du dialogue. Elles ont notamment invité les médias à adopter un ton moins virulent.

Des propositions plus concrètes pour favoriser une sortie de crise devraient être formulées à l'occasion d'une prochaine rencontre. Elles seront transmises aux dirigeants du pays, a souligné Patrick Hänni, qui s'est dit satisfait des résultats de la réunion de ce week-end.

Comme en avril, la rencontre était organisée par l'Association suisse pour le dialogue euro-arabo-musulman (ASDEAM). Outre Patrick Hänni, les entretiens étaient conduits par le président de l'ASDEAM Hassan Ghaziri, par l'ancien diplomate suisse Yves Besson et par l'ex-ambassadeur libanais en Suisse Samir Hobeica.

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a qualifié les discussions de succès. La Suisse espère désormais que la rencontre aura des effets positifs au-delà du cercle des participants, a indiqué le DFAE à l'ATS. Les services de Micheline Calmy-Rey ont soutenu financièrement la réunion.